Powell (Fed) martèle son message accommodant

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(Crédits : Leah Millis)

WASHINGTON (Reuters) - Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a de nouveau préparé le terrain jeudi à une baisse de taux en fin de mois, s'alarmant du ralentissement des investissements des entreprises aux Etats-Unis en raison des conflits commerciaux et de la baisse de régime de la croissance mondiale.

Au deuxième jour de son audition semestrielle au Congrès, cette fois devant la commission bancaire du Sénat, Powell a adopté la même ligne que la veille quand il avait affirmé devant les Représentants que la Fed agirait "de manière appropriée" pour soutenir la croissance.

Ces déclarations ont cimenté les anticipations d'une baisse du taux des fed funds le 31 juillet, à l'issue de la prochaine réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale.

Devant les sénateurs, Powell a répété que trois risques majeurs menaçaient la phase d'expansion record de l'économie américaine : l'incertitude sur le commerce, le ralentissement de la croissance internationale et la faiblesse de l'inflation.

L'économie reste dans une "bonne position" et la consommation des ménages demeure robuste, a-t-il souligné. Mais les incertitudes générées par les conflits commerciaux engagés sur plusieurs fronts par l'administration assombrissent les perspectives.

"Les entreprises commencent à réfréner leurs investissements, par exemple", a-t-il dit en réponse à une question. "On observe un affaiblissement de l'investissement qui avait été très dynamique en 2017 et pendant la majeure partie de 2018."

"L'investissement des entreprises est crucial. Il a vraiment ralenti et l'une des raisons est l'incertitude autour du commerce et de la croissance mondiale", a-t-il poursuivi.

"Je pense que beaucoup de mes collègues au sein du FOMC en sont arrivés à considérer qu'une politique monétaire plus accommodante pourrait être appropriée."

Il a ajouté que l'inflation, qui reste inférieure à l'objectif de 2% de la Fed, représentait un "risque significatif" face auquel la banque centrale devait rester vigilante.

Après les deux jours d'audition du président de la Fed, les futures sur les taux intègrent une probabilité de 100% d'un assouplissement d'au moins un quart de point le 31 juillet, qui serait la première baisse de taux aux Etats-Unis depuis la crise financière de 2007-2009.

Le taux des federal funds est actuellement de 2,25-2,50%, ayant été relevé pour la dernière fois en décembre - une hausse de taux alors sévèrement critiquée par le président Donald Trump, qui a depuis multiplié les sorties contre la Fed.

LE LIBRA DE FACEBOOK INQUIÈTE

Comme mercredi, le président de la banque centrale a émis de vives réserves sur le Libra, le projet de cryptomonnaie dévoilé le mois dernier par Facebook, sur lequel il a été longuement questionné.

Le Libra sera un des principaux sujets de discussion au menu de la réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G7 la semaine prochaine en France, a-t-il dit.

Le Libra, dont le lancement est prévu l'an prochain, doit permettre à Facebook de s'imposer dans les paiements, les services financiers et le commerce en ligne dans le monde entier grâce aux milliards d'utilisateurs du réseau social.

Powell a redit que, compte tenu de la taille de Facebook, son projet de cryptomonnaie et de système de paiement exigeait "le plus haut niveau" de surveillance des régulateurs internationaux sur des questions telles que la protection des données et le risque de blanchiment d'argent.

"L'échelle potentielle de tout cela, compte tenu de la taille du réseau de Facebook, signifie que (la devise) aurait dès son lancement une importance systémique", a-t-il dit.

La Fed est ouverte à l'innovation financière mais constate que le système actuel de supervision n'est pas bien adapté, a reconnu Powell.

"Dans notre système de régulation tel qu'il existe, il n'est pas évident du tout qu'on ait ce qu'il faut pour analyser et assurer la supervision (de la monnaie de Facebook), et on peut s'attendre à ce qu'on y travaille dur", a-t-il dit.

Il a ajouté que ce processus prendrait probablement plus d'une année.

(Dan Burns, Véronique Tison pour le service français)