Israël et Hamas ignorent les appels à un cessez-le-feu

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Israel et hamas ignorent les appels a un cessez-le-feu[reuters.com]
(Crédits : Mussa Qawasma)

par Nidal al-Mughrabi, Dan Williams et Stephen Farrell

GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Israël a mené mardi des frappes aériennes dans la bande de Gaza et les activistes palestiniens ont repris leurs tirs de roquettes après une brève pause durant la nuit, lors de laquelle l'Onu a envoyé un convoi de carburant dans l'enclave où 52.000 personnes ont selon elle été déplacées.

Les dirigeants israéliens ont annoncé qu'ils intensifiaient l'offensive destinée à détruire les capacités militaires du Hamas et du Djihad islamique, les deux camps restant officiellement sourds aux appels des Etats-Unis et d'autres puissances mondiales à un cessez-le-feu.

Deux travailleurs thaïlandais ont été tués et sept autres personnes blessés par le tir d'une roquette contre une ferme israélienne située juste au-dessus de la frontière avec Gaza, a rapporté la police. Le Hamas et le Djihad islamique ont revendiqué l'attaque.

Les villes d'Ashdod et de Beersheba, plus au nord, ont elles aussi été les cibles de tirs de roquettes.

Selon des habitants de Gaza, l'armée israélienne a continué de mener d'intenses offensives aériennes. Des témoins ont déclaré qu'un obus tiré par un char israélien avait atteint une usine de peinture dans le sud de la bande de Gaza, provoquant l'incendie du bâtiment.

"Nous continuerons tant que nécessaire pour rétablir le calme pour l'ensemble des citoyens palestiniens", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans la lignée des commentaires qu'il a effectués ces derniers jours.

"Autre chose: je suis sûr que tous nos ennemis autour de nous voient le prix que nous exigeons pour l'agression menée contre nous et je suis certain qu'ils vont retenir cette leçon", a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée sur Twitter dans laquelle il s'exprimait depuis un hangar aérien.

L'UE VEUT ÉTUDIER UNE REPRISE DES NÉGOCIATIONS

Le conflit, le plus grave depuis au moins 2014 entre Israéliens et Palestiniens, a déjà fait 215 morts, dont 61 enfants et 36 femmes, dans la bande de Gaza, selon les autorités de l'enclave. Douze personnes ont été tuées en Israël, dont deux enfants.

Près de 450 bâtiments de la bande de Gaza ont été détruits ou gravement endommagés, dont six hôpitaux et neuf centres de soins, a rapporté l'agence humanitaire des Nations unies (OCHA).

Israël a dénoncé le tir de plus de 3.450 roquettes depuis Gaza en direction de l'Etat hébreu, dont certaines n'ont pas atteint le territoire israélien tandis que d'autres ont été détruites par le système de défense antiaérienne Dôme de Fer.

Les deux camps restent officiellement sourds aux inquiétudes de la communauté internationale, malgré le soutien à un cessez-le-feu exprimé par le président américain Joe Biden et les efforts diplomatiques entrepris par son homologue français Emmanuel Macron, qui appuie une tentative de médiation de l'Egypte.

Réunis mardi par vidéo-conférence, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, dont les positions divergent sur le conflit, comptent lancer un appel à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et les Palestiniens et marquer leur volonté de relancer le processus de paix proche-oriental par le biais du "Quartet" de médiateurs (UE, Etats-Unis, Russie, Onu).

Illustration des craintes internationales d'une extension de la crise, l'armée israélienne a dit avoir tué un Palestinien ayant tenté d'attaquer des militaires en Cisjordanie à l'aide d'une arme à feu et d'explosifs. Elle a aussi annoncé avoir abattu un drone près de la frontière avec la Jordanie.

Une grève générale a été organisée mardi à Jérusalem-Est, en Cisjordanie occupée et parmi la minorité arabe d'Israël, qui représente 21% de la population du pays.

La plupart des commerces tenus par des Palestiniens à Jérusalem-Est ont fermé, notamment dans la Vieille Ville. A Haïfa, ville du nord d'Israël abritant à la fois des populations juives et arabes, l'un des organisateurs du mouvement, Radja Zaatar, a déclaré à Reuters que 90% des commerces avaient gardé leur rideau fermé dans les quartiers arabes.

L'ARMÉE ISRAÉLIENNE "NE PARLE PAS D'UN CESSEZ-LE-FEU"

Le conflit a véritablement éclaté le 10 mai après des jours d'affrontements entre forces israéliennes et Palestiniens autour de la mosquée Al Aqsa, au coeur de la Vieille Ville de Jérusalem, en plein ramadan, mois sacré pour les musulmans, sur fond de menace de nouvelles expulsions de familles palestiniennes de Jérusalem-Est.

Il a aussi provoqué des violences entre certains membres des communautés juives et arabes à l'intérieur même d'Israël.

Yuval Steinitz, ministre issu du Likoud, le parti conservateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déploré dans une interview donnée à la radio de l'armée que la grève observée ce mardi porte "un nouveau coup à la délicate fabrication de relations et d'une coopération entre Juifs et Arabes".

Hidai Zilberman, porte-parole de l'armée israélienne, a déclaré que Tsahal allait poursuivre ses opérations à Gaza pour mettre fin aux tirs de roquettes palestiniennes conformément à une liste de cibles établie pour les prochaines 24 heures.

L'armée israélienne "ne parle pas d'un cessez-le-feu", a-t-il dit à la radio de l'armée. "Nous sommes concentrés sur les tirs", a-t-il ajouté.

Des habitants de Gaza ont dénombré au moins 60 frappes israéliennes entre minuit et 10h00 du matin (07h00 GMT), soit une intensité à peu près identique aux nuits précédentes. Aucune victime n'a toutefois été signalée, ont dit les autorités sanitaires de l'enclave, où la recherche de morts éventuels est toutefois difficile sous les décombres des installations et des bâtiments détruits par les raids israéliens.

En Israël, les sirènes d'alerte qui ont retenti au cours de la nuit ont indiqué que les roquettes tirées par les activistes palestiniens visaient davantage les zones proches de la frontière que des villes situées plus loin à l'intérieur du territoire israélien, malgré la menace lundi du Hamas de s'en prendre à nouveau à Tel-Aviv.

(avec Sinan Abu Mayzer et Stephen Farrell à Jerusalem, Zainah El-Haroun et Ali Sawafta à Ramallah; version française Bertrand Boucey et Jean Terzian, édité par Jean-Stéphane Brosse)