Accès à l'enseignement supérieur : le lancement, déjà contesté, de la plateforme Parcoursup

Par Audrey Fisne  |   |  945  mots
Pour le syndicat Snesup-FSU dénonce ainsi la mise en œuvre en toute illégalité de la sélection en licence. (Crédits : Erica Ashleson)
Chose promise, chose due. Suite au chaos provoqué par la plateforme Admission PostBac (APB) l’été dernier, le gouvernement veut faire table rase avec Parcoursup. L’objectif ? Mieux accompagner l’orientation des bacheliers, « sans tirage au sort » assure-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur. Les syndicats pourtant, voient en ce nouveau système, un tri déguisé des candidats.

La promesse du gouvernement était annoncée dans le « plan Etudiants » dévoilé en octobre 2016. Une nouvelle plateforme « plus simple et plus transparente » dit le communiqué. Sur le papier, ses points forts sont détaillés : « droit d'accès de tout bachelier à l'enseignement supérieur » ; « informations sur les attendus, taux de réussite, débouchés, contenus, capacité d'accueil » ; « accompagnement personnalisé » ; « procédure d'affectation simple et transparente » ; « regroupements de vœux » : « fin des classements de vœux » ; « propositions personnalisées au profil du lycéen » et enfin « fin du tirage au sort ».

Avec ce nouveau système aux ambitions tout à fait louables, le gouvernement souhaite ne plus revivre la situation de l'été 2016 durant lequel près de 3.700 élèves s'étaient retrouvés sans affectation pour leur poursuite d'études post-bac.

> Lire aussi : Accès à l'enseignement supérieur : la Cour des comptes appelle à une réforme

La "fiche avenir" remplace l'algorithme

Ce qui change, concrètement avec Parcoursup ? Les lycéens devront désormais formuler 10 voeux maximum (contre 24 auparavant), mais sans les classer afin d'éviter les choix par défaut. Ils devront motiver leur projet professionnel pour chaque choix. Parallèlement, le conseil de classe aura un rôle renforcé dans l'orientation des élèves. Il examinera les vœux et contribuera aux avis portés par le chef d'établissement via "la fiche avenir" transmise ensuite aux établissements d'enseignement supérieur que le lycéen souhaitera rejoindre. L'examen de ces établissements du supérieur, grande nouveauté de parcoursup, remplace ainsi l'algorithme d'APB et se basera sur les notes de première et de terminale, la motivation et la fameuse "fiche avenir".

Petite précision, le lycéen pourra désormais faire un voeu en dehors de son académie. Après la formulation des voeux, les élèves recevront une réponse : "oui", "oui si"(pour ceux qui devront faire une remise à niveau), "en attente" ou "non" et devront choisir d'accepter une proposition ou d'attendre s'ils sont sur la liste. Si la réponse à leurs voeux est "non", une proposition de la commission d'accès à l'enseignement supérieur leur sera proposée.

"Un tri social"

Ces arguments pour "faciliter l'accès" et "mieux accompagner" les bacheliers dans leur orientation sont avancés par le gouvernement, mais pour les syndicats, il s'agit au contraire d'un tri déguisé pour les futurs étudiants.

« Dorénavant, on pourra trier les étudiants en fonction de leur dossier, de leurs notes, selon leurs capacités à travailler en autonomie. On remplace un algorithme par des avis de conseils de classe, ce qui pour nous n'est pas la solution », a relevé Lilâ Le Bas, présidente de l'Unef sur Europe 1, lundi 15 janvier.

Pour le syndicat Snesup-FSU dénonce ainsi la mise en œuvre en toute illégalité de la sélection en licence. Pour les filières dites "en tension"(psycho, STAPS, droit) -c'est-à-dire là où il y a plus de demandes que de places-, les universités devraient, avec Parcoursup, privilégier les dossiers qui sont les "plus cohérents à la formation".

La fin de "l'école pour tous" ? C'est ce que semble dire, dans un communiqué publié en décembre, le syndicat Snesup-FSU qui ne décolère pas :

« Les générations 2000 subiraient de plein fouet les effets de cette réforme, en particulier les lycéen.ne.s des milieux les moins favorisés : stress de l'attente des réponses, affectation d'office pour les bacheliers/ières dont tous les vœux ont été rejetés, versement retardé des bourses, 'galères' liées aux inscriptions tardives - éventuellement dans des établissements situés loin du domicile familial - et à la recherche de logement... (...) C'est un "tri social".»

Mobilisation

Les réactions n'ont pas attendu puisque, face à cette réforme de l'accès à l'enseignement supérieur, lycéens et professeurs ont d'ores et déjà exprimé leur colère en organisant des blocus en France.

Félicitation aux lycéens mobilisés contre la sélection aujourd'hui ! #15sept #NONalaSelection #UNLSD pic.twitter.com/eUM7QNJhtK

— Giuseppe Aviges (@giusaviges) 15 janvier 2018

D'autre part, interrogés dans un sondage Diplomeo, 77% des terminales sondés se sont déclarés "inquiets" ou "stressés" par rapport à Parcoursup alors que 56% estiment ne pas avoir été suffisamment informés par la nouvelle plateforme. Après APB, pas sûr que Parcoursup fasse finalement davantage consensus.

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Le calendrier 2018 des étapes de la nouvelle procédure Parcoursup

  • 15 janvier 2018 : Ouverture de la plateforme d'admission Parcoursup et publication des tutoriels d'utilisation ;
  • Du 22 janvier au 13 mars : Saisie d'une adresse mail valide pour les lycéens et téléchargement de l'application sur les téléphones mobiles. Les futurs bacheliers peuvent consulter les caractéristiques détaillées de chaque formation puis ils saisissent les vœux avant le 13 mars, 18h. Les élèves peuvent formuler 10 vœux sans les classer ;
  • Jusqu'au 31 mars 2018 : Les futurs bacheliers finalisent le dossier en saisissant un projet de formation motivé pour chaque vœu et joignent d'éventuelles pièces demandées avant de valider leurs vœux. La confirmation doit se faire avant le 31 mars ;
  • Du 22 mai au 21 septembre : Les lycéens reçoivent une réponse à leurs vœux : « oui » ou « oui si » ou « en attente » ou « non » ;
  • À partir du 26 juin : Des vœux pour des formations disposant de places vacantes peuvent être formulés ;
  • Durant l'été : Les bacheliers s'inscrivent dans les établissements d'accueil.


(Un graphique de notre partenaire Statista)