Colère agricole : Macron monte au front, un débat programmé samedi au Salon de l'agriculture

Par latribune.fr  |   |  649  mots
« L'ensemble des acteurs pourront donner leur point de vue, faire des propositions, confronter des idées », a indiqué la présidence. (Crédits : © Eliot Blondet/ABACAPRESS)
La présidence de la République promet que tous les acteurs du monde agricole pourront faire valoir leur point de vue, et confronter leurs idées, samedi, lors du déplacement d'Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture. Malgré les annonces du gouvernement mercredi, les agriculteurs restent très mobilisés, et dans l'attente d'une prise de parole du chef de l'Etat.

[Article publié le jeudi 22 février 2024 à 17h30 et mis à jour à 18h00] Le président de la République monte au front. Après avoir rencontré les syndicats en début de semaine, Emmanuel Macron va participer à un débat avec « l'ensemble des acteurs du monde agricole », agriculteurs, industriels, grande distribution et ONG, samedi lors de son déplacement Salon de l'Agriculture, « pour esquisser l'avenir » de la filière, a annoncé l'Elysée ce jeudi.

« L'ensemble des acteurs pourront donner leur point de vue, faire des propositions, confronter des idées », a indiqué la présidence.

Le débat qui va durer au moins deux heures, se veut « ouvert, franc et transparent », « sans filtre », « dans un état d'esprit républicain ». Le président de la République souhaite « vraiment que la parole soit libre », a souligné l'Elysée. L'exercice n'est pas sans rappeler les grands débats organisés en pleine crise des « gilets jaunes » en 2019. Il aura lieu sur un « ring », traditionnel lieu de présentation des animaux, au salon.

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« Refixer un cap »

Plusieurs centaines de personnes sont attendues, dont les représentants des principaux syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne, etc.), de la grande distribution (Lidl, Leclerc...) et des industriels tels que le transformateur de viande Bigard. Plusieurs responsables d'associations environnementales sont également invités, a ajouté l'Elysée. La présidence a ainsi cité Réseau Action Climat, Générations futures et même les Soulèvements de la Terre, collectif que l'exécutif voulait dissoudre avant que la décision ne soit annulée par le Conseil d'Etat.

« Le président (Emmanuel Macron) aura l'occasion de refixer un cap pour l'agriculture française à horizon 2030 en conclusion de ce débat », a précisé un conseiller présidentiel.

Cette annonce intervient alors que les agriculteurs, en colère depuis plusieurs semaines, restent plus que jamais mobilisés à l'approche de ce grand rendez-vous annuel. Mercredi, Gabriel Attal a d'ores et déjà fait un point d'étape, lors d'une conférence de presse à Matignon.

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Les syndicats dans l'attente

Mais les deux premiers syndicats agricoles sont restés sur leur faim après le discours du Premier ministre, qui a placé l'agriculture au rang « des intérêts fondamentaux de la Nation » : ils attendent encore un « calendrier clair » et des avancées concrètes sur le revenu des agriculteurs.

La FNSEA a salué « des avancées certaines », mais « attend toujours un calendrier clair, sur le plan élevage par exemple », avait-il déclaré mercredi à l'AFP Yohann Barbe, porte-parole de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).

Le Premier ministre « a clairement fixé un cap, mais il faut que cela se traduise. Le projet de loi d'orientation ne cesse d'être modifié, on ne sait pas trop où on en est. On veut des orientations claires : comment va se traduire la souveraineté dans les installations, les transmissions de fermes? », avait-il insisté.

« On attend des annonces claires du président de la République au Salon de l'agriculture », avait-il ajouté.

De son côté, la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h, avait dit regretter que le Premier ministre n'ait pas annoncé une « année blanche », avec suspension des remboursements des prêts pour soulager la trésorerie des agriculteurs.

« Annoncer des prêts bonifiés pour les viticulteurs en Occitanie, c'est bien, mais c'est pour tous les agriculteurs qu'on le demande », avait-elle asséné à l'AFP.

« Le Premier ministre affirme que l'objectif souveraineté agricole et alimentaire sera inscrit dans le futur projet de loi d'orientation agricole, avec un cap : produire plus. De quoi parle-t-on ? Avant de produire plus, on veut savoir combien on va gagner », avait-elle martelé.

(Avec AFP)