Avec le ralentissement de l'économie, les PME en souffrance

Par Grégoire Normand  |   |  725  mots
À fin novembre 2018, le cumul sur 12 mois du nombre de défaillances s’élève à 53 919, soit une baisse de 0,9 % par rapport à novembre 2017. (Crédits : Reuters)
Les défaillances d'entreprises ont continué de diminuer en France en décembre de 1,2% en glissement annuel contre 0,9% le mois précédent selon les derniers chiffres de la Banque de France. En revanche, les faillites d'entreprises moyennes (11,5%) et de très petites entreprises (2,5%) ont bondi entre décembre 2018 et décembre 2019.

Le coup de frein de l'économie commence à se faire ressentir sur la démographie d'entreprises. Selon un bulletin de la Banque de France publié ce mardi 12 décembre, le nombre de défaillances des petites et moyennes entreprises (PME) continue de reculer en glissement annuel, mais à un rythme beaucoup plus lent que l'année dernière. Ainsi, les faillites de PME ont baissé de 1,1% entre décembre 2018 et décembre 2019 alors qu'elles diminuaient de 6% il y a encore un an d'après un communiqué de l'institution bancaire.

Ce changement de rythme traduit les effets du ralentissement de l'économie française depuis plusieurs trimestres. Après avoir connu une croissance exceptionnelle de 2,3% en 2017, l'activité tricolore a marqué le pas à 1,5% en 2018. Et cette chute devrait se poursuivre cette année. D'après les dernières prévisions de la Commission européenne publiées le 8 février dernier, le produit intérieur brut (PIB) progresserait de 1,3% en 2019.

> Lire aussi : Pourquoi la croissance a chuté à 1,5% en 2018

Les moyennes et très petites entreprises en souffrance

Sur l'ensemble des PME, les différents groupes ont connu des évolutions contrastées. Les faillites de microentreprises (-1,3%) et petites entreprises ont baissé entre décembre 2017 et décembre 2018 alors que celles des moyennes entreprises (11,5%) et celles des très petites entreprises (2,5%) ont bondi.  Du côté des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des grandes entreprises (GE), les défaillances ont nettement reculé (-19,6%) sur un an confirmant ainsi leur bonne santé financière en moyenne.

Les transports à la peine

L'année 2018 a été marquée par une forte hausse des défaillances (11,3%) dans le secteur des transports et l'entreposage selon les données de la banque centrale. Arrivent ensuite les conseils et services aux entreprises (6,4%) et les activités financières et l'assurance (2,6%). A l'opposé, les défaillances dans l'agriculture (-8,8%), l'information et la communication (-6,6%) et le commerce ont connu un ample ralentissement entre décembre dernier et décembre 2017.

Un effet limité des "gilets jaunes"

Au mois de décembre, lors d'une réunion de crise organisée à Bercy à la suite d'un week-end marqué par le mouvement des "gilets jaunes", le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait évoqué une des conséquences "sévères et continues" sur l'activité économique. S'il est encore tôt pour avoir un une évaluation solide et globale des conséquences économiques d'une telle mobilisation, il se pourrait que le mouvement des "gilets jaunes" ait un effet "très limité" sur les défaillances d'entreprises. Dans une étude de la Coface publiée à la fin du mois de janvier, "l'effet du mouvement des 'gilets jaunes' est difficilement perceptible à la lumière des chiffres de défaillances du mois de décembre 2018, au cours duquel elles ont été inférieures de 3,6 % à celles enregistrées en décembre 2017."

En revanche, les répercussions sont plus visibles dans le commerce de détail de textile. "Le seul sous-segment semblant avoir été affecté est le commerce de détail d'habillement, avec une hausse de 22 %, soit 15 défaillances de plus qu'en décembre 2017 sur l'ensemble du territoire." De même, le tourisme pourrait avoir être affecté par cette mobilisation inédite. Coface a recensé 32 défaillances sur le mois de décembre contre 23 en décembre 2017.

"Compte tenu de la faiblesse du nombre de défaillances évoquées, l'effet du mouvement ne peut être considéré comme significatif, même pour ces sous-secteurs. Cependant, les éventuels effets significatifs devraient être plus perceptibles à la lumière des défaillances du mois de janvier, voire des mois suivants, si le mouvement venait à s'inscrire dans la durée" précise le spécialiste de l'assurance-crédit.

"Dans le secteur de la restauration, la hausse de 6% enregistrée en décembre par rapport à la même période un an auparavant s'inscrit dans le prolongement de la tendance du second semestre au cours duquel elles ont progressé de 8%," souligne l'établissement, ajoutant que les défaillances de bars et cafés ont même diminué de 7%. Du côté du petit commerce, la  confédération des petites et moyennes entreprises a affirmé ce mardi dans un communiqué que "le mouvement des "gilets jaunes" avait provoqué une "catastrophe" pour les petits commerçants, évoquant 70.000 personnes en "activité partielle", à la veille d'une réunion de crise à Bercy.