Cinq patrons français ont touché plus de 10 millions d'euros, une première en 10 ans

Par latribune.fr  |   |  592  mots
Notons par ailleurs que les trois patrons du CAC 40 les mieux payés (Scheider Electric, Sanofi et Renault) sont également ceux dont les rémunérations ont obtenu le score d'approbation les plus faibles auprès des actionnaires (respectivement 63%, 46% et 58%).
Les patrons des 120 plus grandes entreprises françaises (SBF 120) ont vu leur rémunération augmenter en moyenne de 20%. Et ce alors que les performances économiques des entreprises ne connaissaient pas une telle hausse, selon le cabinet de conseils Proxinvest.

Année faste pour les patrons des 120 plus importantes entreprises françaises. La rémunération moyenne des présidents exécutifs du SBF 120 a atteint un record de 3,5 millions d'euros en 2015 (20% de plus qu'en 2014) et celle des patrons du CAC 40 s'élève à 5 millions d'euros (+18% par rapport à l'année d'avant), selon un rapport publié par Proxinvest le 9 novembre. Mais surtout, note la société de conseils, pas moins de cinq patrons français ont vu leur rémunération dépasser les 10 millions d'euros. Un fait rare qui n'était pas arrivé depuis 2005.

  • Le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, arrive en tête avec 16,8 millions, dont 7,2 millions de "primes de bienvenue" octroyées sous la forme d'indemnités et d'actions gratuites de performance.
  • Gilles Gobin, fondateur de Rubis arrive en deuxième position (16,4 millions). La rémunération déclarée par la société pour son dirigeant n'est toutefois que 2,3 millions, note Proxinvest. Le rapport explique que Gilles Gobin "a bénéficié de la quote-part d'un dividende d'associé commandité égal à 3% de la hausse de la capitalisation boursière sur l'année qui, ajoutée à la rémunération déclarée par la société, fait grimper le coût total à 16,4 millions d'euros".
  • Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan (15,6 millions), n'arrive qu'à la troisième place. Le niveau de rémunération que ce dernier a touché à la tête de Renault a été rejeté au printemps dernier par les actionnaires, amenant le constructeur automobile français à en réduire de 20% la part variable au titre de 2016.
  • Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes (5e), voit sa rémunération totale augmenter de 31% et atteindre 14,1 millions d'euros grâce à un programme "d'association au capital". Il est le plus gros bénéficiaire d'actions gratuites parmi les dirigeants du SBF 120.
  • Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric arrive en cinquième place en raison de l'abandon de son régime de retraite supplémentaire. En effet, l'augmentation de 86% de sa rémunération totale, qui a atteint 10,4 millions d'euros, pour 2015, s'explique principalement par la compensation financière liée à cette renonciation.

Des rémunérations pas toujours en accord avec les performances

Le cabinet fait état de ses réserves sur ces augmentations au regard des performances économiques des sociétés en 2015. L'indice CAC 40 a progressé de 8,5% en 2015, le chiffre d'affaire cumulé a baissé de 3%, quand le résultat opérationnel et les bénéfices nets cumulés ont reculé de 7% et 11% respectivement, souligne-t-il.

Notons par ailleurs que les trois patrons du CAC 40 les mieux payés (Scheider Electric, Sanofi et Renault) sont également ceux dont les rémunérations ont obtenu le score d'approbation les plus faibles auprès des actionnaires (respectivement 63%, 46% et 58%). Jeudi 10 novembre, le conseil d'Alstom a d'ailleurs décidé de passer outre le vote négatif de ses actionnaires (à 62%) et de l'État et de confirmer la rémunération de son ex-PDG Patrick Kron, parti en janvier avec plus de 6,5 millions d'euros. Les choses devraient changer dans les années à venir puisque le vote des actionnaires, qui n'avait jusqu'ici qu'un effet consultatif devrait devenir contraignant d'après un amendement au projet de loi Sapin II voté par les députés le 10 juin. Mais d'ici à ce que ce projet de loi ne soit définitivement adopté, les patrons peuvent dormir sur leur confortable matelas de billets.

>> Lire Rémunération des dirigeants : le vote des actionnaires va devenir "impératif"

(L. P. avec Reuters)