La Finlande et la Suède soumettent leur demande d'adhésion à l'Otan

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La finlande et la suede soumettent leur demande d'adhesion a l'otan[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

par Robin Emmott et Nevzat Devranoglu

BRUXELLES/ANKARA (Reuters) -La Finlande et la Suède ont formellement transmis mercredi leur demande d'adhésion à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan), une demande motivée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie mais qui se heurte à l'opposition de la Turquie.

Cette démarche des deux pays nordiques, restés neutre en matière d'alliance militaire tout au long de la Guerre froide, marque un changement radical dans l'architecture sécuritaire de l'Europe.

"C'est un moment historique que nous devons saisir", a déclaré Jens Stoltenberg, le Secrétaire général de l'Otan, lors d'une courte cérémonie en présence des représentants de la Finlande et de la Suède auprès de l'Alliance.

"J'accueille chaleureusement les demandes d'adhésion à l'Otan de la Finlande et de la Suède. Vous êtes nos partenaires les plus proches et votre adhésion à l'Otan renforcera notre sécurité commune", a-t-il ajouté.

La ratification de cette demande d'adhésion par les parlements des 30 pays membres de l'Alliance devrait prendre jusqu'à un an, selon des diplomates.

L'Allemagne et l'Italie ont apporté immédiatement leur soutien à la demande d'adhésion des deux pays nordiques.

Le ministre allemand de la Justice, Marco Buschmann, et le président du Conseil italien, Mario Draghi, ont tous deux déclaré ce mercredi que leurs pays respectifs étaient favorables à une accélération de ces procédures d'adhésion.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a surpris ses partenaires de l'Otan la semaine dernière en annonçant qu'Ankara ne pouvait pas soutenir une adhésion des deux pays, a réaffirmé son opposition à l'intégration de la Suède qu'il accuse d'héberger sur son sol des membres d'organisations jugées terroristes par Ankara, comme les mouvements kurdes PKK et YPG ou encore les partisans de l'imam Fethullah Gülen.

"L'expansion de l'Otan n'a de sens pour nous que proportionnellement au respect qui sera témoigné à nos sensibilités", a déclaré le chef d'Etat turc au Parlement.

Recep Tayyip Erdogan a déclaré que les alliés de l'Otan n'avaient jamais soutenu la Turquie dans sa lutte contre les groupes militants kurdes, notamment ceux du YPG.

La chaîne de télévision publique turque TRT Haber a fait savoir lundi que ni la Suède, ni la Finlande n'avaient donné leur accord à la demande turque d'extrader 33 personnes accusées par Ankara d'appartenir à des organisations terroristes.

"Donc vous ne nous rendrez pas les terroristes mais vous nous demandez l'adhésion à l'Otan? L'Otan est une organisation pour la sécurité. Par conséquent, nous ne pouvons pas dire 'oui' à cette organisation de sécurité en étant privés de sécurité", a déclaré Recep Tayyip Erdogan .

Cette opposition risque de compromettre l'élargissement de l'Alliance atlantique qui ne peut se faire qu'à l'unanimité.

"Nous sommes déterminés à surmonter tous les problèmes et à parvenir à des décisions rapides", a encore dit Jens Stoltenberg, soulignant que tous les autres membres de l'Alliance soutenaient ces demandes.

(Reportage Robin Emmott et Marine Strauss, avec Daren Butler à Istanbul, version française Matthieu Protard et Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)