Pologne : Second tour de la présidentielle sur fond de tensions avec l'UE

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Pologne: second tour de la presidentielle sur fond de tensions avec l'ue[reuters.com]
(Crédits : Aleksandra Szmigiel)

par Alan Charlish et Pawel Florkiewicz

VARSOVIE (Reuters) - Les Polonais sont appelés aux urnes dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle dont l'issue s'annonce serrée et qui pourrait définir les futures relations de Varsovie avec Bruxelles, tendues depuis trois ans du fait des craintes du bloc communautaire sur le respect de la règle de droit dans le pays.

Le président sortant Andrzej Duda, allié du parti nationaliste au pouvoir Droit et Justice (PiS), est opposé au maire libéral de la capitale, Rafal Trzaskowski, en épilogue d'une campagne qui a mis au jour des visions pour l'avenir opposées et de profondes divisions politiques.

Une réélection de Duda est cruciale pour le PiS pour avancer sur les réformes judiciaires qu'il a engagées et que l'Union européenne considère comme une manière pour le pouvoir politique d'accroître son contrôle sur les tribunaux.

Trzaskoswki, chef de file de Plateforme Civique, a promis qu'il ferait usage du droit de veto présidentiel pour bloquer tout projet de loi qui nuirait à ses yeux aux normes démocratiques.

S'il est peu probable que Trzaskowski puisse engager d'importants changements en cas de victoire, le président du pays disposant de peu de pouvoirs exécutifs, un succès du candidat de l'opposition entraverait l'agenda politique du PiS, alors que l'opposition contrôle déjà la chambre haute du Parlement.

Les bureaux de vote ouvrent à 05h00 GMT et fermeront à 19h00 GMT. Les résultats des sondages de sortie des urnes seront communiqués dès lors.

Duda s'est présenté comme le défenseur des valeurs catholiques de la Pologne et des généraux programmes sociaux qui ont changé la vie de nombreux habitants au pays, particulièrement pour la population rurale.

Les détracteurs du président sortant lui reprochent d'avoir mené campagne en alimentant l'homophobie et l'antisémitisme, après que Duda a notamment comparé ce qu'il décrit comme l'"idéologie" LGBT à l'endoctrinement durant l'ère communiste.

"Il y a des tentatives très énergiques, au centre desquelles se trouve Mr. Trzaskowski, pour faire en sorte que différents types de minorités en Pologne puissent (...) terroriser le reste", a déclaré le chef du PiS, Jaroslaw Kaczynski, qui est de facto le dirigeant du pays.

Trzaskowski est devenu la cible des conservateurs pour avoir fait la promotion des droits des homosexuels en prenant part à des rassemblements.

Il dit vouloir une Pologne plus ouverte et plus tolérante, et a critiqué la rhétorique employée par le PiS à l'égard des minorités. Il a promis de bloquer les réformes lancées par le parti nationaliste mais a souligné qu'il maintiendrait les généreux programmes sociaux.

Le maire de Varsovie a tenté d'apparaître comme une figure à même d'unir une nation divisée, cependant de nombreux observateurs estiment qu'une période de querelles entre le parlement - où le PiS est majoritaire - et le palais présidentiel s'ouvrira si Trzaskowski est élu.

(version française Jean Terzian)