60% des entreprises de plus de 10 salariés ont des difficultés de recrutement

Par Grégoire Normand  |   |  1006  mots
(Crédits : Benoit Tessier)
Le dernier baromètre réalisé au mois de juin par OpinionWay pour CCI France/La Tribune/LCI dans le cadre de "La Grande consultation" indique que 28% des chefs d'industrie sont confrontés à des difficultés de recrutement.

Les tensions sur le marché du travail persistent. Selon le dernier baromètre réalisé par l'institut OpinionWay pour La Tribune, CCI France et LCI, 60% des entreprises de plus de 10 salariés interrogées expriment des difficultés de recrutement. Dans les entreprises entre 0 et 9 salariés, cette proportion est quatre fois plus faible (15%). Cela peut en partie s'expliquer par le fait que « 75% des entreprises de 0 salarié aujourd'hui n'ont jamais entamé de procédure de recrutement depuis leur création », expliquent les auteurs de l'enquête.

« Parmi celles ayant déjà eu des salariés, l'embauche demeure relativement ponctuelle, 61% d'entre elles n'ont embauché personne au cours des 12 derniers mois (contre 10% des entreprises comptant 10 salariés ou plus) », ajoutent-ils.

Alors que le chômage continue de baisser en France et que la population active vieillit, les déboires des entreprises pour embaucher pourraient se multiplier.

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L'industrie souffre

Dans le détail, les réponses collectées par l'organisme de sondage montrent que l'industrie est particulièrement touchée par ces problèmes à l'embauche. En effet, 28% des chefs d'industrie ont indiqué qu'ils avaient été confrontés à ce type de difficulté contre 22% dans la construction et le commerce, et 17% dans les services. Parmi les entreprises ayant exprimé des freins à l'embauche, 13% affirment que cela ne les a pas empêché de recruter les profils recherchés et 6% signalent avoir modifié leurs critères de recrutement.

Depuis plusieurs trimestres, le solde du marché de l'emploi dans l'industrie est à nouveau positif après des années de désindustrialisation à outrance de l'appareil productif français. Récemment, les services de l'Insee ont indiqué que « l'emploi industriel a aussi confirmé son orientation récente à la hausse, tandis que les créations dans la construction sont demeurées dynamiques ». À la fin de l'année 2018, les difficultés de recrutement avaient atteint un niveau inédit depuis 10 ans. Malgré les créations d'emplois dans l'industrie, de nombreux sites industriels continuent de souffrir sur le territoire français.

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Le réseau personnel avant tout

Face à ces problèmes, les dirigeants emploient des méthodes très contrastées. Ainsi, 39% des personnes interrogées indiquent avoir recours à leur réseau personnel. Cette pratique est particulièrement courante dans la construction (68%) ou les entreprises de plus de 10 salariés. À l'inverse, les firmes ayant moins de 10 salariés (39%) ou les services (28%) sont légèrement moins nombreuses en proportion à faire fonctionner leurs carnets d'adresses.

Parmi les autres leviers plébiscités par les employeurs (39%), arrivent le recours au réseau professionnel (28%), l'examen des candidatures spontanées (28%) ou encore le recours à des intermédiaires publics comme Pôle emploi, l'Apec ou les missions locales. En revanche, les employeurs sont beaucoup moins friands de la diffusion d'annonces sur Internet ou les réseaux sociaux (13%), et encore moins de la participation à des événements (2%).

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Les dirigeants sévères avec les opérateurs publics

Les dirigeants sont relativement sévères sur l'efficacité des opérateurs publics. En effet, 36% d'entre eux considèrent que ces acteurs ne sont pas efficaces. C'est la plus forte proportion de mécontents. Pour le recours réseau personnel (9%) ou au réseau professionnel (10%), l'examen des candidatures spontanées (14%) ou la diffusion d'annonces sur Internet (18%), les réponses collectées sont bien plus favorables.

L'optimisme des dirigeants replonge

Après avoir atteint un point bas en décembre 2018 et progressé sans interruption jusqu'en mai dernier, l'indicateur de l'optimisme des dirigeants replonge. Il passe ainsi de 117 à 107 en seulement un mois. Cette chute est particulièrement visible chez les entreprises de 0 à 9 salariés, l'indicateur passant de 115 à 104. L'optimisme chez les chefs d'entreprise de plus de 10 salariés s'amplifie légèrement pour s'établir à 126 en juin contre 124 en mai.

L'indicateur qui mesure la confiance des chefs d'entreprise atteint des sommets. Ainsi, 63% des répondants affirment qu'ils sont confiants. Les entreprises de plus de 10 salariés se montrent particulièrement confiantes (83%) tandis que celles de moins de 10 salariés le sont un peu moins (62%). Parmi les autres qualificatifs testés dans le baromètre, l'optimisme figure également en bonne position même s'il baisse légèrement (42 contre 44% il y a un mois). Là encore, il existe des disparités en fonction de la taille de l'entreprise. Ainsi, 42% des patrons de petites entreprises inférieures à 10 salariés se montrent optimistes contre 61% chez celles de plus de 10 salariés. Ces dernières (7%) sont également moins inquiètes que les petits établissements (25%).

Les entreprises sont moins confiantes pour l'avenir

Au niveau des perspectives à l'horizon des douze prochains mois, la part des dirigeants confiants pour leur entreprise est en légère baisse passant de 76% à 73% en un mois. Si les établissements de plus de 10 salariés sont en forte majorité optimistes (91%), ceux composés de moins de 10 salariés le sont beaucoup moins (72%).

Concernant l'économie mondiale, le moral des entrepreneurs est relativement stable sur les deux derniers mois. 45% déclarent être confiants contre 46% le mois précédent. Ce ratio est quasiment similaire pour l'économie française (44%, en baisse de deux points). La plupart des organismes de statistiques ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) tricolore pour 2019. La semaine dernière, les économistes de l'Insee ont indiqué dans leur note de conjoncture que l'activité pourrait marquer le pas entre 2018 et 2019 passant de 1,7% à 1,3%.

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Méthode : étude réalisée auprès d'un échantillon de 608 dirigeants d'entreprise. L'échantillon a été interrogé par téléphone du lundi 17 au jeudi 20 juin 2019. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.

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