Coronavirus : Un premier cas au Yémen, une catastrophe redoutée

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Coronavirus: un premier cas signale au yemen[reuters.com]
(Crédits : Khaled Abdullah)

ADEN (Reuters) - Le Yémen, pays ravagé par des années de guerre, a annoncé vendredi son premier cas de contamination au nouveau coronavirus, faisant redouter aux organisations humanitaires une catastrophe sanitaire en cas de propagation du virus.

Le patient contaminé au COVID-19 est un Yéménite de 60 ans, testé dans la province de Hadhramaut, a indiqué la commission nationale suprême des secours, ajoutant qu'il était actuellement dans un état stable.

Cette annonce intervient alors qu'un cessez-le-feu de deux semaines a débuté jeudi en milieu de journée dans le pays, à l'initiative de la coalition sous commandement saoudien qui intervient militairement au Yémen depuis 2015 contre les rebelles chiites houthis soutenus par l'Iran.

Si le virus se propage au Yémen, l'impact serait "catastrophique", a déclaré jeudi à Reuters Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l'Onu au Yémen.

Selon elle, l'état de santé d'au moins la moitié de la population est "très dégradé" et le pays manque d'équipements médicaux.

"C'est l'une des plus grandes menaces des 100 dernières années pour le Yémen", a-t-elle dit. "Il est temps que les parties cessent de s'affronter et commencent à se battre ensemble contre le COVID-19."

Les autorités ont ordonné la fermeture pendant une semaine du port d'Ash Shihr, où le patient diagnostiqué positif au coronavirus travaillait. Le port va être désinfecté et le reste des ouvriers placés en isolement chez eux pendant deux semaines, selon une directive consultée par Reuters.

Un couvre-feu nocturne de 12 heures dans tous les districts de Hadhramout a par ailleurs été imposé à compter de ce vendredi 18h.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a déjà fourni 500 tests de dépistage au Yémen, a déclaré qu'elle apporterait une aide supplémentaire au ministère de la Santé.

La guerre au Yémen a fait plus de 100.000 morts et provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde, avec 24 millions de personnes, soit 80% de la population, dépendant de l'aide humanitaire.

La moitié seulement des hôpitaux sont encore en état de service et plus de 18 millions de personnes n'ont pas accès à des équipements sanitaires appropriés, selon l'International Rescue Committee.

L'Onu a appelé le mois dernier à un cessez-le-feu partout dans le monde afin de se consacrer à la lutte contre la pandémie.

(Ghaida Ghantous et Mohammed Ghobari; version française Jean Terzian et Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)