Liban : Le Hezbollah et ses alliés perdent la majorité au Parlement

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Liban: le hezbollah et ses allies perdent leur majorite au parlement[reuters.com]
(Crédits : Mohamed Azakir)

BEYROUTH (Reuters) - Le Hezbollah et ses alliés ont perdu la majorité qu'ils détenaient depuis 2018 au Parlement libanais, selon un décompte effectué par Reuters à partir des résultats officiels des élections législatives de dimanche, ce qui constitue un revers majeur pour le parti-milice chiite aligné sur l'Iran.

Le Hezbollah, le mouvement chiite Amal, le Courant patriotique libre (CPL) et d'autres élus considérés comme favorables à la présence armée dans le pays du Hezbollah contrôlent 62 des 128 sièges du Parlement, contre 71 auparavant.

Les résultats de ce scrutin, le premier depuis que le Liban a commencé à s'enliser en 2019 dans une profonde crise économique que la Banque mondiale a imputée à l'élite politique, dessinent un Parlement divisé entre plusieurs blocs dont aucun ne dispose de la majorité.

Une issue qui laisse entrevoir une nouvelle paralysie politique et fait craindre de nouvelles tensions qui pourraient retarder les réformes indispensables pour sortir le pays de la crise économique, sociale et politique qui s'est aggravée en août 2020 avec l'explosion qui a dévasté le port de la capitale, Beyrouth.

De nouveaux députés indépendants pro-réformes, issus des rangs de la contestation populaire de l'automne 2019, ont conquis 12 sièges, ce qui représente une percée d'une ampleur inattendue dans un pays où les mêmes formations politiques confessionnelles se partagent le pouvoir depuis des décennies.

Parmi les adversaires du Hezbollah, le parti des Forces libanaises a gagné du terrain au point de désormais revendiquer la place de premier parti chrétien du pays, devant le CPL du président Michel Aoun.

Entre autres résultats emblématiques, le chef de file du Parti démocrate libanais (PDL), proche de Damas et de Téhéran, le druze Talal Arslane, héritier de l'une des plus anciennes dynasties politiques libanaises, a perdu face à un candidat sans expérience politique.

Selon les résultats définitifs, d'autres puissants alliés du Hezbollah ont cédé leur siège, comme le sunnite sortant de Tripoli, Fayçal Karamé, ex-ministre des Sports, lui aussi issu d'une longue lignée d'hommes politiques.

Alors que les législatives de 2018 avait remis le Liban sur une orbite plus proche de l'Iran chiite, les résultats de ce nouveau scrutin pourraient permettre à son rival régional, l'Arabie saoudite sunnite, de regagner en influence dans un pays qui a longtemps été le théâtre de la rivalité entre Ryad et Téhéran.

(Reportage Maya Gebeily, Laila Bassam, Timour Azhari et Lina Najem, rédigé par Tom Perry ; version française Jean-Stéphane Brosse et Myriam Rivet, édité par Sophie Louet)