Takieddine maintient sa version dans le dossier Sarkozy-Libye

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Takieddine maintient sa version dans le dossier sarkozy-libye[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - L'homme d'affaire franco-libanais Ziad Takieddine a fait savoir lundi qu'il maintenait sa version dans le dossier du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, après la publication par le Journal du Dimanche d'articles alimentant la thèse d'une machination contre l'ancien chef de l'Etat.

Il a notamment démenti par l'intermédiaire de son avocate avoir eu en main un document présumé d'origine libyenne, dont le JDD laisse entendre, citant un témoin, que c'est un faux.

Mis en examen en mars 2018 pour financement illicite de campagne électorale, corruption passive et recel de détournement de fonds publics libyens, Nicolas Sarkozy a toujours nié avoir bénéficié pour sa campagne de 2007 d'argent du régime de Mouammar Kadhafi, qu'il a contribué à renverser en 2011.

Le JDD a mis en doute dimanche l'authenticité d'un document présenté en avril 2012 par le site Mediapart comme étant une note d'un dirigeant des services de renseignement libyens faisant état d'un accord pour soutenir sa campagne à hauteur de 50 millions d'euros.

L'hebdomadaire s'appuie sur l'interview d'un homme présenté comme un ex-collaborateur de Ziad Takieddine, El-Mahfoud Ladib, selon qui le sulfureux accusateur de l'ex-président était en possession de ce document avant sa publication par Mediapart.

"Enfin la Vérité !" a réagi Nicolas Sarkozy sur Twitter, suivi par plusieurs de ses proches, dont l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux et le vice-président LR du Conseil régional d'Île-de-France Frédéric Péchenard.

"Tout ceci permettra l'expression de la vérité. Et la vérité, c'est que cette affaire n'en est pas une", a ainsi déclaré à Europe 1 Brice Hortefeux, lui-même récemment entendu par les juges chargés de ce dossier, dans lequel l'ex-chef de l'Etat et l'ancien secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant ont été mis en examen.

Mais pour l'avocate de Ziad Takieddine, Me Elise Arfi, "c'est juste délirant, ça n'a jamais existé que dans la tête de ce gars-là, c'est totalement faux et diffamatoire".

"Ziad Takieddine ne connaît pas du tout le fameux témoin qui aurait été à son service en 2012", a-t-elle déclaré à Reuters.

VALISES D'ARGENT

Selon elle, son client n'a "jamais, jamais, jamais" eu ce document entre les mains. "Il n'a jamais été mêlé de près ou de loin à l'histoire de cette note", ajoute Me Arfi. "Il maintient sa version plus que jamais et conteste l'article du JDD."

Le dossier, assure-t-elle, ne "tourne" pas tant autour de cette note que de soupçons concernant des mouvements de fonds.

Comme les cinq millions d'euros que Ziad Takieddine a dit avoir apportés dans des mallettes en trois voyages fin 2006-début 2007 au ministère de l'Intérieur, où officiait Nicolas Sarkozy.

L'intermédiaire a cependant dit par la suite que cet argent ne visait pas à financer la campagne du futur président.

L'un des avocats de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, a pour sa part annoncé qu'il allait demander au procureur de la République de Paris et au Parquet national financier de faire entendre les témoins cités par le JDD, dont El-Mahfoud Ladib.

"Ce nouveau témoignage vient apporter une preuve supplémentaire à toute une machination dont Nicolas Sarkozy est victime", a-t-il notamment déclaré au Figaro.

"Je vais demander aussi et surtout que la justice puisse obtenir trois dépositions de ceux qui sont censés avoir signé le fameux document libyen et qui ont tous affirmé qu'il s'agissait d'un faux grossier", a-t-il précisé sur franceinfo.

Me Thierry Herzog fait valoir que ce "faux document" a été publié par Mediapart "très opportunément entre les deux tours de la présidentielle de 2012", ce qui a, selon lui, "fait perdre cette élection" à son client, battu par François Hollande.

Il rappelle, à l'appui de la thèse de la machination, que Ziad Takieddine a évoqué la remise de valises de billets quatre ans plus tard à deux jours de la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, primaire aussi perdue par son client.

Ce à quoi l'avocate de Ziad Takieddine réplique que "la machination est plutôt du côté de Nicolas Sarkozy".

Mediapart qualifie pour sa part sur son blog de "fiction" l'article du JDD et rappelle que Nicolas Sarkozy s'est désisté il y a peu d'une action en diffamation contre Ziad Takieddine.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)