Amazonie : Bolsonaro envisage d'envoyer l'armée contre les incendies

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Amazonie: bolsonaro envisage d'envoyer l'armee contre les incendies[reuters.com]
(Crédits : Bruno Kelly)

par Lisandra Paraguassu et Stephen Eisenhammer

BRASILIA (Reuters) - Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a déclaré vendredi qu'il pourrait mobiliser l'armée pour lutter contre les incendies qui ravagent la forêt amazonienne alors que les condamnations internationales se multiplient face au désastre.

Après avoir d'abord considéré les incendies comme étant naturels, puis avoir accusé des organisations non gouvernementales (ONG) de les avoir allumées, le président d'extrême droite a annoncé vendredi une réunion interministérielle pour envisager les mesures à prendre.

Les ministres de la Défense, de l'Environnement et des Affaires étrangères sont convoqués pour 15 heures (18h00 GMT).

Interrogé par des journalistes à Brasilia pour savoir s'il enverrait l'armée, Jair Bolsonaro a répondu: "C'est ce à quoi on s'attend".

Edson Leal Pujol, le chef des forces armées brésiliennes, a déclaré que ses soldats étaient prêts à défendre l'Amazonie.

"Aux imprudents qui insistent sur la sauvegarde des objectifs de l'Amazonie brésilienne, ne vous y trompez pas, les soldats seront toujours vigilants, prêts à défendre et à repousser toute forme de menace", a-t-il déclaré lors d'un événement à Brasilia.

Selon les données du gouvernement, les incendies dans la partie brésilienne de la forêt amazonienne, laquelle représente plus de la moitié de ce vaste ensemble tropical, ont augmenté de 83% cette année et ont détruit de vastes étendues de cet important poumon de la planète.

Bien que les incendies soient fréquents et naturels pendant la saison sèche à cette période de l'année, les défenseurs de l'environnement ont imputé cette augmentation aux travaux de défrichage des agriculteurs, tacitement encouragés par un président d'extrême droite.

Jair Bolsonaro a répété à plusieurs reprises que le Brésil devait ouvrir l'Amazonie aux intérêts commerciaux et autoriser les sociétés minières, agricoles et forestières à exploiter ses ressources naturelles.

Le chef de l'Etat brésilien a admis jeudi pour la première fois que des agriculteurs pourraient être en partie à l'origine des incendies.

La forte hausse des incendies a suscité une vague de réprobation dans le monde. Plusieurs centaines de militants ont manifesté vendredi devant les ambassades du Brésil à Paris et à Londres.

Les dirigeants britanniques, français et allemands ont fait entendre leur voix. La France a accusé vendredi Jair Bolsonaro d'avoir "menti" à Emmanuel Macron sur ses engagements climatiques lors du sommet du G20 et annoncé "dans ces conditions" son opposition au projet de traité de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne. [nL5N25J3HY]

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a fait part de sa "profonde préoccupation" et prévoit de profiter du sommet du G7 ce week-end à Biarritz pour lancer un appel en faveur de la protection de la nature.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Macron ont également estimé que les incendies devraient figurer à l'ordre du jour du G7.

Alexandre Antonelli, directeur scientifique du jardin botanique royal britannique Kew, a demandé que des sanctions à l'importation soient imposées au Brésil en raison des incendies.

"Des mesures immédiates sont nécessaires pour éteindre les incendies actuels et empêcher qu'il y en ait d'autres", a déclaré le scientifique brésilien.

(Avec Eduardo Simoes à Sao Paolo, William James à Londres et Marine Pennetier à Paris; Danielle Rouquié pour le service français)