« Bonus réparation » : l'aide financière pour faire rapiécer ses vêtements aurait fait économiser 2,3 millions d'euros aux Français

Par latribune.fr  |   |  673  mots
Le « bonus réparation » textile est une aide financière de l'Etat qui permet aux consommateurs de bénéficier de remises lors de réparations auprès de professionnels agréés. (photo d'illustration) (Crédits : © PARABOOT : REGIS DUVIGNAU/REUTERS ; DENIS ALLARD/LEEXTRA)
Lancé en novembre dernier, le « bonus réparation » pour les vêtements et les chaussures aura permis aux Français d'économiser 2,3 millions d'euros après six mois d'existence, selon ce fonds mis en place par l'Etat.

Le « bonus réparation » pour les vêtements et les chaussures a permis aux Français d'économiser 2,3 millions d'euros en six mois. Dans le cadre de ce dispositif lancé en novembre dernier, environ 250.000 réparations ont été effectuées, dont 84% de cordonnerie et 16% de retoucherie, selon une responsable de ce fonds.

Pour rappel, le « bonus réparation » textile (à l'exception du linge de maison et de la lingerie) est une aide financière de l'Etat qui permet aux consommateurs de bénéficier de remises lors de réparations. Ces ristournes ne sont possibles qu'auprès de professionnels agréés. Une remise est alors automatiquement effectuée sur le prix de la réparation - par exemple 7 euros pour un trou, accroc ou déchirure dans un vêtement ou 25 euros pour ressemeler des chaussures en cuir.

Avec « une multiplication des réparations par dix depuis décembre » chez les réparateurs labellisés, c'est un « très bon démarrage », s'est réjouie Elsa Chassagnette de Refashion, l'éco-organisme qui pilote le Fonds réparation et est chargé par le gouvernement d'accompagner l'industrie vers une économie plus circulaire.

Ces bonus sont-ils utilisés par des usagers déjà convaincus par la réparation ou permettent-ils d'attirer une nouvelle clientèle ? « Les témoignages informels (...) de consommateurs ainsi que de réparateurs labellisés tendent à laisser penser que (le bonus) provoque davantage de réparations », répond Elsa Chassagnette.

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Objectif 21,6 millions de pièces d'ici 2028

Le bonus moyen est de 8 euros, ce qui « peut paraître assez bas quand on sait que le bonus va de 6 à 25 euros mais les réparations les plus demandées sont de petites réparations », comme des changements d'embouts de talons pour les chaussures ou des accrocs sur les vêtements.

Selon Elsa Chassagnette, 1.050 boutiques - dont 40% de cordonneries et 60% de retoucheries - permettent aux consommateurs de bénéficier de ce bonus. La liste des professionnels agréés est disponible sur bonusreparation.fr.

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Dans le cadre de la filière REP (responsabilité élargie du producteur), sur le principe du « pollueur-payeur », chaque marque de mode paie une écocontribution à Refashion, ce qui devrait permettre de dégager un milliard d'euros sur la période 2023-2028, dont une partie est allouée au fonds Réparation.

En 2019, 16 millions de pièces (vêtements et chaussures) étaient réparées selon l'Ademe. Refashion espère porter ce chiffre à 21,6 millions d'ici 2028 grâce à ce dispositif.

Le bonus électroménager patine

Le bonus électroménager a de son côté du mal à prendre son envol. Environ 4,4 millions d'euros de bonus réparation ont été distribués en 2023 aux consommateurs pour 178.000 réparations, selon des chiffres au 2 janvier communiqués par le groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils et d'équipement ménager (Gifam).

C'est moins de 10% de l'enveloppe mise à disposition pour ce fonds financé par l'« éco-contribution » incluse dans le prix des appareils neufs, déplorent plusieurs ONG environnementales. Elles regrettent que l'État ait réduit à 10%, contre 20% prévu initialement, le taux plancher de prise en charge du coût des réparations.

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L'argument semble d'autant plus pertinent que le prix des réparations a augmenté de 10 à 15% pour les équipements les plus réparés et en moyenne de 8% tous équipements confondus selon Ibtissam Mozher, analyste socio-économique à l'association de consommateurs CLCV et responsable de l'observatoire du fonds réparation.

Mais à en croire les industriels, le cœur du problème est ailleurs. « Tant qu'on n'a pas plus de réparateurs labellisés, on ne peut pas aller plus vite que la musique », a ainsi expliqué Camille Beurdeley, déléguée générale du Gifam. Quelque 829 entreprises ont été labellisées « Qualirépar » et 4.708 points de réparation sont aujourd'hui disponibles sur le territoire.

(Avec AFP)