Baisse surprise du chômage en France au premier trimestre, portée par les seniors

Par Jean-Christophe Chanut et Giulietta Gamberini  |   |  724  mots
Sur un an, en revanche, ce taux, mesuré par selon les normes du Bureau international du travail (BIT), augmente de 0,2 point en métropole et de 0,1 point en France entière.
Le taux de chômage mesuré par l'Insee est descendu à 10,3% sur l'ensemble de la France pendant les trois premiers mois de 2015. Auparavant, l'Insee tablait sur 10,5%. Des données qui divergent de celles de Pôle Emploi car il y a différentes façons de comptabiliser les chômeurs.

Le taux de chômage a baissé au premier trimestre en France, redescendant à 10,0% de la population active en métropole, après avoir atteint fin 2014 son plus haut niveau depuis fin 1997 (10,1%, chiffré révisé à la hausse), a annoncé jeudi 4 juin l'Institut national de la statistique. Sur la même période, la statistique baisse d'ailleurs également de 0,1 point en incluant l'Outre-mer (10,3%).

Ces chiffres -à analyser avec prudence, car ils se situent dans la marge d'erreur de +/-0,3 point de la statistique de l'Insee- constituent une surprise, car l'institut s'attendait dans ses dernières prévisions à des taux de 10,1% en métropole et de 10,5% avec les départements ultramarins.

Sur un an, en revanche, ce taux, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), augmente de 0,2 point en métropole et de 0,1 point en France entière.

La situation des jeunes se dégrade

Par catégorie d'âge, la baisse trimestrielle ne concerne que les seniors, dont le taux recule de 0,4 point à 6,4%.

En revanche, les jeunes voient leur situation se dégrader de 0,2 point : près d'un quart des actifs de moins de 25 ans (24,1%) sont au chômage. La hausse est encore plus forte sur un an (+1,2 point).

Au total, l'Insee a recensé 2,858 millions chômeurs en métropole, soit 38.000 de moins (-1,3%) que fin 2014. Sur un an, la hausse est de 55.000 chômeurs (+2,0%).

La seule mesure du chômage internationalement reconnue

Ces chiffres sont divergents de ceux de Pôle emploi, qui recensait fin mars sur ses listes 3,510 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité. L'opérateur avait constaté une hausse de 9.100 personnes sur le trimestre (+0,3%) et de 163.400 sur un an (+4,9%). Depuis, le chiffre de Pôle emploi a de nouveau augmenté de 26.200 inscrits en avril (+0,7%), pour atteindre le record de 3,53 millions.

Il y a en effet plusieurs méthodes pour apprécier l'étendue du chômage. On peut se concentrer sur le taux de chômage, qui mesure le nombre des chômeurs par rapport à la population active. Ce que font donc l'Insee et le Bureau international du travail (BIT) pour les comparaisons internationales.

On peut aussi décompter le nombre des demandeurs d'emploi inscrits dans telle ou telle catégorie(de " A" à "E ") à Pôle emploi.  Plus précisément, c'est même la catégorie " A " qui sert de baromètre, c'est-à-dire celle où s'inscrivent les demandeurs d'emploi n'ayant exercé aucune activité le mois précédent.

Les différentes définitions du demandeur d'emploi

Pour le BIT, est considéré comme chômeur une personne de plus de 15 ans à la recherche active d'un emploi qui n'a pas du tout travaillé au cours de la semaine de référence et qui se trouve immédiatement disponible pour exercer un métier. Sont ainsi par exemple comptabilisés les jeunes à la recherche d'un premier emploi qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi, faute de pouvoir percevoir une indemnisation. A l'inverse, le BIT ne considère pas comme chômeur un demandeur d'emploi qui aurait exercé une activité réduite. Alors que Pôle emploi, dans certains circonstances, le fera.

Quant au taux de chômage du BIT,  il est calculé par enquête (effectuée en France par l'Insee) trimestrielle auprès d'un échantillon de 110.000 personnes, priées de déclarer leur situation.

Les cinq catégories de chômeurs inscrits à Pole emploi

Pôle emploi, lui, se base sur les personnes qui se présentent à ses guichets. Il y a ceux n'ayant pas du tout travaillé, ceux ayant exercé une activité réduite, ceux en formation,etc.

Alors qu'avec l'enquête Insee/BIT, soit on est chômeur, soit on ne l'est pas. Il n'y a pas de subtilités du style : "chômeurs dispensés de recherche d'emploi", par exemple au sein de la catégorie " E ", les titulaires d'un contrat aidé, ou encore "chômeur en formation non immédiatement disponibles, par exemple au sein de la catégorie "D", les demandeurs d'emploi en formation.

Mais seul le taux de chômage de l'Insee est reconnu au niveau international.

Au deuxième trimestre, selon les dernières prévisions de l'Insee et de l'OCDE, le taux de chômage devrait atteindre 10,2%. Pour l'Organisation de coopération et de développement économiques, le taux se replierait ensuite légèrement à 10,1% fin 2015 et 10,0% fin 2016.