Le PS se cherche un avenir politique ancré dans ses racines

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste rassemble ses forces d'hier et d'aujourd'hui en vue des municipales de 2020, lors desquelles se jouera la survie d'une formation électoralement défaite depuis 2017, qui tente de renaître par l'avènement de la "social-écologie".

Après ses déboires aux élections présidentielle, législatives et européennes, le deuxième parti du pays en nombre de maires entend conserver un maximum de villes au sortir du vote des 15 et 22 mars 2020. Paris, Nantes, Rennes, Clermont-Ferrand ou encore Bourg-en-Bresse sont en jeu.

A l'orée de l'été, la famille socialiste a réuni ses figures de proue mercredi soir à l'invitation du président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, en présence de l'actuel premier secrétaire Olivier Faure et de la maire de Lille Martine Aubry.

L'ancien président François Hollande s'est aussi déplacé, de même que les ex-Premiers ministres Lionel Jospin - dont la présence est rare -, Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, lui-même considéré par une partie des troupes comme un recours possible pour incarner l'avenir du PS.

"C'était un moment d'échanges, de partage, avec des gens qui ont marqué notre histoire, mon histoire", a raconté Olivier Faure jeudi sur France Inter.

Sévère avec le quinquennat Hollande, dont il a dressé en début d'année un inventaire peu amène, le député de Seine-et-Marne en appelle pourtant à toutes les générations de socialistes.

"Tout le monde a sa place dans l'avenir de la gauche", a-t-il dit. "Les bilans dont on parle sont des bilans collectifs."

"SOCIAL-ÉCOLOGIE"

La nouvelle génération doit incarner "la social-écologie", mélange de "social-démocratie" et "d'écologie politique" qu'il appelle de ses voeux, après avoir imposé une alliance avec le mouvement Place publique de Raphaël Glucksmann aux élections européennes du 26 mai (6,2% des voix).

Patrick Kanner insiste pour sa part sur l'importance de puiser dans ses "racines" face à de jeunes formations comme La République en marche d'Emmanuel Macron, née il y a trois ans.

"Nous avons, nous, un passé, à la différence par exemple de la 'macronie', et nous devons nous servir de ces racines pour construire un projet alternatif parce que ce pays a besoin, j'en suis sûr, de la gauche, une gauche de gouvernement", a déclaré sur Cnews celui qui préside le premier groupe d'opposition du Sénat, dominé par la droite.

Pour les municipales, le PS se pose en adversaire de LaRem, écartant d'emblée toute idée de soutien à un candidat ou un maire affichant sa proximité avec la politique de l'actuel exécutif.

De son côté, LaRem cherche de nouveaux adeptes chez les socialistes et les Républicains, de manière à renforcer le maillage territorial qui lui fait pour l'instant défaut.

Ces tentatives de débauchage ont fait sortir de ses gonds Olivier Faure, qui a écrit au président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, pour dénoncer la volonté affichée dans Le Point par son directeur de cabinet, Jean-Marie Girier, de créer une "task-force pour 'chasser' les maires" PS.

"J'attends que M. Girier renonce à toute fonction exécutive au sein de l'appareil de La République en marche", a-t-il expliqué sur France Inter. "C'est un détournement de fonds publics et ce n'est pas acceptable en République."

Au gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est lui-même à la manoeuvre pour tenter de préserver la "jambe gauche" d'une "macronie", jugée par certains trop influencée par les idées libérales.

Autant de sujets au menu des universités d'été du Parti socialiste prévues du 23 au 25 août à La Rochelle (Charente-Maritime), après trois ans d'absence. Des ponts pourront y être dressés avec d'autres formations de gauche comme Génération.s, Europe Ecologie-Les Verts et La France insoumise.

Sur la base de ces réflexions, le PS entend présenter à l'automne une "charte" sur laquelle se baseront ses candidats aux municipales.

(Elizabeth Pineau, édité par Emmanuel Jarry)