Mattarella donne aux partis jusqu'à mardi pour s'entendre

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Mattarella accorde un delai supplementaire aux partis[reuters.com]
(Crédits : Remo Casilli)

par Gavin Jones

ROME (Reuters) - Le président de la République italienne, Sergio Mattarella, a accordé jeudi quelques jours de délai aux partis politiques, le temps de leur permettre de mener les concertations nécessaires à l'éventuelle formation d'une nouvelle coalition gouvernementale.

S'exprimant au terme de deux journées de consultations menées au palais du Quirinal, Sergio Mattarella a rappelé que la crise politique que traverse actuellement l'Italie nécessitait une résolution rapide.

Malgré cette urgence, il a donné aux dirigeants politiques jusqu'à mardi prochain pour trouver les moyens de s'entendre et éviter des élections anticipées, une option qui ne devait pas être prise à la légère, a-t-il rappelé.

"Je tiendrai mardi de nouvelles consultations pour prendre les décisions nécessaires", a dit le chef de l'Etat rappelant que l'issue ne pouvait être qu'un gouvernement ayant un programme qui dispose "de la confiance du parlement".

Sergio Mattarella a expliqué avoir pris cette décision à la demande de certains chefs de formations politiques qui lui ont affirmé qu'ils travaillaient à la recherche d'un compromis afin d'éviter un retour devant les électeurs.

Le scénario d'élections législatives anticipées a les faveurs du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini et de son parti d'extrême droite, la Ligue, qui comptent sur leur actuelle cote de popularité pour tenter d'obtenir la majorité et gouverner seuls le pays.

Face à la résistance des autres partis politiques, Matteo Salvini a fait savoir jeudi qu'il était prêt à se réconcilier avec son ex-partenaire de coalition, le Mouvement des 5 étoiles (M5S, antisystème) si ce dernier adoptait une attitude plus constructive vis-à-vis de la Ligue.

Salvini a provoqué il y a deux semaines l'éclatement de la coalition au pouvoir depuis 14 mois en affirmant que celle-ci ne fonctionnait plus, la Ligue et M5S ne pouvant plus, selon lui, travailler ensemble.

Dans ses commentaires aux journalistes après sa rencontre avec le président Mattarella, Matteo Salvini a déclaré qu'il souhaitait toujours des élections, tout en laissant la porte ouverte à un nouvel accord avec le M5S de Luigi di Maio.

"Luigi di Maio a bien travaillé et dans l'intérêt de ce pays (...), s'il veut relancer le gouvernement et relancer le pays, nous sommes prêts, sans aucun préjugé", a déclaré Salvini.

UN RAPPROCHEMENT ENTRE M5S ET PD ?

Cette main tendue n'a pas été immédiatement saisie par le M5S, grand vainqueur des élections générales de 2018.

La formation antisystème, qui a vu son audience reculer de manière considérable dans l'opinion publique depuis un peu plus d'un an, est en discussions avec son vieil ennemi, le Parti démocrate (PD, centre-gauche), pour former une nouvelle coalition de gouvernement.

"Ces dernières heures, tous les contacts nécessaires ont été noués pour trouver une majorité (parlementaire) solide", a déclaré Luigi di Maio à la presse après sa rencontre avec le président Mattarella.

Nicola Zingaretti, chef de file du Parti démocrate, principale formation de l'opposition parlementaire, a réaffirmé jeudi qu'il soutiendrait les efforts destinés à former un gouvernment.

Il a réitéré les cinq conditions fixées à une éventuelle alliance avec le Mouvement 5 Etoiles: fidélité à l'Union européenne, respect de la démocratie représentative, priorité à l'environnement dans le développement économique, nouvelle politique pour les migrants et nouvelle politique économique.

"Nous ne voulons pas d'un gouvernement à tout prix, mais d'un gouvernement de rupture avec une large majorité", a-t-il souligné sur Twitter. A défaut, ajoute-t-il, l'Italie devra retourner aux urnes.

La crise politique a été déclenchée le 8 août dernier par Matteo Salvini qui a jugé que la coalition formée en juin 2018 avec le Mouvement 5 Etoiles n'avait plus lieu d'être et que les Italiens devaient retourner aux urnes.

Depuis la formation de ce tandem inédit, le rapport de forces interne s'est totalement renversé, et Salvini, dont la Ligue est mesurée autour de 34-39% dans les intentions de vote, espère pouvoir, à la faveur d'un retour aux urnes, gouverner seul ou avec l'apport de ses anciens alliés de Forza Italia et Fratelli d'Italia.

(Giselda Vagnoni; Henri-Pierre André pour le service français)