Bas salaires : une députée Renaissance propose de conditionner les aides aux entreprises

Par latribune.fr  |   |  746  mots
Selon l'entourage de la députée Astrid Panosyan-Bouvet, Emmanuel Macron a validé l'idée d'une conférence « sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum ». (Crédits : Reuters)
Pour lutter contre les effets pervers des bas salaires, la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet propose d'ouvrir le débat sur le conditionnement des aides aux entreprises à leurs « bonnes pratiques sociales et salariales ». Parmi les pistes de propositions à étudier : une baisse de cotisations salariales pour les petits salaires ou rendre la prévoyance obligatoire pour tous.

Le sujet des salaires va être au cœur des discussions entre le gouvernement et les syndicats cet automne et notamment le point d'orgue de la prochaine journée de mobilisation prévue le 13 octobre. « Ce sont bien les salaires qui sont la clé de voûte de la reconnaissance du travail et de la capacité à se projeter », estime la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet, membre de la commission des Affaires sociales à l'Assemblée, dans une tribune publiée dans Le Monde ce mardi 5 septembre.

« Le smic a vocation à être un niveau d'entrée dans la vie active, pas la rémunération d'une carrière complète. Or, le problème des bas salaires est qu'ils s'assimilent à un "plancher collant" - d'après les termes du cercle de réflexion Terra Nova en 2022 -, où les travailleurs se retrouvent coincés pendant des années, voire des décennies », regrette cette élue de Paris, qui a fait partie des fondateurs du mouvement macroniste "En Marche" en 2016.

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Distinguer les entreprises « vertueuses »

Comme pistes de solution à étudier, Astrid Panosyan-Bouvet appelle notamment à « mettre sur la table le sujet de la conditionnalité des aides aux entreprises pour qu'elles soient davantage fonction de la qualité des bonnes pratiques sociales et salariales ». « Il nous est souvent répondu qu'il est compliqué de distinguer les entreprises vertueuses au sein même d'une branche. Mais à l'heure du "big data" et de l'intelligence artificielle, nous devrions quand même pouvoir surmonter ces complexités », argue Astrid Panosyan-Bouvet.

Elle appelle également à « examiner l'impact d'une baisse de cotisations salariales pour les petits salaires, et non plus seulement des exonérations de cotisations patronales ». La députée veut par ailleurs « rendre la prévoyance complémentaire (...) obligatoire pour tous et pas simplement pour les cadres ».

Elle appelle enfin à la création d'un groupe transpartisan à l'Assemblée sur le travail, sur le modèle de celui sur les déserts médicaux lancé lors de la dernière session par le socialiste Guillaume Garot. « J'ai commencé à sonder des députés autour de moi et il y a des marques d'intérêt », affirme la députée contactée par l'AFP.

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Une convention sociale dédiée aux bas salaires

La députée de Paris a en outre salué « la proposition » d'Emmanuel Macron d'« une convention sociale sur les bas salaires ». Selon son entourage, le chef de l'État a, en effet, validé l'idée d'une conférence « sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum » lors d'une réunion avec les chefs de partis le 30 août.

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Interrogé sur BFM TV dimanche dernier au sujet de l'élargissement de cette conférence sociale à l'ensemble des salaires, le ministre de l'Économie a estimé que « ce serait une erreur économique ». « Si vous décidez d'augmenter tous les salaires, il y avait une proposition qui était d'indexer les salaires sur l'inflation. Ça a l'air juste (...) mais cela va renchérir le coût du travail pour des entreprises qui vont dire "je ne peux pas suivre, je n'ai pas les moyens, je licencie", on va perdre des emplois », a justifié Bruno Le Maire.

« Deuxième conséquence, on l'a connu pendant les années 70, les salaires étaient indexés sur l'inflation, les entreprises qui ne peuvent pas amortir ce coût supplémentaire augmentent le coût de leurs produits, on ne se sort pas de l'inflation et on se paie 10 années d'inflation », a ajouté le ministre.

Selon Bruno Le Maire, la conférence sociale est « la bienvenue » car il reste « à régler deux projets structuraux ». « Le premier problème est le nombre de branches dans lequel le salaire de référence est sous le Smic. C'est inacceptable. La deuxième question est celle des trappes à bas salaire ou la smicardisation qui résulte des allégements de charge », a-t-il avancé. Pour lui, « la pente des allégements entre le Smic et au-dessus du Smic est trop raide » : « Au niveau du smic c'est 0% de charge et dès que vous commencez à augmenter des salaires, les charges augmentent de manière très forte jusqu'à atteindre 36% », a-t-il détaillé.

(Avec AFP)