La Maison blanche renonce à cibler les assureurs santé

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(Crédits : George Frey)

NEW YORK (Reuters) - L'administration Trump a renoncé jeudi à cibler les assureurs santé pour faire baisser les prix des médicaments aux Etats-Unis comme elle s'y est engagée, plaçant potentiellement les laboratoires pharmaceutiques en première ligne.

Le gouvernement entendait initialement forcer les assureurs santé, très puissants aux Etats-Unis, à répercuter sur les prix facturés aux bénéficiaires du programme Medicare les milliards de dollars de rabais qu'ils obtiennent des fabricants sur les prix des médicaments de prescription.

L'abandon de la proposition constitue un revers pour le président Donald Trump qui a promis de faire baisser les prix des médicaments en vue de sa réélection de 2020.

Leur prix élevé aux Etats-Unis est un thème récurrent aux élections. Certains élus de l'opposition démocrate, comme la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, plaident pour une nouvelle loi permettant au gouvernement de négocier les prix directement avec les laboratoires.

"Sur la base d'une analyse approfondie (...), le président a décidé de retirer la proposition sur les rabais", a déclaré Judd Deere, porte-parole de la Maison blanche. "L'administration Trump est encouragée par les discussions bipartisanes qui se poursuivent afin de réduire les coûts de santé scandaleux infligés au peuple américain."

Alex Azar, secrétaire américain à la Santé, affirme que les prix astronomiques aux Etats-Unis permettent de subventionner les "systèmes socialistes européens", où les pouvoirs publics négocient directement le coût des traitements.

Le Congressional Budget Office, agence non partisane du Congrès, a calculé que la proposition sur les rabais aurait coûté 177 milliards de dollars (157 milliards euros) au gouvernement sur les 10 prochaines années, sans inciter les laboratoires à baisser leurs prix.

Ces derniers risquent désormais de se retrouver dans le collimateur du gouvernement.

"Les laboratoires pharmaceutiques et biotechs semblent avoir suscité l'ire de l'administration ces derniers temps", observe Eric Coldwell, analyste chez le courtier Baird.

Les laboratoires, rappelle-t-il, ont récemment obtenu de la justice qu'elle annule une règle qui les aurait contraints à afficher leurs prix dans les publicités télévisées.

"En abandonnant la proposition sur les rabais, que l'industrie pharmaceutique soutenait fortement, le gouvernement semble leur rendre la monnaie de leur pièce", ajoute l'analyste.

La décision de jeudi permettra aux grands assureurs santé comme Cigna et UnitedHealth de continuer d'obtenir d'importants rabais sur les médicaments destinés au programme Medicare, qui s'adresse aux plus de 65 ans et aux handicapés.

A Wall Street, Cigna a bondi de 9,24% jeudi, la plus forte hausse de l'indice S&P 500, et UnitedHealth a fini en tête du Dow Jones avec un gain de 5,53%.

Les laboratoires ont à l'inverse marqué le coup avec des reculs importants pour Merck & Co (-4,50%), Bristol-Myers Squibb (-3,11%) et Pfizer (-2,45%).

En Europe, Novo Nordisk, Sanofi, UCB, Astrazeneca et Roche, tous exposés au marché américain, ont perdu près de 2% en Bourse, faisant trébucher leur indice sectoriel de 0,69%.

"L'absence de progrès à Washington suggère la poursuite de pressions politiques sur l'industrie pharmaceutique, y compris un risque législatif", écrivent les analystes de Morgan Stanley dans une note.

(Caroline Humer et Michael Erman à New York, avec Agamoni Ghosh à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)