La France met en garde les pays de l'UE contre la tentation solitaire sur les vaccins anti-COVID

reuters.com  |   |  472  mots
La france met en garde les pays de l'ue contre la tentation solitaire sur les vaccins anti-covid[reuters.com]
(Crédits : Dado Ruvic)

PARIS (Reuters) - La France a mis en garde vendredi certains pays de l'Union européenne contre la tentation de chercher individuellement à se procurer des doses supplémentaires de vaccins contre le COVID-19, notamment auprès de la Chine ou de la Russie.

Face aux retards pris en début d'année dans les livraisons de vaccins coordonnées par la Commission européenne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque ont déjà approuvé ou envisagent d'approuver le vaccin russe Spoutnik V dont l'Agence européenne des médicaments vient seulement de commencer l'évaluation.

La Pologne a fait savoir lundi que son président Andrzej Duda avait discuté avec son homologue chinois Xi Jinping de l'éventuelle acquisition de doses d'un vaccin fabriqué par la Chine.

"S'ils allaient chercher le vaccin chinois et/ou russe, je crois que ce serait grave", a déclaré Clément Beaune, secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, sur RTL. "Ça pose un problème de solidarité et ça pose aussi un problème sanitaire."

"Si cela continuait, on ne pourrait pas avoir à la fois le bénéfice du cadre européen (...) et en plus aller chercher des solutions nationales dans le chacun pour soi", a-t-il prévenu.

Cet avertissement vaut aussi pour le Danemark et pour l'Autriche, qui ont annoncé cette semaine un partenariat avec Israël pour la production de vaccins.

"(C'est) la même chose, parce que ces pays bénéficient aussi largement du cadre européen", a dit Clément Beaune, tout en relevant qu'ils avaient depuis nuancé la portée de cet accord avec Israël et réaffirmé leur soutien au cadre européen.

Sur Europe 1, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'Industrie, a elle aussi jugé que l'Autriche et le Danemark étaient "revenus en arrière".

"Ils essaient vis-à-vis de leur opinion publique de justifier des actions supplémentaires mais la réalité c'est (que) si demain il n'y a pas d'Union européenne, il n'y a pas de doses en Autriche, il n'y a pas de doses au Danemark", a-t-elle déclaré. "L'Union européenne est sans doute un idiot utile qu'on accuse assez facilement."

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a aussi plaidé pour une "démarche européenne" afin de garantir les approvisionnements du bloc promis par les laboratoires, quitte à bloquer leurs exportations, à l'image de la décision prise par l'Italie vis-à-vis d'une livraison d'AstraZeneca destinée à l'Australie.

"Je comprends l'Italie", a dit Olivier Véran sur BFM/RMC. "Nous pourrions faire la même chose."

"C'est un moyen de faire pression et nous l'utilisons", a abondé Agnès Pannier-Runacher, tout en précisant que la production de vaccins en France ne faisait que commencer.

(Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)