Tension au Liban pour la première session parlementaire après l'explosion

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Tension au liban pour la premiere session parlementaire apres l'explosion[reuters.com]
(Crédits : Aziz Taher)

par Issam Abdallah et Maher Chmaytelli

BEYROUTH (Reuters) - Les forces de sécurité libanaises étaient déployées dans les rues de Beyrouth jeudi pour tenter d'empêcher des manifestants d'atteindre le bâtiment où s'est ouverte la première session parlementaire depuis la catastrophe de l'explosion du port de la ville, qui a fait au moins 172 morts.

La séance, qui a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes, devait être consacrée entre autres à l'état d'urgence décrété par le gouvernement, a-t-on appris de source politique.

Elle devrait aussi prendre acte de la démission de huit députés en réaction à la catastrophe, dans laquelle de nombreux Libanais voient la conséquence de la corruption et de l'inaction d'une élite politique discréditée.

Le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, un pilier de cette élite, en poste depuis 1992, "veut adresser un message politique: dire que le parlement existe en dépit de toutes les discussions sur des élections anticipées et de la démission des députés", a aussi expliqué la source.

Les rues menant au palais de l'Unesco, dans le sud de la ville, où se sont réunis les membres de la Chambre depuis le début de l'épidémie de coronavirus, étaient barrées pour empêcher les manifestants de parvenir jusqu'aux abords du bâtiment.

"Ce sont tous des criminels, ce sont eux qui ont provoqué cette catastrophe, cette explosion" a déclaré Lina Boubess, 60 ans, l'une des participantes à la manifestation.

"Ça ne leur a pas suffi de voler notre argent, nos vies, nos rêves et les rêves de nos enfants ? Qu'est-ce qu'on a encore à perdre ? Ce sont des criminels, tous, sans exception."

USA ET FRANCE ENVOIENT DES RESPONSABLES POLITIQUES

Entre 30 et 40 personnes sont encore portées disparues neuf jours après l'explosion de quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, un produit chimique dangereux, stockées depuis des années dans un hangar du port.

Les manifestations des derniers jours, marquées par des affrontements avec les forces de l'ordre, ont fait plusieurs centaines de blessés.

L'explosion et ses conséquences politiques ont conduit lundi le gouvernement d'Hassan Diab à démissionner en bloc.

Les discussions en vue de la formation d'un nouveau cabinet devraient prendre du temps, le processus étant particulièrement complexe au Liban en raison de l'obligation de respecter les équilibres politiques et confessionnels d'un pays extrêmement morcelé.

Le gouvernement Diab, qui assure la gestion des affaires courantes, avait pris ses fonctions en janvier avec le soutien du Hezbollah, parti-milice chiite soutenu par l'Iran et principale force politique du pays, qui dispose avec ses alliés d'une majorité à la Chambre.

Les Etats-Unis, qui voient dans le Hezbollah un mouvement terroriste, ont dépêché au Liban le sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques David Hale, attendu ce jeudi à Beyrouth.

Il devrait "souligner la volonté américaine de soutenir tout gouvernement qui refléterait la volonté du peuple et serait sincèrement déterminé à mettre en oeuvre un programme de réformes", a déclaré l'ambassade des Etats-Unis.

Côté français la ministre des Armées, Florence Parly, devait arriver dans la journée dans la capitale libanaise, quelques heures avant le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, qui achemine un groupement du génie et des équipements destinés à la remise en état des infrastructures.

(Avec Tom Perry, version française Marc Angrand)