Le Brésil n'a pas les moyens d'éteindre les feux en Amazonie, dit Bolsonaro

reuters.com  |   |  479  mots
Amazonie: bolsonaro accuse les ong d'etre responsables des feux[reuters.com]
(Crédits : Adriano Machado)

SAO PAOLO (Reuters) - Le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré jeudi que son gouvernement n'avait pas les moyens de lutter contre les incendies dans la forêt amazonienne mis en exergue par les images des satellites.

Le gouvernement a ouvert une enquête sur ces feux, a indiqué le chef de l'Etat, qui s'exprimait lors d'un discours retransmis en direct sur Facebook.

Il est également revenu sur ses accusations à l'encontre les organisations non gouvernementales (ONG) qu'il a accusées mercredi d'avoir déclenché des feux de forêt en Amazonie dans le but, a-t-il dit, de nuire à son gouvernement.

Ce n'était pas une affirmation, a-t-il dit jeudi en précisant qu'il avait voulu faire part de ses "soupçons".

"Tout indique" que les ONG se rendent en Amazonie pour "mettre le feu" à la forêt, a déclaré mercredi le dirigeant d'extrême droite dans une vidéo diffusée en direct via Facebook.

Bolsonaro, qui n'a pas présenté de preuve pour soutenir son propos, a estimé que l'importante baisse des subventions accordées par son gouvernement aux ONG pouvait être un motif de mécontentement et avoir poussé les ONG à agir de la sorte.

L'Agence spatiale brésilienne (INPE) dit avoir répertorié 72.843 incendies dans la forêt amazonienne depuis le début de l'année, soit une hausse de 83% par rapport à la même période l'an dernier et un record depuis qu'elle a commencé à recueillir de telles données en 2013.

La déforestation au Brésil a bondi de 67% sur un an au cours des sept premiers mois de l'année, a par ailleurs indiqué l'INPE, dont le travail est attaqué par le gouvernement de Bolsonaro.

Des millions de personnes à travers le monde ont fait part sur les réseaux sociaux de leur inquiétude sur l'avenir de la forêt amazonienne. Le principal piège à carbone au monde se trouve à 60% sur le territoire du Brésil.

Aux yeux d'experts environnementaux, les déclarations de Bolsonaro sont un "écran de fumée" destiné à masquer les mesures engagées par son gouvernement favorisant les investissements agricoles et miniers au détriment des réglementations environnementales.

"La déforestation accrue et les incendies sont les conséquences de la politique anti-environnementale" de Bolsonaro, a déclaré Marcio Astrini, le coordinateur des relations publiques de Greenpeace au Brésil.

Un chercheur de l'université de Sao Paulo, spécialiste des questions climatiques, a souligné que les agriculteurs avaient recours au feu pour défricher leurs terres et attribué la multiplication des incendies au pic de déforestation illicite constaté cette année.

"Les ONG travaillant en Amazonie n'utilisent pas de feu. Au contraire, elles encouragent les communauté rurales à éviter le feu", a déclaré Carlos Nobre.

(Eduardo Simões, Anthony Boadle et Gabriel Stargardter; Jean Terzian et Danielle Rouquié pour le service français)