Salaires : des augmentations « inédites » sans grand impact sur le pouvoir d'achat

Les augmentations salariales ont atteint des « niveaux inédits en 2023 » en France, selon une étude du cabinet Deloitte. En particulier pour les ouvriers et employés (+4,6%), du fait des hausses successives du Smic. Reste qu'elles se rapprochent des niveaux d'inflation observés ces derniers mois ce qui, in fine, ne se ressent pas ou peu sur le pouvoir d'achat des actifs.
Ces augmentations doivent toutefois être mises en regard de l’inflation pour être appréciées à leur juste valeur. Celle-ci a atteint +4,3% en juillet, son plus bas niveau de ce début d’année.
Ces augmentations doivent toutefois être mises en regard de l’inflation pour être appréciées à leur juste valeur. Celle-ci a atteint +4,3% en juillet, son plus bas niveau de ce début d’année. (Crédits : Reuters)

Bonne nouvelle pour les actifs : les augmentations de salaires s'affichent en hausse en 2023, selon l'étude annuelle sur les rémunérations du cabinet Deloitte parue ce jeudi 31 août. Celle-ci repose sur un panel de 300 entreprises et plus d'un million de données individuelles de rémunération au sein des principaux secteurs d'activité.

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Il en ressort que les augmentations médianes du salaire de base « ont été de 4,6% (+1,5 point) pour les OETAM (ndlr : ouvriers, employés, techniciens, agents de maîtrise) et de 4,0% pour les cadres (+2,1 points) ». « Cela représente une forte hausse par rapport à l'année 2022 qui marquait la reprise après les gels salariaux constatés en 2021 », souligne Deloitte. « 96% des entreprises ont versé des budgets d'augmentation supérieurs à 2% », précise-t-il.

En tenant compte des dispositifs de rémunération variable et de l'épargne salariale, les augmentations médianes sont de 7,0% et 3,0% respectivement pour les OETAM et les cadres.

Ces augmentations doivent toutefois être mises en regard de l'inflation pour être appréciées à leur juste valeur. Celle-ci a atteint +4,3% en juillet, son plus bas niveau de ce début d'année. La hausse des salaires est donc bien moindre pour le pouvoir d'achat des actifs.

Plus de primes

Autre donnée de l'étude du cabinet Deloitte : après trois années sans progression notable, l'égalité salariale femme/homme s'améliore en 2023 avec un écart moyen de 2,6% contre 3,7% en 2022. Du point de vue géographique, on observe un tassement de l'écart entre la région Ile-de-France et la province (4,7% contre 4,9% en 2022).

Par ailleurs, de plus en plus d'entreprises mettent l'accent sur la prime de « partage de la valeur » : 53% contre 29% en 2022. Les montants ont aussi été fortement revalorisés par rapport à 2022, passant de 300 euros, sans distinction de catégories socio-professionnelles, à 600 euros pour les OETAM et 816 euros pour les cadres.

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Enfin, Deloitte constate une stabilisation du nombre de jours de télétravail « aux environs de 2 jours (par semaine) toutes catégories socio-professionnelles confondues, avec désormais une indemnisation versée par 50% » des entreprises.

Pour 2024, les prévisions d'augmentation sont revues légèrement en baisse, à 4,0% pour les OETAM et 3,5% pour les cadres.

La bataille de l'automne

Le sujet des augmentations de salaire va être au cœur des discussions cette fin d'année. L'intersyndicale en a fait son cheval de bataille, après avoir affiché un front commun au sujet de la réforme des retraites. Ce sera d'ailleurs la première revendication lors de la prochaine journée de mobilisation, prévue le 13 octobre. « Le pouvoir d'achat est la priorité des travailleurs, l'inflation ralentit mais ne baisse pas, nous allons donc remonter au créneau pour demander des augmentations salariales et les revalorisations des minima de grille », indiquait un des chefs de file la semaine dernière après la visioconférence réunissant les numéros 1 des huit syndicats (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa, Solidaires et FSU).

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Dans un contexte de forte inflation - +4,3% en juillet - notamment sur les produits alimentaires (+12,7%), et alors que les boucliers tarifaires sur l'énergie s'arrêtent, l'idée est de lancer un appel aux employeurs pour qu'ils ouvrent, sans tarder, des négociations dans les entreprises et les branches professionnelles. Ces derniers seraient d'ailleurs enclins à le faire. Le budget consacré aux négociations annuelles obligatoires (NAO) devrait bondir de 4,7% en 2023 selon le dernier baromètre du cabinet LHH dévoilé mi-juillet. C'est 0,7 point de plus que lors de la dernière enquête réalisée à la fin de l'année 2022. Il s'agit même « d'un record en dix ans ».

La plupart des catégories professionnelles devraient bénéficier d'une hausse généralisée dans les entreprises interrogées. Trois-quarts des dirigeants ont affirmé qu'ils allaient accorder des augmentations générales pour les ouvriers, les employés et les agents de maîtrise ou encore les techniciens. Chez les cadres, cette proportion atteint les deux tiers. S'agissant des hausses individuelles, « plus de la moitié des salariés des entreprises pratiquant des augmentations individuelles en bénéficient », souligne le cabinet LHH, spécialisé dans les ressources humaines.

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(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 31/08/2023 à 23:31
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Ce sont des augmentations placebo pour faire passer l'inflation. Les dividendes versés aux "investisseurs" sont par contre d'un tout autre niveau !

à écrit le 31/08/2023 à 19:12
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Toute augmentation d'un coté augmente le montant de taxe prélevée d'un autre coté ! La monnaie perd de sa valeur ! ;-)

à écrit le 31/08/2023 à 9:20
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Les outils du dumping social proposés aux propriétaires d'outils de production n'ont jamais été aussi nombreux.

à écrit le 31/08/2023 à 8:51
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ben oui, financer l'inflation par des hausses de salaires, mais bon dieu, mais personne n'y avait pense avant!!!!! sinon, on apprend ca en deuxieme annee macroeconomie, ca s'appelle boucles prix salaires....ca devient vraiment marrant, deja que la fr...

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