Antoine de Saint-Affrique, actuel patron de Barry Callebaut, devient DG de Danone

reuters.com  |   |  963  mots
Antoine de saint-affrique, actuel patron de barry callebaut, devient dg de danone[reuters.com]
(Crédits : Arnd Wiegmann)

par Dominique Vidalon

PARIS (Reuters) - Antoine de Saint-Affrique, qui dirigeait jusqu'ici le chocolatier suisse Barry Callebaut, a été nommé lundi directeur général de Danone en remplacement d'Emmanuel Faber, évincé en mars dernier sous la pression de plusieurs actionnaires du groupe agroalimentaire.

"Antoine de Saint-Affrique a été nommé (lundi) directeur général de Danone à compter du 15 septembre 2021. (...) Antoine de Saint-Affrique prendra la succession de la direction générale par interim menée conjointement par Véronique Penchienati-Bosetta et Shane Grant", a annoncé Danone à l'issue d'un conseil d'administration réuni plus tôt dans la journée.

Une source proche avait déjà indiqué à Reuters qu'Antoine de Saint-Affrique était favori pour succéder à l'ancien PDG. Son nom était murmuré avec de plus en plus d'insistance depuis qu'il avait annoncé au mois d'avril qu'il quitterait la direction de Barry Callebaut à la fin août.

En tant que directeur général de Danone, Antoine de Saint-Affrique devra notamment satisfaire les fonds actionnaires qui ont évincé Emmanuel Faber de son poste de PDG après avoir critiqué sa gestion.

Le groupe a scindé les fonctions de président et directeur général et nommé Gilles Schnepp à la présidence du conseil d'administration.

Ce dernier a salué lundi les qualités du nouveau directeur général.

"C'est un nouveau chapitre de la gouvernance de l'entreprise qui s'ouvre aujourd'hui, dans la droite ligne de la transition initiée par le Conseil depuis quelques semaines. Nous sommes unanimement convaincus qu'Antoine de Saint-Affrique est un leader exceptionnel du secteur des biens de consommation", a déclaré le président du conseil d'administration.

Antoine de Saint-Affrique, âgé de 56 ans et diplômé de l'Essec et de Harvard, a passé six ans à la tête du chocolatier suisse et quinze ans chez le géant de l'agroalimentaire Unilever.

Son cursus répond ainsi au profil recherché par le conseil de Danone, à savoir celui d'un dirigeant de "haut vol" reconnu internationalement.

"Son parcours et son bilan en matière d'innovation et de résultats sont remarquables. Il apportera à Danone la combinaison idéale de vision stratégique, d'expérience internationale de notre industrie et d'excellence dans l'exécution opérationnelle", a encore souligné Gilles Schnepp.

NOMBREUX DÉFIS

Chez Danone, son principal défi sera de relancer les marges et les ventes, qui ont souffert de la crise du coronavirus de façon bien plus marquée que les principaux concurrents.

Antoine de Saint-Affrique ne pourra pas toutefois se décharger totalement de l'héritage d'Emmanuel Faber. Il devra oeuvrer dans le cadre du plan de réorganisation baptisé "Local First" qui a pour objectif de restructurer l'entreprise autour de pôles régionaux tout en réduisant les coûts.

Ce projet, qui prévoit la suppression de 2.000 emplois, reste soutenu par le conseil d'administration de Danone. Dans une lettre adressée aux actionnaires de Danone mi-mars, Gilles Schnepp assurait néanmoins qu'il ne lierait pas les mains du nouveau directeur général quant à la stratégie.

Antoine de Saint-Affrique devra aussi respecter les engagements en matière environnementaux et sociaux de Danone, devenu la première entreprise française à adopter le statut d'entreprise à mission sous la houlette d'Emmanuel Faber.

Le nouveau directeur général du groupe agroalimentaire français est largement crédité pour avoir étendu la présence géographique de Barry Callebaut et accru l'attention du groupe sur l'innovation et la durabilité.

Il a notamment lancé une campagne visant à éradiquer le travail des enfants dans le secteur du cacao et à sortir les agriculteurs de la pauvreté, tout en mettant l'accent sur la réduction des émissions de carbone et de la déforestation.

"L'accent qu'il a mis sur ce qu'on appelle la croissance intelligente - une croissance rentable, génératrice de liquidités, avec des rendements améliorés et une attention particulière à la durabilité - a probablement beaucoup contribué à changer la perception de Barry Callebaut", observe Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux. "Je m'attends à ce qu'il apporte la même discipline dans son prochain rôle", ajoute l'analyste.

Depuis 2015, le cours de l'action Barry Callebaut a plus que doublé et les ventes du groupe affichaient une hausse de 17% avec des bénéfices en hausse de plus de deux tiers avant la pandémie de coronavirus.

PAS ÉTRANGER À DANONE

Marié et père de quatre enfants, Antoine de Saint-Affrique s'est d'abord orienté vers l'école navale entre 1987 et 1989 après l'obtention d'une maîtrise en administration des affaires de l'Essec à Paris. Il sert alors comme officier de réserve dans l'océan Indien avant de rejoindre les États-Unis pour intégrer la Harvard Business School.

En 1989, il commence sa carrière chez Unilever en France avant d'occuper différents postes de direction au sein du géant mondial de l'agroalimentaire de 2001 à 2015. De septembre 2011 à septembre 2015, il est président d'Unilever Foods et membre du comité exécutif du groupe.

Il n'est pas non plus étranger à Danone, puisqu'il a occupé en 1997 le poste de vice-président du marketing chez Liebig Amora-Mailles, la société de sauces et condiments qui appartenait alors à Danone.

En 2001, à la suite de l'acquisition d'Amora-Maille par Unilever, il rejoint de nouveau le groupe, cette fois-ci aux Pays-Bas en tant que directeur européen de la catégorie Sauces.

Dans une interview accordée à CNN en 2018, Antoine de Saint-Affrique déclarait être "un citoyen du monde" avec une double culture française et internationale.

"Le défi est amusant," lançait-il alors. "C'est une occasion d'apprendre, de s'améliorer, de regarder les choses d'une manière différente et de les réinventer. Il y a bien sûr la pression qui va avec, mais c'est extrêmement excitant".

(avec Kate Entringer et Blandine Hénault, édité par)