Trump promet un accord avec la Chine, Pékin appelle au calme

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Commerce: la chine menace de nouvelle mesures visant les usa[reuters.com]
(Crédits : Thomas White)

BIARRITZ/PEKIN (Reuters) - Donald Trump a affiché lundi son optimisme sur la possibilité de parvenir à un accord commercial avec la Chine en évoquant des signes positifs venant de Pékin, ramenant le calme sur les marchés financiers après les tensions de la semaine dernière.

A l'issue du sommet du G7 à Biarritz, le président américain s'est dit convaincu que la Chine souhaitait sincèrement conclure un accord, résultat selon lui d'une pression accrue et du risque de suppression de nombreux emplois dans la deuxième économie mondiale.

Le vice-Premier ministre chinois Liu He, qui mène les négociations avec Washington, avait déclaré plus tôt dans la journée que Pékin souhaitait résoudre son différend commercial avec Washington "dans le calme".

Donald Trump a voulu voir dans cette déclaration du dirigeant chinois un signe positif et a réaffirmé que des responsables chinois avaient appelé dans la nuit de dimanche à lundi leurs homologues américains pour proposer une reprise des négociations, bien que Pékin n'ait pas confirmé une telle initiative.

"Je crois qu'ils veulent très fort un accord. Je pense que ça a été souligné la nuit dernière. Le vice-président chinois est sorti du bois, il a dit qu'il souhaitait qu'un accord soit conclu", a soutenu le président américain.

"Plus ils attendent, plus il sera difficile de revenir en arrière, si toutefois c'est possible", a-t-il poursuivi pendant une conférence de presse au côté du président français Emmanuel Macron. "Je ne crois pas qu'ils aient le choix", a-t-il insisté.

A Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang, a dit ne pas avoir entendu parler d'un tel appel.

Le ministère chinois du Commerce, qui publie généralement un communiqué à la suite des échanges téléphoniques entre les deux pays, ne l'a pas fait après la conversation évoquée par Donald Trump. Il n'a pas répondu aux sollicitations de Reuters.

UN APPEL PEUT-ÊTRE IMAGINAIRE QUI RASSURE LES MARCHÉS

Interrogé à ce sujet en conférence de presse, le président américain s'est montré évasif et a renvoyé aux déclarations de Liu He.

Le rédacteur en chef du quotidien gouvernemental chinois Global Times a en revanche démenti qu'un échange téléphonique ait eu lieu "au cours des derniers jours". "Les deux camps ont maintenu des contacts au niveau des experts, cela n'a pas l'importance que le président Trump suggère. La position de la Chine n'a pas changé. La Chine ne cèdera pas aux pressions des Etats-Unis", a-t-il écrit sur Twitter.

Les propos du président américain traduisent quoi qu'il en soit une volonté de sa part de réduire les tensions après les surenchères en matière de droits de douane qui ont nourri les craintes d'un coup de frein à la croissance économique mondiale.

Les Bourses européennes ont effacé leurs pertes en réaction aux propos plus conciliants de Donald Trump, tandis que Wall Street rebondit après sa chute de vendredi.

"Qu'il y ait eu un coup de fil ou pas avec la Chine n'a pas d'importance", a commenté Art Hogan, responsable de la stratégie chez National Securities. "Ce qui compte c'est que (Trump) tente de maintenir la réunion de septembre à l'agenda et de revenir à une phase de négociations."

Les actions en Europe ont toutefois réduit leurs gains dans le courant de l'après-midi, les investisseurs étant revenus à une approche plus prudente en attendant des actes concrets.

"Les marchés resteront agités car l'angoisse et le soulagement liés à l'impact de la guerre commerciale sur l'économie mondiale semblent se succéder rapidement", écrivent les analystes de Zurich Insurance Company Investment Management.

Vendredi, Pékin et Washington ont annoncé tour à tour des relèvements de droits de douane pour les semaines ou les mois à venir, chacune des deux parties présentant ses décisions comme une riposte à l'offensive du camp d'en face.

A Biarritz, Donald Trump a joué à plusieurs reprises la carte de l'apaisement.

LES ENTREPRISES AMÉRICAINES "BIEN TRAITÉES" EN CHINE

"Je crois que nous aurons un accord", avait déjà déclaré le président américain plus tôt dans la journée. "Ils (les Chinois) ont des chaînes d'approvisionnement qui sont incroyablement compliquées et les gens s'en vont, ils partent dans d'autres pays, y compris les Etats-Unis d'ailleurs, nous allons en récupérer pas mal", a-t-il affirmé.

A Pékin, le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé de son côté que la Chine était prête à prendre de nouvelles mesures pour protéger ses intérêts si les Etats-Unis mettaient en oeuvre des droits de douane supplémentaires, tout en estimant que les deux pays devaient résoudre leurs différends par la négociation.

"Nous sommes désireux de résoudre la question à travers des consultations et une coopération dans le calme, et nous nous opposons résolument à l'escalade du conflit commercial", a déclaré Liu He lors d'une conférence sur la technologie à Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine.

Il a ajouté que les entreprises américaines étaient les bienvenues en Chine et qu'elles y seraient bien traitées.

Peu avant d'annoncer que les taxes prélevées sur 550 milliards de dollars (490 milliards d'euros) d'importations chinoises seraient encore relevées de cinq points de pourcentage, Donald Trump avait appelé vendredi les sociétés américaines implantées en Chine à rapatrier leur production.

Dans un éditorial publié lundi, le Global Times, quotidien chinois aux accents nationalistes, déclare que quitter le marché chinois reviendrait à un "suicide" pour les entreprises américaines, en particulier pour les constructeurs automobiles.

"Les entreprises américaines sont les bienvenues pour investir et opérer sur le marché chinois; mais si certaines choisissent d'obéir à la directive de Trump et prendre part à la guerre commerciale de Washington, le résultat sera rude. Abandonner le marché chinois est tout simplement du suicide", a écrit le journal dirigé par l'organe de presse du Parti communiste chinois (PCC).

(Ben Blanchard et Yawen Chen à Pékin, Jeff Mason à Biarritz; Jean Terzian, Marc Angrand et Tangi Salaün pour le service français)