La BCE "très préoccupée" par l'impact du coronavirus

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La bce tres preoccupee par le coronavirus[reuters.com]
(Crédits : Ralph Orlowski)

LONDRES/AMSTERDAM (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) est "très préoccupée" par l'épidémie de coronavirus qui pourrait avoir un impact plus important sur la croissance économique que l'épidémie de Sras de 2002-2003, ont déclaré jeudi plusieurs membres du directoire de l'institut monétaire.

"Nous sommes tous très préoccupés par ce qui se passe actuellement en ce qui concerne la propagation du coronavirus", a dit Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, lors d'un discours à Londres.

"Nous savons que cela crée vraiment des incertitudes de grande ampleur, pour les perspectives de croissance mondiale mais aussi bien sûr pour les perspectives pour la zone euro", a-t-elle ajouté.

"Mais ce que nous avons vraiment besoin de comprendre quand on élabore une politique monétaire, c'est quelles sont les implications potentielles à moyen terme et pour le moment c'est flou."

L'épidémie de coronavirus, apparu en décembre en Chine, devrait avoir un impact sur l'économie mondiale plus important que celle du Sras, qui était aussi partie de Chine fin 2002, a prévenu pour sa part Klaas Knot dans un discours à Amsterdam.

"S'il est trop tôt pour mesurer précisément l'impact de cette pandémie, on peut dire sans hésiter que l'effet sur l'économie mondiale sera plus important", a déclaré le président de la banque centrale néerlandaise, perçu comme un "faucon" au sein du conseil des gouverneurs de la BCE.

POINT D'INVERSION

"Le Sras a eu des répercussions sur l'économie mondiale, en effaçant 40 milliards de dollars des marchés boursiers mondiaux. Mais depuis l'apparition du Sras, la Chine est passée de la sixième à la deuxième place économique mondiale", a ajouté Klaas Knot, Le nouveau coronavirus s'est répandu dans plusieurs pays d'Europe, notamment en Italie, faisant craindre un ralentissement voire une paralysie de certains secteurs économiques en raison des mesures prises pour tenter d'endiguer l'épidémie.

Les marchés monétaires ont commencé à intégrer dans leurs cours la probabilité d'une nouvelle baisse de 10 points de base, d'ici la fin de l'année, du taux de dépôt de la BCE, déjà négatif à -0,5%.

Le niveau à partir duquel les réductions de taux d'intérêt pourraient commencer à faire plus de mal que de bien à l'économie n'est toujours pas clair dans la zone euro, a déclaré jeudi Isabel Schnabel.

La BCE a abaissé son taux de dépôt à -0,5 % en septembre dernier et certains économistes affirment qu'il est maintenant proche d'un point d'inversion où les réductions n'ont plus d'impact bénéfique sur l'économie.

"Le concept de taux d'inversion est utile et nous montre si nos outils nuisent au mécanisme de transmission", a déclaré Isabel Schnabel.

"Le taux d'inversion n'est pas un chiffre (...) Il bouge tout le temps", a-t-elle déclaré, ajoutant que la récente décision de la BCE d'instaurer un taux de dépôt à paliers avait créé une marge de manoeuvre supplémentaire.

(David Milliken, Dhara Ranasinghe et Bart Meijer, version française Bertrand Boucey et Blandine Hénault, édité par Jean-Michel Bélot)