Crise des éleveurs : à Dijon, Hollande défend des mesures structurelles

Par latribune.fr  |   |  612  mots
Le plan gouvernemental a suscité des réactions très mitigées. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a annoncé que les éleveurs préparaient de "nouveaux mouvements dans les deux ou trois jours qui viennent". La colère doit "pouvoir s'exprimer", a-t-il dit, tout en appelant à la "pondération sur le terrain".
Jeudi matin, François Hollande s'est déplacé dans l'urgence à Dijon pour rencontrer les organisations professionnelles agricoles, et tenter de les rassurer. Mais les propositions peinent à convaincre, et les blocages se poursuivent dans plusieurs régions.

Cette fois, c'est François Hollande en personne qui tente de calmer le jeu. Ce jeudi 23 juillet au matin, il s'est rendu expressément à Dijon, en Côte d'Or, pour rencontrer des représentants des organisations professionnelles agricoles (Fédération nationale bovine, FDSEA et Jeunes Agriculteurs).

À sa sortie, il a repris les principaux points des annonces faites par Manuel Valls et Stéphane Le Foll à l'occasion de la présentation du plan d'urgence pour les éleveurs hier à Paris. Pour rappel, il prévoit un déblocage de 600 millions d'euros :

"Des mesures d'urgence ont été prises. Elles sont indispensables. Je pense notamment aux allègement de charges, également à la restructuration de la dette, pour notamment des jeunes qui sont eux-mêmes en difficulté", a-t-il détaillé.

Des prix à la hausse, mais avec des engagements des deux camps

En sus de ces mesures d'urgence, François Hollande demande une action sur les prix des productions "porcines, bovines et d'autres encore". Il a assuré que la distribution devait produire "l'effort indispensable", mais que les abatteurs et les transformateurs doivent également "rendre des comptes" pour aboutir à une hausse des prix de la viande et du lait.

De son côté, Manuel Valls, invité de RTL ce jeudi matin, a lancé un appel à la "responsabilité" des "abatteurs" et des "industriels", estimant qu''il était "essentiel que les prix augmentent dans les filières du boeuf". Une demande qui reprend les conclusions du rapport du médiateur des relations sociales agricoles remis mardi au ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.

Des cantines "100%" françaises

Hier, le Premier ministre avait également plaidé pour la généralisation de l'approvisionnement local pour la restauration collective de l'Etat. Un point sur lequel le président est revenu ce matin :

"Il y a encore dans les cantines deux tiers de l'approvisionnement qui ne vient pas de France. Il s'agit de respecter les règles européennes mais aussi de faire en sorte qu'il puisse y avoir des approvisionnements qui soutiennent la filière animale, c'est-à-dire les agriculteurs de France".

Compétitivité, et allègement des contraintes administratives

Si Hollande a rappelé que des mesures d'urgence (allègement des charges, restructuration de la dette) ont été décidées hier pour voler au secours du monde agricole, le gouvernement vise aussi la mise en place de mesures structurelles.

Parmi les "mesures structurelles", "la contractualisation et la compétitivité sont des éléments essentiels", a martelé le président.

Tout le gouvernement est engagé pour qu'il puisse y avoir des contrats qui soient davantage respectés qu'ils ne le sont aujourd'hui entre les producteurs, les transformateurs et la distribution", a ainsi détaillé le chef de l'Etat qui entend "améliorer la compétitivité de nos exploitations et alléger les contraintes administratives qui sont trop lourdes et deviennent même insupportables".

"Made in France" dans le monde

Il souhaite aussi faire la promotion de l'agriculture "made in France" dans le monde, et a glissé qu'il se rendrait en Chine en novembre pour soutenir la production laitière hexagonale. Par ailleurs, ses ministres devront désormais mener des actions "auprès d'autres pays pour que nos produits soient davantage valorisés". Mercredi, le gouvernement a d'ailleurs annoncé que dix millions d'euros seront mobilisés pour promouvoir les productions françaises à l'export.

Enfin, Hollande a fait savoir que la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal va "dès aujourd'hui prendre un certain nombre d'arrêtés pour permettre que cette transition écologique soit utile et profitable aux agriculteurs". Mercredi soir, après de nombreux mois de discussions parfois houleuses, le Parlement a adopté définitivement  la loi sur la "transition énergétique".