Iran : L'embargo sur les armes voulu par les USA rejeté à l'Onu

reuters.com  |   |  591  mots
Iran: l'embargo sur les armes voulu par les usa rejete a l'onu[reuters.com]
(Crédits : Lisi Niesner)

NEW YORK (Reuters) - Les Etats-Unis n'ont pas obtenu vendredi une extension de l'embargo sur les ventes d'armes à l'Iran, alors que la Russie a proposé un sommet à sept pour éviter une "confrontation" sur fond de menace de Washington de déclencher un retour à l'ensemble des sanctions internationales contre Téhéran.

Au cours d'un vote au Conseil de sécurité des Nations unies, la Russie et la Chine, alliées de Téhéran, ont opposé leur veto à une proposition américaine visant à prolonger l'embargo sur les ventes d'armes à l'Iran.

Onze pays membres, parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, se sont abstenus tandis que la République dominicaine a été la seule - avec les Etats-Unis - à voter en faveur du texte.

"L'incapacité du Conseil de sécurité à agir de manière décisive pour défendre la paix et la sécurité internationales est inexcusable", a réagi dans un communiqué le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo.

L'Iran a estimé samedi que la décision de l'ONU était une défaite humiliante pour les Etats-Unis.

"Le grand succès a été que les États-Unis ont été vaincus dans cette conspiration avec humiliation", a dit le président iranien Hassan Rohani dans une allocution télévisée.

L'ambassadeur chinois à l'Onu, Zhang Jun, a déclaré à l'issue du vote que le résultat "montre une nouvelle fois que l'unilatéralisme ne reçoit aucun soutien et que le harcèlement va échouer".

Washington pourrait désormais mettre en oeuvre sa menace de déclencher le "snapback", un mécanisme intégré à l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de l'Iran qui permet un retour automatique au régime de sanctions internationales contre Téhéran qui prévalait auparavant.

"ILLÉGAL"

Des diplomates ont indiqué que les Etats-Unis pourraient lancer ce processus dès la semaine prochaine mais que cela devrait donner lieu à une bataille acharnée, alors que l'administration Trump s'est retirée en 2018 du Plan d'action global commun (PAGC) signé à Vienne en juillet 2015.

"Dans les prochains jours, les Etats-Unis vont donner suite à cette promesse de ne reculer devant rien pour prolonger l'embargo sur les armes", a dit dans un communiqué l'ambassadrice américaine à l'Onu, Kelly Craft.

Un éventuel "snapback" aurait certainement pour effet de tuer le PAGC, alors que Téhéran a déjà commencer à violer des termes de l'accord en réponse au retrait de Washington et à la réimposition de sanctions américaines unilatérales.

"L'imposition de quelconques sanctions ou restrictions contre l'Iran par le Conseil de sécurité donnera lieu à une réponse ferme de l'Iran et nos options ne sont pas limitées", a prévenu l'ambassadeur iranien aux Nations unies.

"Les Etats-Unis et toute entité qui pourrait soutenir ou accepter ce comportement illégal en porteront l'entière responsabilité", a ajouté Majid Takht Ravanchi dans un communiqué.

Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine a proposé la tenue d'un sommet virtuel avec les Etats-Unis et les parties toujours prenantes de l'accord de 2015 - France, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine et Iran - en vue d'éviter une escalade à l'Onu à propos de l'Iran.

La France est disposée à prendre part à cette réunion, a fait savoir l'Elysée.

A la question de savoir s'il participerait aux discussions, le président américain Donald Trump a déclaré à des journalistes: "J'ai entendu qu'il y avait quelque chose, mais on ne m'en a pas encore parlé".

(Michelle Nichols, avec Gabrielle Tétrault-Farber à Moscou; version française Jean Terzian)