Comment les Hauts-de-France prennent leur destin en main

Par Fabien Piliu  |   |  795  mots
"Utilisons les outils que nous avons à notre disposition. Je suis pour un Etat fort en région. Je pense que le préfet a un rôle essentiel dans les territoires car il peut être un intermédiaire efficace avec les administrations centrales à Paris", estime le président de la région Xavier Bertrand.
Depuis 2013, le projet Rev 3 organise la troisième révolution industrielle dans le Nord-Pas-de-Calais puis dans la grande région des Hauts de France. Après une phase théorique, les premières expérimentations, les premières initiatives économiques et sociétales se développent

Les chtis n'ont pas attendu la loi NOTRe . Votée en août 2015, ce texte accorde de nouvelles compétences aux nouvelles grandes régions, notamment dans le domaine économique. Or, depuis 2013, en coordination avec le chercheur américain Jeremy Rifkin, le Nord-Pas-de-Calais a décidé de lancer sa troisième révolution industrielle dont les piliers principaux sont le développement durable, l'économie circulaire, le digital et le numérique. Ces thèmes étant transversaux, tous les secteurs économiques sont en fait concernés par cette révolution dont l'objectif est principalement de revitaliser le tissu économique et les bassins d'emplois sachant que les départements du nord de la France affichent depuis longtemps niveaux de taux de chômage parmi les plus élevés de l'Hexagone. Il oscille entre 11% et 12% de la population active depuis 2008, soit 2 points de plus en moyenne qu'en métropole.

Dans la foulée de la loi NOTRe, entrée en vigueur le 1er janvier 2016 et qui a donné naissance aux treize grandes régions métropolitaines, la Picardie a rejoint initié le Nord-Pas-de-Calais.

Plus de 700 initiatives recensées

Mille jours ou presque après le lancement de cette initiative, la Région et la Chambre de commerce et d'industrie font un premier bilan d'étape sachant que personne ne se risque à chiffrer les retombées économiques et les créations d'emplois que Rev 3 pourrait entraîner. "J'ai fait assez de politique pour ne plus prendre le risque de donner des chiffres. Il y a trop d'incertitudes et d'aléas", explique Xavier Bertrand, le président de la région qui a repris le dossier initié par Daniel Percheron, son prédécesseur à l'hôtel de Région. Selon Jeremy Rikfin, associé à la construction du projet Rev 3, celui-ci pourrait permettre la création de 167.000 emplois nets d'ici 2050.

Depuis trois ans, plus de 700 initiatives se sont inscrites dans le cadre du projet Rev 3, prises par des entreprises, des écoles, des universités, des collectifs, des associations, des particuliers. "C'est l'intérêt même du projet. Il prend en compte toutes les dimensions, qu'elles soient économiques, sociales, sociétales, environnementales. Rev 3 sera présent dans les lycées, les CFA pour mettre au point les métiers de demain", explique Philippe Vasseur, l'ancien ministre de l'agriculture aujourd'hui commissaire spécial à la revitalisation et la réindustrialisation des Hauts de France. En clair, c'est avec Rev 3 que la région espère tourner la page du textile, de la métallurgie et de lui offrir de nouvelles perspectives. Un projet qui est censé chapeauter toutes les initiatives et expériences déjà en cours. Citons, les pôles de compétitivité et autres clusters, la French tech...

Petits et grands projets

Tous les projets ne sont pas structurants. Parallèlement à la mise en place de réseaux intelligents dans le domaine électrique, de la création d'une filière de biométhanisation qui pourrait devenir la plus importante d'Europe, nombreux sont les projets lancés et appuyés ay niveau local. "Des antennes de Rev 3, qui sont en fait des guichets uniques capables de fournir des services du conseil et des solutions de financement sont installées dans les petites communes. Il est indispensable d'irriguer le territoire au maximum", indique Xavier Bertrand qui, pour que Rev 3 prenne véritablement son envol, réclame plus de latitude pour favoriser l'expérimentation.

"Nous ne demandons pas plus d'argent, plus de subventions de la part de l'Etat. Nous ne demandons pas une refonte de la loi NOTRe ou des autres textes législatifs, des réglementations sociales et sanitaires ou encore du code du travail. Nous demandons simplement que l'on puisse expérimenter certaines idées, en dérogeant temporairement à la loi ou à son interprétation. A condition que les critères liés à la sécurité, à l'hygiène, à la pénibilité soient respectés, que les compensations soient prévues, pourquoi ne pas permettre aux entreprises du secteur logistique de développer le travail de nuit. A partir de 21 heures, elles ne fonctionnent plus. Or, ce n'est pas le cas en Belgique. Résultat, nos entreprises perdent des marchés et nos territoire voient leur compétitivité reculer", explique-t-il.

Plus de pouvoir aux Régions ?

Est-il favorable à une refonte de la loi NOTRe, afin d'accorder davantage de pouvoir aux régions et gagner - grâce à des circuits courts - en efficacité ? "Une nouvelle réforme prendrait de l'énergie et du temps. Soyons efficaces. Utilisons les outils que nous avons à notre disposition. Je suis pour un Etat fort en région. Je pense que le préfet a un rôle essentiel dans les territoires car il peut être un intermédiaire efficace avec les administrations centrales à Paris", estime Xavier Bertrand.