Boris Johnson va succéder à Theresa May et "faire le Brexit"

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Grande-bretagne: boris johnson elu a la tete du parti conservateur[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

par Guy Faulconbridge et Elizabeth Piper

LONDRES (Reuters) - Boris Johnson a été élu mardi à la tête du Parti conservateur, devançant largement son adversaire Jeremy Hunt, ce qui fera de lui dès mercredi le nouveau Premier ministre britannique en remplacement de Theresa May.

Quelque 160.000 adhérents du Parti conservateur étaient appelés à se prononcer sur le choix du nouveau chef des Tories et donc du gouvernement.

Boris Johnson a recueilli 92.153 voix et le secrétaire au Foreign Office Jeremy Hunt 46.656.

Sa première mission sera de mener à bien la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, qu'il veut effective dès le 31 octobre avec ou sans accord.

Boris Johnson, 55 ans, lui-même ancien ministre des Affaires étrangères qui a quitté ses fonctions l'an dernier en désaccord avec le plan de Brexit de Theresa May, était donné largement favori dans les enquêtes d'opinion qui le créditaient de 70% des voix. Il a finalement obtenu 66% des suffrages exprimés.

La Première ministre sortante Theresa May quittera Downing Street mercredi après avoir été reçue par la reine au palais de Buckingham. Le reine nommera ensuite officiellement Boris Johnson à la tête du gouvernement.

"Le Brexit sera chose faite le 31 octobre et nous tirerons avantage de toutes les occasions qu'il nous apportera, avec un nouvel esprit: 'on peut le faire'", a déclaré le nouveau chef des conservateurs.

"Comme un géant endormi, nous allons nous lever et nous libérer des chaînes du doute et des idées négatives", a-t-il ajouté, promettant "d'assurer le Brexit, d'unir le pays et de vaincre (le dirigeant travailliste) Jeremy Corbyn".

Le chef du Labour lui a aussitôt répondu.

"Boris Johnson a reçu le soutien de moins de 100.000 membres du Parti conservateur (...) en promettant des baisses d'impôts pour les plus riches, en se présentant comme l'ami des banquiers et en préconisant un Brexit sans accord qui nous serait préjudiciable", a-t-il dit. "Mais il n'a pas obtenu le soutien du pays !"

L'UE S'EN TIENT À L'ACCORD CONCLU AVEC MAY

L'ancien maire de Londres hérite d'une crise politique qui secoue le Royaume-Uni depuis que les Britanniques ont voté en faveur du Brexit en juin 2016. Cette sortie, qui aurait dû se produire en mars dernier, a été reportée à deux reprises malgré les efforts déployés par Theresa May qui a fini par jeter l'éponge.

Boris Johnson entend persuader les Européens de revoir les termes de l'accord négocié par May mais Bruxelles s'y oppose, ce qui laisse entrevoir une sortie non négociée aux conséquences politiques et économiques incertaines.

L'Union européenne l'a félicité dès l'annonce de sa victoire tout en réaffirmant qu'il n'était pas question de renégocier le Brexit.

"Nous sommes impatients de travailler de manière constructive avec le Premier ministre Johnson dès son entrée en fonction, afin de faciliter la ratification de l'accord de retrait et de réaliser un Brexit ordonné", a déclaré Michel Barnier, le négociateur européen.

Il a cependant rappelé que l'UE était prête à retravailler la déclaration politique sur ses relations futures avec le Royaume-Uni.

Quelques minutes avant l'annonce de la victoire de Johnson, le numéro deux de la Commission européenne, Frans Timmermans, a déclaré que l'UE n'accepterait pas de modifier l'accord signé avec Theresa May et qui a été rejeté à trois reprises par le Parlement britannique.

"IL VA ÊTRE SUPER !", DIT TRUMP

"Le Royaume-Uni est parvenu à un accord avec l'Union européenne et l'Union européenne s'en tiendra à cet accord", a déclaré Timmermans lors d'une conférence de presse. "C'est le meilleur accord possible."

A Washington, le président Donald Trump a lui aussi adressé ses félicitations au nouveau dirigeant britannique. "Il va être super !", a-t-il écrit sur Twitter.

A Paris, le président français Emmanuel Macron et la présidente élue de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont félicité Boris Johnson et souhaité pouvoir travailler au plus vite avec lui.

"Je félicite Boris Johnson pour ce résultat, je l'appellerai dès qu'il sera officiellement Premier ministre", a déclaré le chef de l'Etat français à la presse avant un entretien avec Ursula von der Leyen.

"Je suis très désireux de pouvoir travailler au plus vite avec lui non seulement sur les sujets européens qui sont les nôtres (...) mais aussi les sujets internationaux qui font notre quotidien et sur lesquels nous sommes étroitement coordonnés avec les Britanniques et les Allemands, qu'il s'agisse de la situation en Iran ou des sujets de sécurité internationale", a-t-il ajouté. "Donc je félicite chaleureusement Boris Johnson et je souhaite qu'au plus vite nous puissions travailler ensemble."

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a également félicité Boris Johnson, soulignant dans un tweet que l'Iran ne recherchait pas la confrontation avec Londres.

"Je félicite mon ancien homologue @BorisJohnson (...) L'Iran ne recherche pas la confrontation. Mais nous avons 1.500 milles de côtes sur le golfe Persique. Ce sont nos eaux et nous les protégerons", a-t-il écrit.

Le ministre iranien des Affaires étrangères ajoute "que la saisie d'un pétrolier iranien (à Gibraltar) par le gouvernement de May, à la demande des Etats-Unis, est un acte de piraterie pure et simple".

(Avec Kylie MacLellan, William James, Kate Holton, Andrew MacAskill, Alistair Smout et Michael Holden, Marine Pennetier; Jean Terzian, Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)