Colère des agriculteurs : Macron appelle à un Egalim européen et à renforcer le contrôle des négociations

Par latribune.fr  |   |  578  mots
Lors de son allocution ce jeudi, le président de la République a affirmé vouloir renforcer les contrôles des « plus gros industriels » et des « plus gros distributeurs ». (Crédits : Reuters)
Quelques heures après de nouvelles annonces du gouvernement pour tenter de répondre à la colère des agriculteurs, Emmanuel Macron s'est exprimé en direct de Bruxelles. Au cœur de son discours : mettre en place un Egalim européen pour permettre aux agriculteurs de peser dans les négociations commerciales.

Face à la colère des agriculteurs français, Emmanuel Macron a pris la parole en fin de journée ce jeudi, une première depuis le début des manifestations. En direct de Bruxelles, ce dernier a notamment appelé à la mise en place d'un « Egalim européen » et à « s'assurer au niveau de l'Europe qu'il n'y a pas un contournement de ce que nous avons fait au niveau français par ces grandes centrales d'achat européennes ».

Pour rappel, les deux premières lois, dites Egalim 1 et 2, adoptées en 2018 et en 2021 visaient à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroces entre supermarchés d'une part, et distributeurs et fournisseurs de l'agro-industrie d'autre part. Mais les syndicats agricoles accusent certains distributeurs de négocier leurs produits au travers de centrales d'achats situées en dehors de France pour faire baisser les prix de vente des industriels et, in fine, des agriculteurs. « Ce que nous avons vu ces dernières années, c'est certains distributeurs qui se sont organisés au niveau européen par des centrales d'achats et qui avec ces dernières cherchent à contourner la loi française », a notamment rappelé Emmanuel Macron ce jeudi.

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En dehors de la question d'une harmonisation européenne, le Président a affirmé vouloir renforcer les contrôles des « plus gros industriels » et des « plus gros distributeurs ». Il promet une posture « intraitable » du gouvernement. Selon lui, renforcer l'efficacité d'Egalim va « permettre de défendre le revenu des agriculteurs et que la rémunération juste de leur travail descende dans la cours de ferme ».

Plus de contrôles et de sanctions à l'échelle française

Plus tôt ce jeudi, dans une conférence de presse organisée par le Premier ministre Gabriel Attal, ce dernier a affirmé vouloir « accélérer sur le respect de la réglementation Egalim ». La loi Egalim sera ainsi renforcée pour protéger la rémunération des agriculteurs.

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A ce sujet, lors de la même conférence de presse, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a promis « une phase de contrôle massive avec pour objectif de socler le prix des matières premières agricoles ». 150 agents de la DGCCRF sont ainsi mobilisés dans toute la France pour mener ces contrôles qui seront multipliés par deux par rapport à 2023.

Les sanctions pourront aller jusqu'à 2% du chiffre d'affaires, a expliqué le ministre de l'Economie, selon qui, quatre procédures de pré-injonctions ont déjà été lancées contre quatre industriels. « Un produit agricole estampillé origine française doit l'être réellement », a-t-il également insisté, précisant que des sanctions sont également prévues dans ce cas.

 Vers la fin des surtranspositions

Lors de son discours, le Président est aussi revenu sur l'application des normes européennes au sein de l'Hexagone. Ce dernier s'est positionné contre la surtransposition, c'est-à-dire l'application plus stricte des normes européennes en France que dans le reste de l'Europe. « Nous allons poursuivre ce travail, il y a encore des points à améliorer », a reconnu le chef d'Etat.

Concernant les nouvelles normes que la France mettrait en place avant Bruxelles, « Emmanuel Macron souhaite que nous adapterons les choses pour que la France aille toujours au rythme européen et pas plus vite ».

(Avec AFP)