La Première ministre danoise regrette l'annulation de la visite de Trump

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Trump annule sa visite au danemark[reuters.com]
(Crédits : Kevin Lamarque)

COPENHAGUE (Reuters) - La Première ministre danoise Mette Frederiksen s'est dite surprise mercredi de l'annulation de la visite de Donald Trump, après le rejet son offre d'achat du Groenland, et a regretté sa décision, qui suscite l'indignation dans la classe politique locale.

"L'annulation de la visite ne change pas les bonnes relations entre le Danemark et les Etats-Unis", a-t-elle toutefois ajouté, lors d'une conférence de presse.

Le président des Etats-Unis devait se rendre au Danemark du 2 au 7 septembre. L'incrédulité et les traits d'humour suscités par son idée, que la Première ministre a jugée "absurde" dimanche, ont cédé la place à la stupeur, après l'annonce sa décision.

"Le Danemark est un pays très spécial avec des gens incroyables, mais compte tenu des commentaires de la Première ministre Mette Frederiksen, selon lesquels elle n'aurait aucun intérêt à discuter de l'achat du Groenland, je vais reporter notre entretien prévu dans deux semaines à une autre fois", écrit Donald Trump sur Twitter.

"La Première ministre a permis aux Etats-Unis et au Danemark d'économiser beaucoup de temps et d'argent en étant si directe. Pour cela je la remercie et j'ai hâte de réorganiser (une rencontre) à l'avenir", ajoute-t-il.

CRISE DIPLOMATIQUE

"Chaos total avec @realDonaldTrump et l'annulation de la visite d'Etat au Danemark. Une grande occasion de renforcer le dialogue entre alliés s'est muée en crise diplomatique", déplore sur Twitter l'ex-ministre des Affaires étrangères Kristian Jensen, membre du Parti libéral, qui siège dans l'opposition.

Du côté de la droite dure, Soren Espersen, porte-parole du Parti du Peuple danois pour les Affaires étrangères, a jugé l'annulation de la visite de Donald Trump "très, très choquante de la part d'un allié très proche et d'un bon ami", et parle d'un affront fait à la reine Margrethe, qui l'a invité en juillet.

"Cela montre que nous devons plus que jamais considérer les pays de l'Union européenne comme nos alliés les plus proches. L'homme est imprévisible. La réalité dépasse la fiction", a quand à lui déclaré Morten Ostergaard, président du parti social-libéral danois.

Anders Fogh Rasmussen, ex-chef du gouvernement et ancien secrétaire général de l'Otan, s'est quant à lui réjoui de la décision du président américain. "Les défis environnementaux et la sécurité de l'Arctique sont trop importants pour qu'on se perde dans de vaines discussions comme celle de la vente du Groenland", peut-on lire sur son compte Twitter.

La manifestation prévue le 2 septembre à Copenhague pour dénoncer la venue de Donald Trump a été maintenue en dépit de l'annulation de sa visite, ont fait savoir les organisateurs. Le ballon qui le représente en nouveau né, vu récemment à Londres, réapparaîtra pour l'occasion.

Washington s'intéresse depuis longtemps à cette île autonome peuplé de 60.000 habitants pour sa position stratégique et ses réserves minérales. En 1946, le président Harry Truman avait déjà proposé d'acheter l'île pour 100 millions de dollars.

En vertu d'un traité de défense signé en 1951, les Etats-Unis possèdent une base aérienne à Thulé, dans le nord du Groenland.

(Avec Andreas Mortensen; Arthur Connan et Jean-Philippe Lefief pour le service français)