L'inflation accélère et va peser sur la croissance française

Par latribune.fr  |   |  543  mots
La croissance va rester faible à modérée sur le reste de l'année, notamment en raison des répercussions du conflit en Ukraine, selon l'Insee. (Crédits : Reuters)
L'inflation devrait continuer d'accélérer pour atteindre 6,8% sur un an en septembre en France, puis rester sur ce rythme durant les derniers mois de l'année, a estimé vendredi l'Insee, une flambée qui va peser sur l'économie, avec une croissance attendue à 2,3% en 2022.

La courbe de la hausse des prix poursuit sa course folle en France. Après un nouveau record de 37 ans, battu en mai à 5,2%, l'inflation dans l'Hexagone devrait atteindre +6,8% en septembre prochain, note l'Insee. L'indicateur des prix devrait - le chiffre est encore au conditionnel - rester à ce niveau jusqu'à la fin de l'année.

Irrémédiablement, la France semble donc se rapprocher des niveaux d'inflation atteints dans d'autres pays européens (8,1% en zone euro, +7,9% en Allemagne, +6,9% en Italie en mai...), ou encore au Royaume-Uni +9,1%. Or, jusqu'ici avec les mesures pour le pouvoir d'achat du gouvernement, tels le chèque énergie, la revalorisation automatique du Smic qui interviendra en août et en septembre, celle des retraites, minimas sociaux et du traitement des fonctionnaires ou encore la prime d'activité, la France pouvait avancer une hausse des prix importante, mais davantage contenue. Cette situation du moins pire qu'ailleurs semble s'éloigner.

Coûts de production, salaires...

De fait, l'Insee estime qu'après un net bond en juin à 5,9% du fait de la hausse des prix du pétrole, de l'alimentation et des services, l'inflation serait ensuite plutôt soutenue par les augmentations de prix hors énergie "en répercussion des hausses passées des coûts de production", c'est-à-dire les prix des matières premières et les augmentations de salaires. Sur un an, l'inflation devrait se "stabiliser" à 7%.

En conséquence, la croissance française est percutée de plein fouet par la hausse des prix qui va geler les dépenses et les projets d'investissements des foyers au profit de l'épargne. L'économie tricolore devrait ralentir cette année, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) de 2,3% contre 6,8% en 2021, anticipe l'Insee.

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L'impuissance de la banque centrale ?

Dans sa note de conjoncture publiée vendredi, l'institut national de la statistique anticipe qu'après la contraction de 0,2% du PIB de la France au premier trimestre - sous l'effet des restrictions sanitaires contre la vague épidémique de Covid-19 due au variant Omicron - la croissance reste faible à modérée sur le reste de l'année, notamment en raison des répercussions du conflit en Ukraine.

L'Insee table sur un PIB en hausse de 0,2% sur le trimestre en cours, puis sur une progression de l'ordre de 0,3% par trimestre jusqu'en fin d'année.

Face à cette inflation galopante, que peuvent désormais réellement les banques centrales, dont les Banque centrale européenne (BCE) ? "Si la BCE augmente ses taux, cela ne changera rien, car c'est une cause exogène. Son action ne fera pas baisser le prix du pétrole ni ne fera rouvrir les usines en Chine, ni arrêter la guerre en Ukraine", a commenté un expert dans La Tribune.

L'économie française pourrait d'ailleurs compter sur un petit rebond des exportations, mais à condition que l'épidémie de Covid-19 en Chine ne vienne pas de nouveau freiner le commerce mondial.

Au total sur l'année, l'inflation atteindrait en moyenne 5,5%, du jamais-vu depuis 1985, ce qui amputerait le pouvoir d'achat des ménages de 1% en dépit des mesures de soutien public en place ou annoncées, soit sa plus forte contraction depuis 2013.

(Avec AFP et Reuters)