Wall Street recule, la Fed tempère les espoirs sur les taux

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Wall street termine en baisse[reuters.com]
(Crédits : Shannon Stapleton)

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - La Bourse de New York a fini en net repli mardi, pénalisée tout à la fois par les tensions commerciales, des indicateurs économiques décevants et des déclarations de responsables de la Réserve fédérale qui ont tempéré les espoirs d'une baisse marquée des taux le mois prochain.

L'indice Dow Jones a perdu 179,32 points, soit 0,67%, à 26548,22.

Le S&P-500, plus large, a cédé 27,97 points, soit 0,95%, à 2917,38le Nasdaq Composite a reculé de 120,98 points, soit 1,51%, sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 3 juin, à 7884,72 points.

Jerome Powell, le président de la Fed, a déclaré lors d'un colloque à New York que la banque centrale s'interrogeait sur l'opportunité d'une baisse de taux face aux tensions commerciales et aux autres motifs d'incertitude. Il a aussi insisté sur l'indépendance de l'institution, au lendemain de critiques de Donald Trump réclamant de nouveau une baisse de taux.

Auparavant, James Bullard, le président de la Fed de St. Louis, avait déclaré qu'une baisse de taux de 50 points de base en juillet ne lui semblait pas justifiée.

Les investisseurs ont revu leurs anticipations en matière d'évolution des taux d'intérêt après les propos de Powell et Bullard: selon le baromètre FedWatch de CME Group, les marchés n'estiment plus qu'à 35% environ la probabilité d'une baisse de taux de 50 points de base en juillet, contre plus de 56% en début de journée.

"Powell et Bullard ont tous deux fait des déclarations qui suggèrent qu'il pourrait n'y avoir aucune baisse de taux en juillet", estime Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel. "Après la réunion de la semaine dernière, les espoirs d'une baisse des taux ont décollé mais elle pourrait ne pas être à l'ordre du jour le mois prochain."

"De même, la semaine dernière, on espérait fortement que quelque chose de positif sortirait de la réunion du G20 mais la date approche et l'optimisme se dissipe quelque peu."

Les marchés continuent en effet de surveiller l'évolution des déclarations américaines et chinoises en attendant la rencontre entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping prévue samedi en marge du sommet du G20. Or pour Washington, l'objectif de l'entretien est de relancer les négociations, non de les conclure.

Le Moyen-Orient reste aussi une source d'inquiétude: au lendemain de nouvelles sanctions de Washington, Téhéran a estimé que la Maison blanche avait un comportement "d'attardé mental" alors que Donald Trump assurait que les Etats-Unis riposteraient avec une force "considérable et destructrice" à toute attaque iranienne.

LES INDICATEURS DU JOUR

Sur le front de l'économie américaine, la confiance du consommateur s'est dégradée plus que prévu en juin pour tomber à son plus bas niveau depuis septembre 2017: l'indice du Conference Board est tombé à 121,5 contre 131,3 en mai.

Les ventes de logements individuels neufs ont quant à elle reculé de 7,8% en données ajustées des variations saisonnières à 626.000 unités le mois dernier, leur niveau le plus faible depuis décembre. Les économistes interrogés par Reuters visaient une hausse de 1,9%, à 680.000 millions d'unités.

VALEURS

Dix des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini la journée en territoire négatif et les replis les plus marqués ont touché d'une part les technologiques (-1,84%), d'autre part les services de communications (-1,60%).

Microsoft (-3,16%), Cisco Systems (-1,92%), Intel (-1,64%) et Apple (-1,52%) figurent parmi les plus fortes baisses du Dow Jones.

"La faiblesse de ces valeurs montrent que les gens se retirent du marché, se retirent des ETF", estime Peter Tuz.

Seul compartiment épargné par la baisse générale, celui des matières premières a fini stable.

Le secteur bancaire, affecté par la perspective d'une baisse des taux d'intérêt, un handicap pour sa rentabilité, a cédé 0,64%.

Dans l'actualité des fusions-acquisitions, le groupe pharmaceutique AbbVie a chuté de 16,25% après l'annonce du rachat d'Allergan (+25,36%), surtout connu comme le fabricant du Botox, pour environ 63 milliards de dollars (55,3 milliards d'euros).

L'opération a permis au S&P de la santé de gagner 0,41%.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé sans grand changement, les prises d'initiative restant très limitées en amont du sommet du G20 et de la rencontre prévue entre Donald Trump et Xi Jinping, sur fond de tensions entre les Etats-Unis et l'Iran.

À Paris, le CAC 40 a cédé 0,13% à 5.514,57 points. Le Dax allemand a reculé de 0,38% mais le Footsie britannique est parvenu à grappiller 0,08%. L'EuroStoxx 50 a perdu 0,32%, le FTSEurofirst 300 0,06% et le Stoxx 600 0,1%.

L'actualité des fusions-acquisitions a animé la séance avec l'annonce du rachat d'Altran par Capgemini: en tête du Stoxx 600, l'action Altran a bondi de 22,18% pour s'aligner avec le prix de l'offre de Capgemini, qui a pris pour sa part 8,43%, la plus forte hausse du CAC 40.

TAUX

Le rendement des bons du Trésor à dix ans a oscillé pendant la majeure partie de la séance autour du seuil de 2% et s'affichait juste en dessous de 1,99% au moment de la clôture, le marché étant influencé à la fois par la perspective d'une prolongation des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et par les propos de James Bullard augurant d'une baisse de taux moins marquée qu'anticipé le mois prochain.

CHANGES

Les déclarations de Jerome Powell et James Bullard ont profité au dollar en éloignant la perspective d'une baisse marquée des taux de la Fed.

En fin de séance, l'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence, gagnait ainsi 0,17% alors qu'il accusait une baisse de même ampleur au plus bas du jour.

L'euro se traitait autour de 1,1370 dollar après avoir atteint, à 1,1412, son plus haut niveau depuis le 21 mars.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont fini sur une note mitigée la séance officielle sur le Nymex mais sont repartis à la hausse après la publication des chiffres hebdomadaires de l'American Petroleum Institute (API) montrant une baisse plus forte qu'anticipé des stocks de brut aux Etats-Unis.

Vers 20h50 GMT, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prenait plus de 1,2% à 58,60 dollars le baril et le Brent plus de 1,3% à 65,72 dollars.

L'Energy Information Administration (EIA) doit publier ses propres statistiques mercredi à 14h30 GMT.

MÉTAUX

L'or a atteint son plus haut niveau depuis six ans, à 1.438,63 dollars l'once, à la faveur du repli du dollar, des anticipations de baisse de taux aux Etats-Unis et des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran.

Il a toutefois réduit ses gains après les déclarations de James Bullard et Jerome Powell, qui ont profité au dollar.

(Avec Stephen Culp à New York et Medha Singh à Bangalore)