Taubira : "Je quitte le gouvernement sur un désaccord politique majeur"

Par Nabil Bourassi  |   |  474  mots
Christiane Taubira était de plus en plus contestée pour sa position contre la déchéance de nationalité.
L'Elysée a annoncé la démission de Christiane Taubira, ministre de la Justice. Elle sera remplacée par Jean-Jacques Urvoas, jusqu'ici président de la commission des lois à l'Assemblée nationale. Cette décision est consécutive à la volonté de l'exécutif d'inclure dans la réforme constitutionnelle la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français convaincus d'actes de terrorisme.

Publié le 27/01/2016 à 09:40. Mis à jour le 27/01/2016 à 15:57.

Sa démission était en débat depuis l'éclatement de la polémique entourant la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français. C'est chose faite: Christiane Taubira a démissionné de son poste de ministre de la Justice.

La désormais ex-garde des Sceaux a toujours milité contre l'inscription de la déchéance de nationalité pour faits de terrorisme, dans la Constitution. Elle n'était pas parvenue à convaincre François Hollande de renoncer à cette initiative qui a créé une forte division au sein du gouvernement mais également de la majorité socialiste.

A droite, la mesure n'a pas non plus fait l'unanimité. Il y a une semaine, une vingtaine de députés Les Républicains ont signé une lettre commune faisant savoir qu'ils ne voteront pas la réforme constitutionnelle prévue par le gouvernement. Celle-ci prévoit également l'inscription de l'Etat d'urgence.

     >> Lire aussi : Budgets, peines, effectifs : le bilan de Christiane Taubira à la justice en 4 graphiques (in Le Monde 27.01.2016)

Jean-Jacques Urvoas a réécrit l'article sur la déchéance de nationalité

L'Elysée a annoncé qu'elle sera remplacée par Jean-Jacques Urvoas, le président de la Commission des lois de l'Assemblée nationale, juriste de formation et ex "monsieur sécurité du PS". Il a été nommé rapporteur du projet de loi constitutionnel. Il avait été également chargé avec Dominique Raimbourg de réécrire l'article 2 du projet de loi évoquant la déchéance de nationalité.

Auparavant, il a notamment préparé la loi qui a légalisé en 2015 les pratiques clandestines des services de renseignement pour lutter contre la menace terroriste en France.

Jean-Jacques Urvoas, 56 ans, a un long parcours de militant socialiste.  C'est lui qui avait construit le programme électoral du PS en matière de sécurité avec pour objectif de gommer la réputation d'angélisme qui collait à la peau du parti. Très proche de Dominique Strauss-Kahn, il avait notamment proposé la création des "zones de sécurité prioritaires" (ZSP), dont... Manuel Valls a fait l'une des principales vitrines de son action lorsqu'il était ministre de l'Intérieur.

     >>Lire aussi : Qui est Jean-Jacques Urvoas, le "Monsieur sécurité" du Parti Socialiste

"Je choisis d'être fidèle à moi-même"

Devant la presse, mercredi après-midi, avant la passation de pouvoir avec son successeur, Jean-Jacques Urvoas, Christiane Taubira a déclaré:

"Je quitte le gouvernement sur un désaccord politique majeur. Je choisis d'être fidèle à moi-même, à mes engagements, à mes combats, à mon rapport aux autres."

Faisant un bilan de son mandat de ministre de la Justice, elle a avancé:

"Le budget de la justice n'a cessé d'augmenter. Nous avons accompli un travail législatif considérable. Nous avons porte cette belle loi d'égalité : le mariage pour tous."