Hong Kong : Canon à eau et gaz lacrymogènes contre les manifestants

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Ocean de parapluies a hong kong pour une nouvelle journee d'action[reuters.com]
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

par James Pomfret et Jessie Pang

HONG KONG (Reuters) - La police de Hong Kong a eu recours dimanche aux gaz lacrymogènes et brièvement au canon à eau pour repousser les manifestants qui ont défilé sous une pluie battante pour réclamer le maintien de la démocratie dans le territoire semi-autonome chinois.

La veille, la police avait utilisé les gaz lacrymogènes pour la première fois depuis une dizaine de jours pour disperser des manifestants parfois violents.

Certains services de transport avaient été annulés dimanche, mais cela n'a pas dissuadé les manifestants de se rendre dans un stade situé dans le port à conteneurs de Kwai Chung, d'où le cortège s'est élancé vers le quartier voisin de Tsuen Wan.

Un cocktail Molotov a été lancé par les manifestants au sein due cortège. Le canon à eau, qui n'avait pas été utilisé depuis des années, a rapidement disparu.

Certains manifestants ont descellé des pavés du trottoir et les ont emportés pour les utiliser comme projectiles. D'autres ont aspergé la chaussée de détergent pour la rendre glissante pour la police. Des heurts ont eu lieu en plusieurs endroits.

La police avait prévenu qu'elle allait lancer une "opération de dispersion" et avait demandé aux manifestants de partir.

"Certains manifestants radicaux ont enlevé des grilles (...) et mis en place des barricades avec des barrières remplies d'eau, des bâtons de bambou, des cônes de signalisation et d'autres objets", déclare-t-elle dans un communiqué.

"De tels actes négligent la sécurité des citoyens et des usagers de la route, ce qui paralyse la circulation dans le secteur".

Samedi, la police a utilisé les gaz lacrymogènes face à des manifestants qui lançaient des cocktails Molotov et des pavés autour de Kwun Tong, dans l'est de la péninsule de Kowloon.

La grande majorité des manifestants ont défilé dans le calme dimanche.

DERNIÈRE CHANCE

Les manifestants expliquent qu'ils luttent contre l'érosion de l'accord "un pays, deux systèmes" mis en place au moment du retour de l'ancienne colonie britannique dans le giron de la Chine en juillet 1997. Ce système permettait au territoire semi-autonome de conserver certaines libertés n'ayant pas cours sur le continent.

"Nous savons que c'est la dernière chance de défendre "un pays, deux systèmes", sinon le Parti communiste chinois entrera dans notre ville et contrôlera tout", résume M. Sung, 53 ans, ingénieur informatique, un manifestant représentatif des Hongkongais de la classe moyenne qui descendent dans la rue.

Visage couvert par un maque soir, il explique qu'il a participé à presque toutes les manifestations et qu'il continuera à le faire.

"Si nous gardons le moral, nous pourrons soutenir ce mouvement pour la justice et la démocratie. Il ne mourra pas", déclare M. Sung.

La grogne des Hongkongais a commencé il y a trois mois après un projet de loi qui autorisait l'extradition vers le continent. Ce projet est désormais suspendu, mais le mouvement de contestation a pris de l'ampleur pour déboucher sur une revendication de plus grande démocratie.

Les manifestants constituent un défi de taille pour le pouvoir communiste à Pékin, qui voudrait voir la situation apaisée pour le 70e anniversaire de la fondation de la République populaire le 1er octobre.

Pékin a clairement fait comprendre qu'une intervention violente était possible. La police paramilitaire a organisé des exercices juste de l'autre côté de la frontière.

La police a annoncé avoir placé 29 personnes en garde à vue après les violences de samedi. Elle a procédé à plus de 700 arrestations depuis le début des manifestations en juin.

Le territoire voisin de Macao, revenu dans le giron chinois en 1999, a élu dimanche à sa tête l'ancien président de son Assemblée législative, Ho Iat Seng. Il était le seul candidat approuvé par Pékin.

Ho Iat Seng, qui a des liens étroits avec la Chine, devrait permettre à Pékin de renforcer son contrôle sur l'ancienne colonie portugaise spécialisée dans les casinos et qui a, comme Hong Kong, le statut de région administrative spéciale.

(Avec Anne Marie Roantree, Farah Master et Twinnie Siu; Jean Terzian et Danielle Rouquié pour le service français)