Nouvelle étape vers la fusion nucléaire à Iter

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Nouvelle etape vers la fusion nucleaire a iter[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

par Marc Leras

SAINT-PAUL-LEZ-DURANCE, Bouches-du-Rhône (Reuters) - Iter, le projet de réacteur de recherche civil à fusion nucléaire, franchit une étape décisive avec la finalisation de deux des quatre sections du Cryostat, la plus grande enceinte à vide en acier inoxydable jamais construite.

La fourniture de cette pièce exceptionnelle par sa taille - 30 mètres de haut et 30 mètres de diamètre pour un poids de 3.850 tonnes - et sa complexité est de la responsabilité de l'Agence indienne pour Iter qui en a confié la fabrication à l'industriel indien Larsen & Toubro Ltd.

Une délégation indienne était présente mardi sur le site de Saint-Paul-Lez-Durance (Bouches-du-Rhône) pour marquer cette nouvelle étape vers un test grandeur nature de la fusion nucléaire, prévu pour 2035.

"C'est une étape décisive, il y a maintenant plus de dix ans que nous travaillons pour que les premiers composants soient prêts à être installés, ces composants sont précisément ceux que nous positionnerons en mars-avril 2020", a déclaré à Reuters Bernard Bigot, directeur général d'Iter.

Iter est une agence internationale dont font partie l'Union Européenne, le Japon, la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, la Russie et les Etats-Unis, qui contribuent au budget du projet estimé à 20 milliards d'euros en fournissant des pièces en nature. C'est le cas pour l'Inde avec le Cryostat.

"Cette pièce unique joue le rôle d'un thermos, isolant de l'environnement extérieur le milieu ultra-froid des aimants supraconducteurs du Tokamak, le bâtiment qui va abriter le plasma. L'hélium liquide qui circule est à une température de -270°", a expliqué à Reuters Robert Arnoux, membre du service de communication d'Iter.

"Le plasma constitué de gaz ionisés sera lui à une température de 150 millions de degrés, soit dix fois la température au cœur du soleil", a-t-il indiqué.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE EN 2025

La première expérience de plasma non nucléaire devrait avoir lieu en 2025, puis, après dix ans de retour d'expérience, un plasma nucléaire avec du deutérium et du tritium, deux isotopes de l'hydrogène, devrait être testé dans le but de valider la production d'énergie.

"Iter est une expérience dont chacun des membres pourra bénéficier pour ensuite construire ses propres prototypes industriels dans le but de produire une énergie propre, non polluante, sûre et illimitée grâce à la fusion nucléaire dans le plasma", souligne Robert Arnoux.

"On a besoin de 50 mégawatts pour chauffer un plasma qui restituera 500 mégawatts, soit dix fois plus", note-t-il.

"Si nous réussissons, ce sera vraiment une rupture majeure dans l'histoire de l'Humanité : il y a assez de matière première sur Terre pour assurer l'approvisionnement énergétique de la population mondiale pendant plusieurs dizaines de millions d'années, voire des centaines de millions d'années", renchérit Bernard Bigot.

La France avait été choisie en 2005 pour ce projet d'envergure qui s'étend sur 180 hectares. Les travaux proprement dits ont débuté en 2010.

Deux mille personnes travaillent actuellement sur le chantier, qui compte 39 bâtiments. Les travaux de génie civil sont aux trois-quarts terminés selon l'agence Iter.

"Nous avons près de 65% des installations nécessaires pour un premier plasma en 2025", précise Bernard Bigot.

Le Cryostat fourni par l'Inde en quatre parties devrait être assemblé dans le bâtiment du Tokamak en mars 2020.

(Edité par Sophie Louet)