Croissance : Le FMI abaisse ses prévisions avec les émergents

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Croissance: le fmi abaisse ses previsions avec les emergents[reuters.com]
(Crédits : Yuri Gripas)

PARIS (Reuters) - Le FMI a de nouveau abaissé mardi ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale cette année et l'an prochain, invoquant les effets persistants des tensions commerciales sur la confiance des acteurs économiques.

Il s'agit de la quatrième révision à la baisse des anticipations du Fonds depuis un an mais, à l'inverse des précédentes, elle tient cette fois pour l'essentiel aux pays émergents, toutes régions confondues.

Les économistes du Fonds monétaire international n'attendent plus que 3,2% de croissance cette année dans le monde puis un rebond limité à 3,5% l'an prochain, soit dans les deux cas 0,1 point de moins que dans leurs prévisions du printemps.

Par comparaison, ils tablaient sur 3,9% pour 2019 il y a tout juste un an.

Ils restent légèrement moins négatifs que leurs homologues de l'OCDE, qui voient eux la croissance tomber à 3,2% cette année et 3,4% en 2020, dans le sillage des échanges commerciaux internationaux. Ceux-ci ne progresseraient plus que de 2,5% en 2019 pour le FMI (après 3,7% en 2018), et de 2,1% pour l'OCDE.

Le FMI avertit au passage que sa prévision de croissance pour 2020 est "fragile" et suppose une stabilisation des économies émergentes actuellement en difficulté, à l'image de la Turquie et de l'Argentine, et des progrès dans le règlement des différends commerciaux.

Dans l'immédiat, il souligne que la dynamique de l'activité est restée globalement faible au premier trimestre sur fond de demande très modérée, surtout pénalisante pour le secteur manufacturier.

Il relève quelques surprises positives du côté des pays développés, à l'image du bon début d'année de l'économie américaine qui a été portée notamment par le restockage de ses entreprises.

DES PRÉVISIONS PEU CHANGÉES POUR LA ZONE EURO

Cela l'amène en conséquence à relever de 0,3 point sa prévision de PIB 2019 des Etats-Unis, à 2,6%. Mais il maintient son scénario de ralentissement à 1,9% en 2020 avec l'atténuation des effets de la politique de relance de l'administration Trump.

Le Fonds ne modifie qu'à la marge ses prévisions pour la zone euro pour 2019 (1,3%, inchangé) comme pour 2020 (1,6%, +0,1 point) et ses pays membres, si ce n'est qu'il est un peu moins positif pour l'Allemagne cette année (0,7%, soit -0,1 point par rapport aux précédentes prévisions) mais nettement plus pour 2020 (1,7%, +0,3 point) en anticipant la fin de la dégringolade du secteur automobile.

Ses anticipations pour la France restent à 1,3% puis 1,4% pour les deux années.

Il constate en revanche une situation nettement plus dégradée qu'il ne le prévoyait encore au printemps pour les pays émergents, dont il revoit en baisse de 0,3 point la croissance 2019, à 4,1%.

Aucune région n'échappe à cette révision. Elle concerne d'abord l'économie chinoise qui, sous l'impact de la guerre commerciale engagée avec les Etats-Unis, ne croîtrait plus que de 6,2% cette année et de 6,0% l'an prochain, soit 0,1 point de moins que dans les précédentes prévisions.

La révision est plus conséquente (-0,3 point) pour l'Inde, avec des taux de 7,0% et 7,2% attendus en 2019 et 2020, pour cause cette fois d'une demande intérieure inférieure aux attentes.

UN REBOND 2020 QUI DÉPEND DES ÉMERGENTS

Elle est encore plus forte pour la Russie (-0,4 point à 1,2% pour 2019) et radicale pour l'Amérique latine - -0,7 point à 0,9% pour le Mexique et surtout -1,3 point à 0,8% pour le Brésil -, le FMI soulignant la perte de confiance "considérable" des acteurs économiques dans ce dernier pays sur fond de doutes quant à la capacité du gouvernement à faire passer des réformes radicales comme celle des retraites.

La situation des économies émergentes est aujourd'hui suivie de près. Le FMI souligne que "la stabilisation ou le redressement qui est attendu dans les pays en difficulté représente environ 70%" du rebond attendu de la croissance mondiale en 2020 par rapport à 2019.

En attendant, les économistes du Fonds notent que les risques associés à leur scénario de croissance mondiale sont clairement plus prononcés qu'ils ne l'étaient au printemps.

Ils citent entre autres la possibilité d'une nouvelle escalade dans les tensions commerciales et technologiques, même si la rhétorique des acteurs est moins virulente depuis juin, les tensions géopolitiques (Etats-Unis/Iran) et des pressions désinflationnistes à la hausse.

Pour eux, "le principal facteur de risque pour l'économie mondiale est que des développements négatifs — nouveaux droits de douane entre les États-Unis et la Chine, droits de douane américains sur les automobiles ou Brexit sans accord — sapent la confiance, pèsent sur l'investissement, perturbent les chaînes d'approvisionnement mondiales et fassent tomber la croissance mondiale bien en-deçà du niveau prévu dans le scénario de référence".

(Yann Le Guernigou, édité par Marc Joanny)