Comptes publics, retraites, transition écologique, Edouard Philippe développe ses Horizons pour 2022 et au-delà

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  871  mots
Edouard Philippe lance son parti "Horizons" au Havre devant plusieurs centaines d'élus. (Crédits : Charles Platiau)
Soutien affiché d'Emmanuel Macron pour la présidentielle de 2022, l'ancien Premier ministre tente de dessiner progressivement sa propre trajectoire à droite du Président de la République. Il lance son propre parti, "Horizons", pour peser dans le débat public avec des propositions telles que le report de l'âge de la retraite avant de, peut-être, tenter sa chance en 2027.

Le lancement de son parti « Horizons », ce 9 octobre au Havre, a été l'occasion pour l'ancien Premier ministre Edouard Phillipe de présenter les grands axes qui doivent « participer à la constitution d'une nouvelle offre politique » à la droite d'Emmanuel Macron. Se disant marqué par les bouleversements démographique, écologique, géopolitique et technologique au niveau mondial, l'actuel maire de la ville normande a détaillé sa stratégie pour la France pendant près de deux heures devant un parterre composé, selon ses calculs, de plus de 160 maires et près de 600 élus locaux visiblement acquis à sa cause, ainsi que de l'ancien ministre de l'Intérieur et actuel président du groupe LaRem, Christophe Castaner.

L'ancien Premier ministre a estimé que le premier défi était de « remettre de l'ordre dans nos comptes et de l'ordre dans nos rues ». Dénonçant tour à tour l'adoption systématique de budgets déficitaires par les différents gouvernements depuis 40 ans, la croissance continue de la dette publique et l'écart grandissant avec l'Allemagne, Edouard Philippe s'est pour autant défendu de critiquer Emmanuel Macron - qu'il soutient officiellement pour 2022 - ou le gouvernement actuel. Il a ainsi assumé le « quoi qu'il en coûte », au moins le temps d'une tirade.

Après avoir cité l'ancien président du Conseil Pierre Mendès-France, « Un pays qui n'est pas capable de mettre de l'ordre dans ses comptes est un pays qui s'abandonne », Edouard Philippe est rapidement reparti à l'offensive en s'attaquant à un « terrain miné » selon ses propres mots.

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Repousser l'âge de départ à la retraite

« Le premier sujet à régler s'agissant des dépenses, c'est la question des retraites », a lancé celui qui aura 51 ans le mois prochain. Reprenant un argumentaire déjà développé dans un entretien au magazine Challenges fin septembre, il a rappelé qu'il s'agissait du premier poste de dépense publique avec près de 330 milliards d'euros par an et que le ratio était passé de 5 actifs pour un retraité en 1950, à 2,7 pour 1 aujourd'hui, et 1,8 pour 1 en 2050.

Edouard Philippe a réclamé une modernisation et une uniformisation du système de retraite, pour équilibrer et rendre plus juste ce qu'il considère comme une « formidable richesse nationale ». Il a ainsi réaffirmé la nécessité selon lui d'allonger la durée de cotisation, avec un report de l'âge de départ à la retraite à « 65, 66, 67 ans... ». L'ancien Premier ministre en a profité pour défendre la mesure de l'âge pivot, qui était un temps au cœur de la réforme des retraites porté par son gouvernement suspendue en mars 2020 avec la crise sanitaire.

Sujet sensible, la réforme des retraites promise par le président Emmanuel Macron est au point mort, malgré les annonces faites cet été par le Président de la République, et nul ne sait si sa mise en œuvre interviendra avant la présidentielle d'avril prochain. Successeur d'Edouard Philippe à Matignon, Jean Castex a pour sa part déclaré début septembre que les conditions n'étaient « toujours pas réunies » pour l'engager.

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La place du nucléaire dans la transition écologique

Tout en concédant être arrivé « tard » dans le débat de la transition écologique, l'ancien Premier ministre a admis que le chemin n'était pas encore entièrement tracé pour se montrer à la hauteur des enjeux sans passer par davantage de contraintes, voire de la décroissance, concept qu'il entend mais ne partage pas du tout. En attendant de trancher pleinement ces questions, Edouard Philippe a affiché deux objectifs prioritaires : « la préservation des ressources et la décarbonation de l'économie ».

Le maire du Havre a également posé la question, inévitable, du rôle du nucléaire dans la décarbonation de l'économie : « Je ne crois pas que le nucléaire soit la solution à la politique énergétique à la transition que nous connaissons, mais je suis certain qu'il n'y a pas de solution à court terme sans le nucléaire. » Le nucléaire doit donc, selon lui, conserver une part importante dans le mix énergétique aux côtés des énergies renouvelables.

L'élu normand a appelé à ouvrir le débat sur la construction de nouvelles centrales avant même la présidentielle de 2022. Le site de Penly, à 100 kilomètres du Havre, a d'ailleurs été sélectionné pour accueillir la première paire de réacteurs nucléaires de nouvelle génération, dits « EPR 2 », en attente de validation par l'exécutif. Celle-ci a été repoussée à 2023 par Emmanuel Macron, une fois l'EPR de Flamanville mis en service.

Edouard Philippe a enfin estimé qu'il fallait réfléchir à la transformation de l'agriculture dans les vingt à trente prochaines années pour définir un nouveau modèle et éviter que l'agriculture française ne suive « la même pente que la sidérurgie française ».

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