Commerce extérieur : l'industrie aéronautique et spatiale, l'arbre qui cache la forêt

Par Fabien Piliu  |   |  427  mots
Airbus, l'un des rares champions français à l'international
Sans les performances de l'industrie aéronautique et spatiale, le déficit du commerce extérieur tricolore serait encore important. Le choc de compétitivité dont bénéficient les entreprises françaises n'a pour l'instant aucun effet sur l'export.

L'industrie française se résume-t-elle à Airbus, Dassault, Thales et les entreprises composant l'écosystème aéronautique et spatial ? A la lecture des statistiques sur le commerce extérieur publiées ce mercredi 7 octobre par les services des Douanes, on pourrait l'imaginer. En effet, cette industrie est quasiment la seule à afficher un excédent commercial conséquent. De mois en mois. En août, il a dépassé les 2,7 milliards d'euros. Très loin derrière, le secteur des parfums, des produits cosmétiques et des produits d'entretien affiche le deuxième plus gros excédent industriel. Il s'élève à 721 millions d'euros en août.

L'arbre qui cache la forêt

Sans l'excédent dégagé par l'industrie aéronautique et spatial, le déficit commercial n'aurait pas atteint 3 milliards d'euros en août mais le double !

Expliquer l'importance cruciale de cette industrie pour la balance commerciale française est assez simple. Parmi les membres industriels du CAC 40, elle est l'une des rares à n'avoir pas délocalisé une partie importante de sa production à l'étranger. Un exemple : même si certains appareils d'Airbus sont construits en Chine ou aux Etats-Unis - dans le cadre de transferts technologiques prévus par les contrats commerciaux ou pour tirer parti des avantages liés à une implantation en zone dollar - la majorité des Airbus sortent encore des chaînes de production françaises.

Ce n'est pas le cas des voitures fabriquées par Renault ou par le groupe PSA. Un tiers seulement des véhicules siglés du losange ou marqués du lion sont fabriqués en France. Ces délocalisations expliquent pourquoi l'industrie ne représente plus que 19% du PIB tricolore, contre 31% au début des années 80.

Une fenêtre de tir pourtant favorable

Les performances de l'industrie aéronautique et spatiale cachent donc les difficultés du tissu économique à se projeter hors des frontières hexagonales. C'est indéniable. Pourtant, l'environnement conjoncturel est favorable. Les conditions d'emprunt sont attractives, en raison de la faiblesse des taux d'intérêts, le prix des matières premières et notamment de celui des hydrocarbures est bas, et le niveau de l'euro face au dollar est favorable. A ces éléments exogènes s'ajoutent les mesures contenues dans le pacte de compétitivité et le pacte de responsabilité qui permettent de réduire le coût du travail en France. Il semble que tous ces facteurs n'aient pas encore d'effets. En juillet, les exportations avaient reculé de 1,7%. Elles se sont ensuite repliées de 3% en août.