Le président de la République a-t-il convaincu les Français ? Difficile pour l'heure de répondre. En revanche, ils sont nombreux à l'avoir écouté depuis leur poste de télévision. Près de 15,1 millions de téléspectateurs pour l'allocution d'Emmanuel Macron lundi 17 avril à 20 heures, selon Médiamétrie.
Cela représente 69,5% de part d'audience, ce qui signifie que près de 7 personnes sur 10 qui étaient devant la télévision à ce moment-là regardaient l'allocution. Lundi soir, son allocution de 13 minutes environ a été diffusée par TF1, France 2, M6, TMC et les chaînes info BFMTV, CNews, LCI et France info. Dans le détail, c'est TF1 qui a réuni le plus de téléspectateurs (5,9 millions, 27% de part d'audience).
À titre de comparaison, dans un format similaire, 15,5 millions de téléspectateurs toutes chaînes confondues avaient suivi la précédente allocution du président de la République, en juin dernier. Il s'exprimait alors pour la première fois depuis la perte de sa majorité absolue aux élections législatives.
Dans un format différent - une interview, et non une allocution -, 11,5 millions de téléspectateurs avaient regardé l'intervention télévisée d'Emmanuel Macron le 22 mars à 13 heures, déjà en pleine contestation de la réforme des retraites.
Le patronat reçu à l'Elysée
Cette prise de parole n'était toutefois pas anodine. Elle intervient alors que le Conseil constitutionnel a rendu sa décision sur la réforme des retraites vendredi dernier. Le texte a ensuite été rapidement promulgué. Si les Sages du Palais-Royal ont validé l'essentiel de la réforme, et le passage de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, le mouvement social, lui, ne semble pas parti pour faiblir. Invités à l'Elysée, les syndicats ont décliné la proposition, tandis que les représentants du patronat seront reçus à partir de 11 heures ce mardi 18 avril.
Tentant depuis plusieurs semaines de redonner une dynamique à son quinquennat plombé par le rejet de la rue de la réforme des retraites adoptée par 49.3, le président de la République s'est donné « cent jours » pour agir « au service de la France ». Depuis l'Elysée, il est revenu sur la réforme des retraites, la jugeant « nécessaire », tout en disant « regretter » qu'elle n'ait pas été « acceptée ».
Lancement de nouvelles concertations
Déterminé à reprendre l'initiative, il a surtout esquissé une « feuille de route » que sa Première ministre détaillera « la semaine prochaine ». Alors qu'elle apparaissait menacée, Elisabeth Borne obtient ainsi un sursis de trois mois, et aucun remaniement n'est prévu dans l'immédiat. Pendant cette période, il a fixé trois chantiers : le travail, la justice et de l'ordre républicain et démocratique, et enfin, le progrès.
Reste à savoir si la méthode, lançant de nouvelles concertations avec diverses parties prenantes partout en France « dans les territoires », et qui rappelle l'idée du « grand débat national » choisi pour calmer la fronde des gilets jaunes en 2018, suffira à convaincre les oppositions. Le chef de l'Etat promet de faire le bilan de la méthode « le 14 juillet » prochain. Dans l'immédiat, le prochain test de la rue aura lieu le 1er mai, une fête du Travail particulière. Ce sera la treizième journée de mobilisation après trois mois de conflit social.
(Avec AFP)