Les conservateurs en tête en Iran

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Une liste affiliee aux gardiens de la revolution en tete des legislatives a teheran[reuters.com]
(Crédits : Wana News Agency)

DUBAI (Reuters) - Les candidats affiliés aux gardiens de la Révolution semblaient en passe de remporter les élections législatives en Iran où les premiers résultats préliminaires donnent le camp conservateur nettement devant.

Un décompte établi par l'agence Reuters montre que les radicaux ont obtenu 178 des 290 sièges de députés qui étaient remis en jeu vendredi, contre 43 pour les indépendants et 17 pour les modérés.

A Téhéran, la capitale, le ministère de l'Intérieur a annoncé qu'une liste de candidats affiliés aux gardiens de la Révolution était en tête.

Dans certaines circonscriptions, où les candidats n'auront pas obtenu au moins 20% des suffrages, un second tour aura lieu, en avril prochain.

Aucun chiffre officiel n'a pour l'instant été communiqué sur le taux de participation.

Un porte-parole du conseil des gardiens, Abbasali Kadkhodai, a prédit qu'il serait de l'ordre de 50% des inscrits. En 2016, 62% des inscrits avaient participé aux précédentes législatives; ils étaient 66% en 2012.

Les Iraniens étaient appelés aux urnes vendredi pour des législatives considérées comme favorables au camp conservateur, deux ans après le rétablissement des sanctions américaines et quelques semaines après la catastrophe de l'avion d'Ukrainian Airlines abattu "par erreur" par les gardiens de la Révolution.

La perspective d'une victoire du camp conservateur s'est encore renforcée dans les jours précédant le scrutin avec l'invalidation de près de 50% de candidatures du camp réformateur et modéré.

Les pouvoirs du Majlis, le Parlement, sont limités mais un bon score de la frange la plus dure du régime signerait la fin de la politique pragmatique menée ces dernières années par le président Hassan Rohani, qui a permis la signature en 2015 de l'accord international sur le programme nucléaire de la République islamique.

Cet accord, qualifié d'historique, a volé en éclats en 2018 lorsque Donald Trump a décidé d'en retirer les Etats-Unis et de rétablir, puis d'alourdir, les sanctions économiques levées après son entrée en vigueur, ce qui a mis fin aux espoirs d'amélioration des conditions de vie des Iraniens.

Pire, les mesures d'austérité prises à la suite du revirement américain, et l'annonce d'une hausse du prix de l'essence ont provoqué l'automne dernier d'importantes manifestations, dont la répression a fait plus de 300 morts selon Amnesty International.

Aux difficultés économiques s'ajoutent les menaces de conflit ouvert avec les Etats-Unis, qui se sont cristallisées le 3 janvier dernier lorsque le général Qassem Soleimani, commandant de la force Al Qods, unité d'élite des gardiens de la Révolution, a été tué à Bagdad par un drone américain.

"Chaque vote déposé dans les urnes sera un missile au coeur de l'Amérique", déclarait vendredi Amirali Hajizadeh, chef de l'unité aérospatiale des gardiens de la Révolution.

(Parisa Hafezi et Babak Dehghanpisheh; version française Arthur Connan, Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André)