L'exécutif défend le choix de Borne pour l'écologie

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L'opposition denonce le choix de borne pour l'ecologie[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - L'exécutif a défendu mercredi la nomination d'Elisabeth Borne à la Transition écologique, assurant que son parcours démontrait son "attachement au sujet" face aux critiques de l'opposition qui fustige une cause "malmenée" par Emmanuel Macron.

Depuis la nomination mardi par l'Elysée d'Elisabeth Borne en remplacement de François de Rugy, l'opposition multiplie les critiques contre l'ancienne PDG de la RATP, qui conserve son portefeuille des Transports mais perd le titre de ministre d'Etat qu'avait François de Rugy, emporté par des révélations sur son train de vie supposé.

"Je regrette l'existence de commentaires sur les qualités de la nouvelle ministre" qui "a apporté la démonstration au cours de sa carrière professionnelle de son attachement au sujet de transition écologique", a déclaré la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, lors du compte rendu du conseil des ministres à l'Elysée.

"Sans ambiguïté, c'est un gouvernement qui est parfaitement au travail pour faire en sorte que l'écologie conserve une priorité importante dans nos politiques publiques au niveau français comme au niveau européen", a-t-elle poursuivi.

Ecologistes, extrême droite et extrême gauche pointent les réformes menées par Elisabeth Borne au ministère des Transports depuis son arrivée au gouvernement en mai 2017, dont la réforme de la SNCF, incompatibles à leurs yeux avec la lutte contre le réchauffement climatique.

"L'ECOLOGIE EST VICTIME"

"Une ministre des Transports qui a accompagné le déclin des petites lignes et la réduction du fret ferroviaire (...) Encore le décalage entre les discours et les actes", a fustigé Julien Bayou, porte-parole d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), sur Twitter. La "victime de cette situation c'est l'écologie" et cet "enjeu si malmené par le gouvernement".

Pour le député de La France insoumise (LFI) Adrien Quatennens, la nomination de cette "faiseuse d'autoroutes et défaiseuse de rails, confirme que l'inconséquence écologique résistera à la démission de François De Rugy".

La ratification du traité de libre échange controversé entre l'Union européenne et le Canada (CETA), qui doit avoir lieu mardi prochain au Parlement, sert d'argument au porte-parole du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu.

"Le départ de François de Rugy, l'arrivée d'Élisabeth Borne, la signature du CETA et du Mercosur, c'est la fin de l'écologie dans ce gouvernement", a-t-il dit sur France 2.

Dans la majorité, on met en avant le parcours d'Elisabeth Borne - directrice de cabinet de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal en 2014 - et on rejette les critiques sur la valse des ministres Hôtel de Roquelaure depuis 2017.

"Je n'arrive pas en terre inconnue", a dit Elisabeth Borne lors de la passation de pouvoirs avec François de Rugy. "L'écologie ne s'arrête pas aux frontières d'un ministère, l'écologie, c'est porter à la fois une vision pour la planète et des transformations concrètes pour les territoires, les citoyens et les entreprises".

BORNE VEUT UNE "ECOLOGIE DU RÉEL

L'ancienne préfète de Poitou-Charentes a défendu une "écologie du réel", au contact "de ce que vivent nos agriculteurs, des élus, des associations, où la gestion de l'eau, la rénovation thermique, l'éolien ou la méthanisation, la préservation de notre littoral ou de notre biodiversité ne sont pas des dossiers mais des réalités".

L'enjeu est de taille pour Emmanuel Macron qui, malgré son offensive à l'international pour préserver l'accord de Paris sur le climat de 2015 et de nombreuses initiatives, peine depuis le début de son quinquennat à convaincre en France.

Certes, son entourage met en avant l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la loi interdisant la production d'hydrocarbures en France, le plan biodiversité ou encore la récente éco-taxe sur les billets d'avion - annoncée début juillet par Elisabeth Borne.

Mais les écologistes relèvent le recul du gouvernement sur l'interdiction du glyphosate d'ici trois ans en France - qui ne sera pas inscrite dans la loi - ou encore le report de la baisse du nucléaire dans la production énergétique du pays.

"Tant que le président et le Premier ministre ne font pas de l'écologie une véritable priorité dans les arbitrages politiques, nous ne rattraperons pas notre retard face à l'enjeu climatique ou la perte de biodiversité", a dit sur Twitter le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)