L'Arménie demande à l'UE de sanctionner l'Azerbaïdjan

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Tigran balayan, l'envoye armenien aupres de l'union europeenne; lors d'une interview avec reuters a bruxelles[reuters.com]
(Crédits : Christian Levaux)

par Andrew Gray

BRUXELLES (Reuters) - L'Arménie a exhorté lundi l'Union européenne (UE) à sanctionner l'Azerbaïdjan pour son opération militaire dans l'enclave du Haut-Karabakh, et a mis en garde contre une attaque de Bakou sans mesures fermes venues des pays occidentaux.

Comme sanction, l'UE pourrait plafonner les prix du pétrole et du gaz azerbaïdjanais ou encore suspendre les négociations visant à renforcer les relations avec Bakou, a déclaré Tigran Balayan, l'envoyé arménien auprès de l'Union européenne.

Il a également exhorté l'Occident à fournir une assistance "audacieuse" à l'Arménie en matière de sécurité.

"Ce n'est pas seulement l'opinion du gouvernement arménien, mais aussi celle de nombreux experts, y compris de certains États membres de l'UE, qu'une attaque contre l'Arménie est imminente", a déclaré Tigran Balayan lors d'une interview accordée à Reuters à Bruxelles.

Les forces séparatistes arméniennes ont été contraintes de capituler le 20 septembre après une opération éclair de 24 heures conduite par Bakou.

L'Arménie a accusé l'Azerbaïdjan de nettoyage ethnique, ce que Bakou dément. L'Azerbaïdjan a également insisté sur le fait qu'il n'avait pas l'intention d'attaquer l'Arménie.

Tigran Balayan estime de son côté que les garanties du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, ne sont pas dignes de confiance, alors qu'il avait promis de ne pas attaquer le Haut-Karabakh.

L'UE dispose de nombreux outils pour faire pression sur Ilham Aliev, et l'enclave a payé un lourd tribut car le bloc n'en a encore pas fait usage, a-t-il également ajouté.

"Le fait de ne pas avoir utilisé cette boîte à outils a entraîné le nettoyage ethnique de 100.000 à 120.000 membres de la population arménienne autochtone, dont ma propre famille, qui ont été chassés de leurs terres ancestrales".

De hauts fonctionnaires de l'UE et les dirigeants de nombreux pays membres ont condamné les actions de l'Azerbaïdjan. Toutefois, les Vingt-Sept n'ont jusqu'à présent pris que peu de mesures concrètes en réponse à la crise, hormis l'octroi d'une aide humanitaire.

Des diplomates estiment en effet que les membres de l'UE peinent à trouver un consensus. Certains, comme la France et les Pays-Bas, souhaitent envisager des mesures sévères, tandis que d'autres, comme la Hongrie et la Roumanie, y sont réticents.

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, le chancelier allemand, Olaf Scholz, le président français, Emmanuel Macron, et le président du Conseil européen, Charles Michel, doivent s'entretenir sur la question en fin de semaine, lors d'un sommet à Grenade, en Espagne.

"À moins que certaines lignes rouges ne soient imposées à Ilham Aliev personnellement pour qu'il tienne parole (...), ces efforts seront à nouveau vains", estime Tigran Balayan.

(Reportage Andrew Gray ; version française Kate Entringer)