Sur le dossier épineux de la réforme des retraites, le gouvernement multiplie les volte-face. "Il faudra de toutes façons qu'on bouge. Après, il ne faut pas le faire tout de suite", a-t-il dit, lors d'un bain de foule à la foire "Terres de Jim" à Corbières-en-Provence. Depuis le mois de juin et la levée des mesures sanitaires les plus drastiques, le chef de l'Etat a voulu rouvrir le sujet de la "mère des réformes" en distillant des messages semant le trouble lors de ses déplacements. Alors que l'élection présidentielle approche à grand pas, le gouvernement va se retrouver face à un agenda de plus en plus serré pour mettre en place un tel chantier. Surtout, la plupart des syndicats sont dernièrement montés au front pour manifester leur opposition à la mise en oeuvre de cette réforme avant le scrutin.
D'autres priorités
"Il faudra le faire en écoutant tout le monde. Et puis là, on a d'autres priorités, quand même", avec l'épidémie du Covid et la relance économique à mener, a estimé le chef de l'Etat, ajoutant: "on va faire ça quand on tombera les masques, si je puis dire". "Ne vous faites pas de la bile avec tout ça", a-t-il insisté, "il faut qu'on soit intelligent collectivement" pour "trouver le bon système pour sauver nos retraites."
"Si on se dit les choses en vérité, on vit de plus en plus longtemps, on étudie de plus en plus longtemps. Et qui est-ce qui finance les retraites ? C'est les gens qui travaillent. Comment on va faire pour avoir les même retraites ?", a-t-il insisté. "Il faut trouver le bon système pour garder les retraites" mais "pas demander des choses impossibles aux gens qui travaillent", a-t-il conclu.
Les conditions pas réunies
Le Premier ministre Jean Castex avait déclaré dès mercredi, à l'issue d'un séminaire gouvernemental présidé par Emmanuel Macron, que les conditions pour relancer la réforme des retraites - pandémie sous contrôle et reprise économique solide - n'étaient "à ce jour toujours pas réunies".
Même si cette réforme "est une nécessité absolue" pour rétablir l'équilibre du système, "nous avons l'impérieux devoir de favoriser au maximum l'unité du pays", avait-il ajouté, en allusion à l'opposition des syndicats et aux réticences sur cette réforme jusque dans les rangs de la majorité, à quelques mois de la présidentielle 2022.
L'hypothèse d'une relance de la réforme des retraites avait resurgi en début de semaine dernière. M. Macron aurait l'intention de "supprimer les régimes spéciaux de retraite et instaurer le minimum de pension à 1.000 euros" avant la fin de son mandat.