« Cent jours » : Borne promet « une distribution plus juste des richesses produites par les entreprises »

Par latribune.fr  |   |  994  mots
Elisabeth Borne, ce mercredi à l'Elysée. (Crédits : Reuters)
La Première ministre Elisabeth Borne dévoilait, ce mercredi, depuis l'Elysée, la feuille de route dont l'a chargée Emmanuel Macron pour donner de la substance aux « cent jours d'apaisement » et « d'action » décrétés par le président jusqu'au 14 juillet. Parmi les annonces, un projet de loi sur l'industrie verte qui sera présenté mi-mai. Il s'agit aussi de tourner la page des retraites et calmer la colère des opposants à la réforme.

[Article publié le 26 octobre et mis à jour à 13H30]

Tourner la page des retraites et faire cesser les concerts de casseroles, c'est ce qui incombait aujourd'hui à la cheffe du gouvernement qui présentait, ce mercredi, sa feuille de route pour les « cent jours d'apaisement » et « d'action » décrétés par Emmanuel Macron. Après la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel, le chef de l'Etat n'a pas cessé d'énumérer ses « chantiers prioritaires » (travail, « justice et ordre républicain et démocratique », « services publics » incluant école et santé).

Ce mercredi, Elisabeth Borne a ainsi détaillé des « solutions concrètes (et) des actions qui changent la vie (des Français) », à l'issue du Conseil des ministres où elle a exposé les mesures. « Je ne crois qu'aux résultats. Nous devons en obtenir dans tous les domaines, et je souhaite qu'ils soient concrets, tangibles, visibles pour les Français », a-t-elle martelé.

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Parmi les mesures, on retrouve, notamment, un projet de loi « industrie verte » qui sera présenté mi-mai. « C'est le sens de la feuille de route pour la décarbonation des grandes filières industrielles et des 50 sites les plus émetteurs », a-t-elle expliqué.

Sur les questions environnementales, elle a proposé « un accompagnement personnalisé » pour la rénovation thermique des logements.

« Une distribution plus juste des richesses produites par les entreprises »

Sur le volet travail, Elisabeth Borne a promis d'obtenir « une distribution plus juste des richesses produites par les entreprises » et s'est fixée pour les trois prochains mois de débattre au Parlement « du projet de loi transposant l'accord entre les partenaires sociaux sur le partage de la valeur ». La Première ministre a également appelé les entreprises « à agir collectivement pour revaloriser les salaires ».

A ce sujet, Emmanuel Macron avait, lui, évoqué un texte de loi transposant « très vite » l'accord national interprofessionnel sur le « partage de la valeur » en entreprise, conclu entre les organisations patronales et syndicales. Il avait également cité un projet « sur France Travail (transformation de Pôle Emploi, NDLR) et sur les lycées professionnels, sur lesquels on doit avancer d'ici l'été » et qui sera porté par le ministre Olivier Dussopt.

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Loi immigration : Emmanuel Macron n'exclut pas un recours au 49.3

Ce mercredi, Elisabeth Borne s'est, en outre, dite « confiante » dans sa capacité à  trouver des majorités projet par projet. « Je suis confiante sur notre capacité à trouver un chemin », a-t-elle assuré à l'issue du Conseil des ministres. « Ma volonté c'est effectivement sur chacun des textes de chercher une majorité », a-t-elle martelé.

Ce qui semble néanmoins plus difficile concernant la loi immigration pour lequel il faudra plus de temps que prévu. Le texte ne sera pas présenté ni examiné avant la rentrée prochaine, a indiqué Elisabeth Borne ce mercredi. Et pour cause : « Aujourd'hui, il n'existe pas de majorité pour voter un tel texte, comme j'ai pu le vérifier hier en m'entretenant avec les responsables des Républicains », dont l'apport est indispensable au gouvernement qui ne dispose à l'Assemblée nationale que d'une majorité relative, a-t-elle reconnu. Après plusieurs revirements sur le véhicule législatif de la loi immigration, l'exécutif a également revu ses plans sur le calendrier. Résultat, le projet ne sera finalement pas inscrit à l'ordre du jour de la session parlementaire actuelle, qui s'achève cet été. « Si nous ne pouvons pas trouver d'accord global, nous présenterons en tout état de cause, un texte à l'automne, avec comme seule boussole, l'efficacité », a conclu la première ministre.

Sur ce volet, Emmanuel Macron a prôné « un seul texte » pour « durcir nos règles » en matière d'expulsion tout en améliorant l'intégration. Écartant ainsi l'hypothèse d'un projet découpé en plusieurs textes pour faciliter son adoption, comme il l'avait lui-même évoqué il y a un mois. Mais, « je ne sais pas vous dire quel sera le chemin. Il faut construire une majorité politique », a-t-il dit, interrogé sur l'éventualité d'une adoption au 49.3. Il « fait évidemment partie des hypothèses », a jugé mardi Olivier Dussopt. Même si, sur la loi immigration, il faudra « tout faire pour l'éviter », a ajouté le ministre du Travail, engagé sur ce texte aux côtés du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Elisabeth Borne, quant à elle, s'est opposée à recourir au recours à cet article pour faire passer cette loi. Interrogée à ce sujet, ce mercredi, elle a seulement évoqué son « objectif » de trouver des accords au cas par cas à l'Assemblée.

L'exécutif pourrait aussi choisir de contourner l'obstacle, en dévoilant également des mesures réglementaires. Elisabeth Borne en a esquissé la voie, en annonçant par exemple la semaine dernière la division par deux du délai d'obtention de titres d'identité, une des fameuses « solutions concrètes » vantées par la Première ministre.

Pour montrer néanmoins que l'exécutif agit sur cette « priorité », qu'est l'immigration, sans attendre une loi, Elisabeth Borne a annoncé la mobilisation « dès la semaine prochaine » de « 150 policiers et gendarmes supplémentaires dans les Alpes-Maritimes » pour faire « face à une pression migratoire accrue à la frontière italienne ».

L'intersyndicale prépare le 1er mai

Cette nouvelle séquence doit permettre à Emmanuel Macron d'apaiser le climat social, alors qu'il ne peut plus faire un déplacement sans être accueilli par un concert de casseroles. Reste à savoir si la méthode qui rappelle l'idée du « grand débat national » choisi pour calmer la fronde des Gilets jaunes en 2018, suffira à convaincre les oppositions. Le chef de l'Etat promet de faire le bilan de la méthode « le 14 juillet » prochain. Dans l'immédiat, l'intersyndicale, de son côté, prépare les manifestations du 1er mai dont elle souhaite faire une démonstration de force. « Ça peut être le baroud d'honneur », estime un ministre.

 (Avec AFP)