Agriculteurs : à Bruxelles, Macron se félicite que l'accord avec le Mercosur n'ait « pas été conclu à la va-vite »

Au terme d'un Conseil européen extraordinaire à Bruxelles, ce jeudi, la Commission européenne a confirmé amorcer plusieurs chantiers relatifs à l'agriculture, dans l'objectif de calmer la grogne exprimée par les exploitants du Vieux continent. Lors d'une conférence de presse, Emmanuel Macron est notamment revenu sur la politique agricole commune (PAC) et a réaffirmé sa stricte opposition à l'accord de libre-échange avec le Mercosur, deux sujets inflammables.
Lors d'une conférence de presse, il s'est félicité que l'accord UE-Mercosur n'ait « pas été conclu à la va-vite » (Photo d'illustration).
Lors d'une conférence de presse, il s'est félicité que l'accord UE-Mercosur n'ait « pas été conclu à la va-vite » (Photo d'illustration). (Crédits : POOL)

[Article publié le jeudi 1er février 2024 à 07H21 et mis à jour à 18H10] Une journée au sommet paraît arriver à son terme, ce jeudi après-midi, à Bruxelles. Un Conseil européen extraordinaire s'est tenu. Objectif, revenir en détail sur le budget de l'Union européenne - et notamment sur une enveloppe supplémentaire accordée à l'Ukraine. Difficile, toutefois, de faire abstraction de la crise agricole. D'autant plus qu'un millier de tracteurs, venus de toute l'Europe, ont bloqué les rues de la capitale belge.

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En fin d'après-midi, le président français a pris la parole lors d'une conférence de presse. « Nous vivons une crise agricole en Europe, et ce, depuis de nombreux mois, a souligné Emmanuel Macron. (...) Nous voyons partout en Europe, des mouvements de contestations monter. »

« Nous avons fait beaucoup pour notre agriculture en Europe, et en France, d'abord en défendant une politique agricole commune, qui n'était pas acquise, a-t-il poursuivi, citant le chiffre de 9 milliards d'euros d'aides par an, et énumérant les dispositifs mis en place en France. (...) Nous ne devons pas sous-estimer que l'accélération et l'instabilité géopolitique (...) ont conduit à des perturbations massives, qui touchent profondément le modèle agricole européen. Et c'est à cela que nous sommes touchés. »

Produire davantage ? Une « nécessité », estime Macron

Pandémie de coronavirus, guerre en Ukraine... Aux yeux du locataire de l'Elysée, ces facteurs constituent de facto une raison supplémentaire de changer le modèle agricole européen. Il a ainsi réclamé à l'exécutif bruxellois la mise en œuvre d'un « Egalim européen ». Le principe ? Faire en sorte qu'il n'y ait pas de « contournement de ce qui a été fait au niveau français par ces grandes centrales d'achat européennes », a-t-il explicité.

Certains distributeurs se sont organisés à l'échelle européenne via des centrales d'achat, et cherchent, grâce à celles-ci à contourner la loi française, a-t-il pointé.

Lors de ses échanges avec Ursula von der Leyen, le président français a également demandé à la Commission européenne d'aboutir « à des simplifications concrètes et tangibles dès la fin du mois de février » en faveur des agriculteurs. En parallèle, Emmanuel Macron a exigé « la mise en place d'une force européenne de contrôle sanitaire et agricole » pour « éviter » la « concurrence déloyale » entre pays membres de l'Union européenne. L'enjeu ? Assurer une « souveraineté alimentaire ».

« Nous veillerons que nos agriculteurs puissent continuer de produire et assumer que la production, et davantage de production, est une nécessité dans le monde dans lequel nous vivons », a-t-il justifié.

Le chef de l'Etat est également revenu sur les autres mesures, amorcées la veille par l'exécutif européen (limitation des importations ukrainiennes, jachères...). Il s'est aussi félicité que l'accord UE-Mercosur n'ait « pas été conclu à la va-vite », et a réaffirmé la position de la France, de stricte opposition à l'accord de libre-échange.

« On demande simplement que les règles environnementales et sanitaires soient les mêmes [pour tous] sinon ce n'est pas juste. La position française est une position de clarté. »

La PAC sous le feu des critiques

Ses déclarations interviennent quelques heures après la prise de parole de la présidente de la Commission européenne.

« Nous allons travailler avec la présidence belge du Conseil de l'UE sur une proposition que nous allons présenter (...) pour réduire le fardeau administratif » de la Politique agricole commune (PAC), avait anticipé Ursula von der Leyen.

La PAC fait, en effet, l'objet de vives critiques pour sa complexité. Notamment dans son application concrète au niveau de chaque pays membres, à commencer par la France. Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, avait d'ailleurs appelé la veille Bruxelles à « simplifier » rapidement ses procédures.

« On ne peut avoir une PAC qui soit à ce point complexe et incompréhensible, parfois tant pour nos administrations que nos agriculteurs. On a besoin de s'engager résolument dans la voie de la simplification », a-t-il dénoncé.

« Vous avez des agriculteurs aujourd'hui qui ne savent pas le pourquoi des aides qu'ils touchent. Il ne s'agit pas d'attendre la nouvelle PAC post-2027 », a-t-il ajouté. Il a ainsi évoqué « les dérogations, les formulaires à remplir, les attestations réclamées » même quand un contrôle satellitaire est prévu - ce « qui pourrait permettre d'alléger les procédures ».

Autre écueil : la PAC 2023-2027 accorde des « flexibilités » accrues aux Etats pour s'adapter aux spécificités locales, au risque d'avoir des normes plus ou moins complexes et strictes d'un pays à l'autre, une potentielle concurrence intérieure.

Bruxelles fait des concessions

Bruxelles a déjà fait des concessions mercredi : l'exécutif européen a proposé de renouveler pour une année supplémentaire, entre juin 2024 et juin 2025, l'exemption de droits de douane accordée à l'Ukraine depuis le printemps 2022 pour soutenir le pays en guerre. Mais en l'assortissant de « mesures de sauvegarde » renforcées, limitant l'impact des importations de produits agricoles ukrainiens. Ceux-ci ont bondi de 11% en valeur sur un an en janvier-septembre 2023.

Sur les obligations de jachères imposées par la nouvelle Politique agricole commune (PAC) entrée en vigueur début 2023, Bruxelles propose aux Vingt-Sept une « dérogation partielle » leur permettant de toucher les aides, même sans respecter la proportion d'au moins 4% de terres arables en jachères.

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Les céréaliers français des droits de douanes

Si, selon l'Elysée, la Commission européenne a « répondu aux demandes de la France », cette dérogation intervient « tardivement » et reste « limitée », avait toutefois regretté le Copa-Cogeca, organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l'UE. Les céréaliers français veulent voir réinstaurer des droits de douanes au-delà d'un quota d'importations d'Ukraine.

« On est extrêmement déçus. Le problème est crucial pour les céréales. Entre 2021 et 2023, les importations de blé ukrainien dans l'Union européenne ont été multipliées par vingt. On est passé de 215.000 tonnes de blé en 2021 à 5 millions de tonnes en 2023 », avait déclaré, de son côté, à l'AFP Eric Thirouin, le président de l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB).

Mercosur : Bruno Le Maire prêt à un « bras de fer » avec la Commission

Autre sujet de friction majeur : un accord de libre-échange, avec les pays d'Amérique du Sud. En charge de la politique commerciale des Vingt-Sept, la Commission négocie actuellement un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) qui inquiète le secteur agricole, et dont Paris déclare ne pas vouloir.

Ce traité avec d'importants pays agricoles « n'est pas bon pour nos éleveurs et ne peut pas, ne doit pas être signé en l'état », a déclaré mercredi le ministre de l'Economie français Bruno Le Maire, se disant prêt à un « bras de fer » avec la Commission.

Cette dernière avait déclaré, la veille, qu'« à l'heure actuelle, l'analyse de la Commission est que les conditions pour conclure des négociations avec le Mercosur ne sont pas réunies ». Mais « les discussions continuent et l'Union européenne continue à poursuivre son objectif d'atteindre un accord qui respecte les objectifs de l'UE en matière de durabilité et qui respecte nos sensibilités, notamment dans le domaine agricole », avait-il néanmoins précisé.

Commentaires 23
à écrit le 01/02/2024 à 21:21
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Quel charlot. Super menteur est aussi une girouette.. Il les trahira il sait faire que ca

le 02/02/2024 à 9:57
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mais il a a promis a mme von der leyen que le lendemain du vote europeen il signerait cet accord c'est le dill

à écrit le 01/02/2024 à 18:27
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Bonjour, une grande partis de la population souhaitant cette accords avec l'Amérique du sud .non seulement nous pourrons manger du bœuf argentins, l'huile de palme du Brésil sera bienvenue dans la réalisation de carburant synthétique... Bien sur, ...

à écrit le 01/02/2024 à 18:24
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Agriculteurs vous avez allumé la mèche de la dynamite. A l'autre bout se situe le batton de la dynamite composé des citoyens consommateurs. La situation économique de ceux-ci, en plus de l'inflation actuelle, va se dégrader et gare à l'explosi...

à écrit le 01/02/2024 à 17:50
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Quand l'acte n'est pas la référence, la parole ne coûte rien ! ;-)

à écrit le 01/02/2024 à 15:59
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Leur colère les agriculteurs devrait la tournée vers la fnsea qui les a trahi depuis plusieurs années en commençants par nommer à sa tête Xavier Beulin et aujourd'hui Arnaud rousseau qui sont ou ont été plus des négociants ou industriels qu'exploita...

à écrit le 01/02/2024 à 14:02
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Mélangez les causes et les conséquences et vous obtiendrez une belle histoire médiatique ! Qui de l'œuf ou de la poule? ;-)

à écrit le 01/02/2024 à 11:58
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les gros céréaliers empêchent les petits de s'installer , touchent de grosses subventions dont ils n'ont pas besoin GENRE LE Prince DE Monaco, critiquent l'importation MAIS achètent des tracteurs etrangers alors Mr ATTAL vous attend ne donnez plus...

à écrit le 01/02/2024 à 10:32
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Comme dit précédemment le problème c est la division et délocalisation des tâches de travail dans un mécano mondial qui engendre à la fois un plafonnement des prix de production et une inflation de coûts des intermédiaires nationaux/ internationaux...

à écrit le 01/02/2024 à 10:10
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C'est bien de soutenir l'Ukraine, mais ça commence à coûter bonbon. Pour des gens qui ressemblent beaucoup aux Russes, finalement, alors que ceux-ci ne sont vraiment plus présentables. Selon la presse Murdoch et nos médias français bien pensants. ...

le 01/02/2024 à 11:54
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@Asimon - Ça coûtera un bonbon de plus quand les Russes feront la loi en Europe. En ces temps là il n'y aura même plus de bonbons.😅

le 01/02/2024 à 13:27
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"l'Ukraine n'a même pas décrété de mobilisation générale" Ils ont envoyé principalement les "vieux" de 40/45 ans qui était côté Est de l’Ukraine le plus proche de la Russie pour combattre sans les remplacer depuis d’où les manifs actuelles des fam...

à écrit le 01/02/2024 à 10:07
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en effet. a lire * les industriels et le prince de Monaco aidés par BRUXELLES ! ( les grands céréaliers )

à écrit le 01/02/2024 à 10:01
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Le monde n'attend pas les produits agricoles europeens trop cher sans ces subventions. La principale raison des accords commerciaux. La production européenne dépasse largement la demande européennes. Les dockers feraient mieux de trouver d'autres emp...

à écrit le 01/02/2024 à 9:28
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"Un millier de tracteurs bloquaient ainsi, ce jeudi, plusieurs rues de la capitale belge aux abords d'un Conseil européen extraordinaire, confirmé un porte-parole de la police, précisant que ces agriculteurs provenaient essentiellement de Belgique". ...

le 01/02/2024 à 10:12
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Darmanin fait son boulot, et il le fait bien. Criez à la dictature policière si ça vous chante.

le 01/02/2024 à 10:35
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"Darmanin fait son boulot, et il le fait bien" Je rebondis parce qu'il m'a fait marrer avec sa déclaration:"Je n'envoie pas les CRS aux gens qui travaillent !" Dommage franchement que ce n'était pas lui le ministre durant les gilets jaunes il y aurai...

le 01/02/2024 à 15:07
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@Asimon Je dirais plutôt une dictature macroniste qui utilise la police à ses fins pour protéger non pas le pays ni la capital ou Rungis ,mais ses fesses.

à écrit le 01/02/2024 à 9:10
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L'Union Européenne s'adapte médiatiquement et réforme en catimini, sous couvert de soi-disant élue qu'il nous impose ! Leur credo: "gagner du temps en le faisant perdre aux populations !

le 01/02/2024 à 10:12
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L Union européenne n est pas le problème en soi ça est son fonctionnement vérolé par les lobbys et intermédiaires … quand ce ne sont pas les états hors Europe: Maroc, Turquie, Qatar, Arabie saoudite, Usa, Chine le tout arrosé à la propagande russe de...

le 01/02/2024 à 10:32
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L Union européenne n est pas le problème en soi ça est son fonctionnement vérolé par les lobbys et intermédiaires … quand ce ne sont pas les états hors Europe: Maroc, Turquie, Qatar, Arabie saoudite, Usa, Chine le tout arrosé à la propagande russe de...

à écrit le 01/02/2024 à 7:54
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"Vous avez des agriculteurs aujourd'hui qui ne savent pas le pourquoi des aides qu'ils touchent" Non c'est pas ça, c'est qu'il y a de nombreux petits agriculteurs qui ne savent pas pourquoi eux ne touchent pas d'aides. tandis que les gros eux les tou...

le 01/02/2024 à 8:31
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le constat est que bruxelles doit degager un bon nombre de petit gris et surtout changer sa vision de l'europe et revenir a l'europe des peuples et pas celle de la finance qui vote le citoyen ou le billet de banque

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