Hong Kong : Le retrait de la loi sur les extraditions ne calme pas la contestation

reuters.com  |   |  554  mots
Hong kong: le retrait de la loi sur les extraditions, premiere etape selon lam[reuters.com]
(Crédits : China Stringer Network)

HONG KONG (Reuters) - La police de Hong Kong a fait usage de gaz lacrymogènes et de gaz poivré et ouvert le feu avec des balles caoutchouc pour disperser vendredi soir des manifestants rassemblés devant une station de métro de Kowloon.

Plusieurs centaines de manifestants se sont protégés derrière des parapluies et des barricades érigées avec des barrières de chantier. Certains ont arraché une grille métallique interdisant l'accès à la station de métro Prince Edward au coeur du Mong Kok, un des secteurs les plus densément peuplés du territoire semi-autonome.

"Nous sommes en colère contre la police et contre le gouvernement. La police a été très brutale. Nous ne pouvons pas les laisser s'en sortir", dénonçait Justin, 23 ans, vêtu de noir, la tête recouverte d'une capuche.

Dans la journée, la dirigeante de l'exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, avait déclaré que le retrait de son projet de loi sur les extraditions, à l'origine du puissant mouvement de contestation qui balaie le territoire chinois autonome depuis plusieurs mois, n'était qu'une première étape et qu'il ne résoudrait pas la crise immédiatement.

De nouvelles manifestations sont programmées ce week-end dans la "région administrative spéciale".

Les manifestants comptent à nouveau perturber samedi le trafic aérien en bloquant la circulation routière vers l'aéroport international de l'ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997.

Seuls les passagers munis de billets d'avion seront autorisés à monter dans l'Airport Express, la liaison ferroviaire qui mène à l'aéroport, ont prévenu les autorités.

Le gouvernement hongkongais a annoncé mercredi quatre mesures, dont le retrait du projet de loi sur les extraditions et la création d'une plateforme de dialogue avec la société civile, pour tenter d'endiguer la contestation, sans parvenir à calmer la colère des manifestants pro-démocratie.

Ces mesures, a déclaré Carrie Lam lors d'un déplacement en Chine, "visent à aller de l'avant pour aider Hong Kong à sortir de ce dilemme". "Nous ne pourrons pas faire cesser la violence immédiatement", a-t-elle cependant reconnu.

MERKEL, EN VISITE À PÉKIN, SOULÈVE LA QUESTION HONGKONGAISE

Les manifestations contre la loi sur les extraditions, qui ont débuté en mars dernier mais pris véritablement de l'ampleur en juin, se sont aujourd'hui étendues à d'autres revendications: enquête indépendante sur les violences policières, retrait du mot "émeute" utilisé par les autorités pour qualifier les manifestations, libération de tous les manifestants arrêtés, droit d'élire ses propres représentants.

En visite en Chine, la chancelière allemande Angela Merkel a soulevé la question de Hong Kong lors d'un entretien avec le Premier ministre Li Keqiang, insistant pour qu'une solution pacifique soit trouvée à cette crise.

"J'ai souligné que les droits et libertés des citoyens (de Hong Kong) devaient être reconnus", a-t-elle dit.

Pékin soutient la volonté du gouvernement hongkongais de "mettre fin à la violence et au chaos conformément à la loi, à rétablir l'ordre afin de préserver la prospérité et la stabilité à long terme de Hong Kong", a répondu Li.

(Marius Zaharia, Jessie Pang, Noah Sin et Donny Kwok; Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)