Agriculteurs : après les annonces d'Attal, la FNSEA appelle à la levée des barrages, la Confédération paysanne hésite

Quelques heures après un nouveau discours du Premier ministre, annonçant de nouvelles mesures pour les agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appellent à suspendre les blocages, tandis que la Confédération paysanne ne semble pas convaincue. Les agriculteurs, qui avaient commencé à bloquer Paris, se dirigent maintenant vers Bruxelles.
Avant le Salon de l'agriculture, « on a quinze jours pour regarder si tout ça c'est sérieux, c'est crédible, ça tient la route », a déclaré Arnaud Rousseau.
Avant le Salon de l'agriculture, « on a quinze jours pour regarder si tout ça c'est sérieux, c'est crédible, ça tient la route », a déclaré Arnaud Rousseau. (Crédits : Blondet Eliot/ABACA via Reuters Connect)

[Article publié jeudi 1er février 2023 à 16h16, mis à jour à 17h28] Levée des barrages en vue ? C'est en tout cas le scénario qui semble émerger au vu des réponses des syndicats agricoles aux nouvelles annonces faites par le gouvernement ce jeudi matin.

Quelques heures après le discours de Gabriel Attal et l'annonce d'un total de 400 millions d'euros d'aides promis à l'agriculture française, le président de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, a salué « des avancées tangibles (et) l'écoute » du Premier ministre « pour essayer de comprendre ce que sont nos enjeux, nous recevoir, échanger, discuter et finalement annoncer en plusieurs salves des mesures d'urgence ». Aux côtés de son homologue du syndicat Jeunes agriculteurs, il a néanmoins reconnu qu'« il y a aussi des choses qui ne sont pas au rendez-vous et qu'il faudra éclairer ».

En conséquence, les deux hommes ont appelé à lever les blocages.

« Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), il faut qu'on change de modes d'action et donc nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation », a indiqué le président des JA Arnaud Gaillot, aux cotés du patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

La Confédération paysanne peu convaincue

De son côté, la Confédération paysanne ne semble pas véritablement convaincue. « Pour le moment, on reste extrêmement mobilisés sur les points de blocage », a indiqué sa porte-parole Laurence Marandola. Pour la suite à donner à la mobilisation, « on va y réfléchir dans les heures qui viennent ».

Et pour cause, sur les prix payés aux agriculteurs et leurs revenus en tant que tels, « on n'a rien entendu », a déploré Laurence Marandola. « On n'a rien sur l'interdiction de vente à perte, on n'a pas un engagement pour que enfin tous les agriculteurs français puissent être rémunérés afin que les coûts de production, le temps de travail et la protection sociale soient couverts », a-t-elle ajouté.

Par contre, « on a entendu des reculs forts sur les questions environnementales », a estimé Laurence Marandola. Et pour le syndicat, trois « lignes rouges » ont été franchies, selon la porte-parole: sur les OGM, le gouvernement s'étant engagé à soutenir les nouvelles techniques génomiques (NGT), sur la viande de synthèse, que le gouvernement veut mieux définir mais pas interdire, et sur la question de l'eau, « pas un mot » n'ayant été dit « sur la préservation et le partage de l'eau ».

 Bruxelles, nouvelle cible des agriculteurs

Surtout, les représentants des syndicats ont pointé un nouvel ennemi commun : Bruxelles. « Dans le même temps, nous nous interrogeons sur la surdité de l'Europe », a ajouté Arnaud Rousseau à l'occasion d'une conférence de presse après l'annonce par le gouvernement de nouvelles mesures en faveur des agriculteurs, évoquant « l'incompréhension grandissante entre une technostructure murée dans ses bureaux à Bruxelles et les réalités de ce que nous vivons dans nos exploitations ».

C'est désormais vers Bruxelles que convergent les agriculteurs, venus de toute l'Europe. Un millier de tracteurs bloquaient ainsi, ce jeudi, plusieurs rues de la capitale belge aux abords d'un Conseil européen extraordinaire, réunissant les dirigeants des Vingt-Sept. « Il y a mille tracteurs ou engins agricoles », a, en effet, confirmé un porte-parole de la police, précisant que ces agriculteurs provenaient essentiellement de Belgique. « Entre 100 et 300 tracteurs vont converger vers Bruxelles. Ils se dirigeront vers la place du Luxembourg » devant le Parlement européen jeudi matin, avait indiqué, dans un premier temps, une porte-parole de la Fédération wallonne de l'agriculture (FWA). Parmi ces manifestants des délégations d'agriculteurs français, italiens, espagnols et portugais, a précisé la FWA. « Ce sera complètement international », a insisté sa porte-parole.

De nouvelles manifestations pourraient avoir lieu en juin

Toujours en quête de nouvelles avancées, les syndicats posent plusieurs conditions pour ne pas reprendre le mouvement : de « premiers résultats » d'ici le Salon de l'agriculture (24 février-3 mars) puis l'adoption d'une loi d'orientation et d'avenir agricole ainsi que de mesures européennes d'ici le mois de juin.

« Si d'ici le mois de juin, ces marqueurs ne sont pas remplis, nous n'hésiterons pas à re-rentrer dans un mouvement de mobilisation d'ampleur générale », a déclaré Arnaud Gaillot.

Les deux responsables ont réclamé un document de synthèse mettant par écrit toutes les annonces du gouvernement. Avant le Salon de l'agriculture, « on a quinze jours pour regarder si tout ça c'est sérieux, c'est crédible, ça tient la route », a déclaré Arnaud Rousseau.

(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 02/02/2024 à 12:05
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Sur les négociations concernant l'accord avec le Mercosur, la FNSEA se doit de rester vigilante. Que déja les suds américains nourissent correctement leurs citoyens, cela est déja un minimum, ce n'est pas gagné, au lieu de conserver les mono cultures...

à écrit le 02/02/2024 à 10:27
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Comme d'hab ceux qui ne manifestent pas n'auront rien !!

le 02/02/2024 à 16:59
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Tu peux toujours louer un tracteur.

à écrit le 02/02/2024 à 7:16
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Ben voilà qui c'est qui avait raison encore une fois !? Trop facile, nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 01/02/2024 à 19:57
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"d'ici le Salon de l'agriculture (24 février-3 mars) " Un bon moyen d’entrer dans Paris en fin de compte pour les agriculteurs sans être bloqué sur une portion d’autoroute.

à écrit le 01/02/2024 à 19:53
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Je sens Darmanin un peu déçu de n’avoir pas pu utiliser son "centaure" sur les gueux ,d'autant qu'il en a acheté 90 ,faut rentabiliser ,tant pis ce sera pour la prochaine fois.

à écrit le 01/02/2024 à 19:39
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la FNSEA à reçu combien de bons postes? un peu de saupoudrage d argent 400 millions et hop les paysans à la maison grâce à ce syndicat coquines avec le pouvoir en place comme dans les ex pays communistes.

à écrit le 01/02/2024 à 18:52
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D'où il sort cet Arnaud Gaillot ? En juin cela m'étonnerai que les syndicats arrivent à mobiliser en pleine période des travaux agricoles , cultures, fenaison , moissons ...

à écrit le 01/02/2024 à 17:07
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Rien de mieux que de graisser une patte pour que cela glisse mieux ! Il ne faut surtout pas de mauvaise publicité, vaut mieux la disperser !

à écrit le 01/02/2024 à 17:07
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Rien de mieux que de graisser une patte pour que cela glisse mieux ! Il ne faut surtout pas de mauvaise publicité, vaut mieux la dispersé !

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