Déconfinement, reprise : ce qu'en pensent Roux de Bézieux, Berger et Bertrand

Par latribune.fr avec AFP  |   |  905  mots
Au premier plan: le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, et au second plan à gauche, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. (Crédits : Charles Platiau)
Invités de RTL, de France 3 et de BFM, le président du Medef, le secrétaire général de la CFDT et le président de la région Hauts-de-France se sont exprimés sur la sortie de crise.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a plaidé dimanche pour une accélération du déconfinement afin de sauver l'emploi "s'il se confirme que la pandémie est sous contrôle", lors d'une émission sur RTL.

Lire aussi : Déconfinement : après le Medef, Le Maire veut lui aussi accélérer le mouvement pour relancer la machine économique


"S'il se confirme que la pandémie est sous contrôle, oui il faut accélérer le déconfinement parce que chaque jour, chaque semaine coûte à l'économie, et que plus vite on déconfinera, plus vite on repartira travailler, consommer, voyager, plus vite on sauvera l'emploi"
, a déclaré M. Roux de Bézieux, quelques heures avant une allocution du président de la République Emmanuel Macron.

"Chaque jour compte", a souligné le président du Medef, interrogé dans l'émission Le Grand Jury. "J'entends le conseil scientifique qui dit +ça y est la pandémie est sous contrôle+ (...) alors allons-y".
"Il y a un petit côté morphine avec tous ces systèmes d'aides" mis en place pour soutenir l'économie dans la crise, a-t-il ajouté. "Chaque jour on s'endette, chaque jour on dépense de l'argent. Il faut sortir de la perfusion le plus vite possible".

"Il faut des engagements" pour l'emploi

Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a, lui, prévenu sur France 3 que le nouveau dispositif d'activité partielle devait être accompagné pour l'employeur d'engagements en termes de maintien de l'emploi.

"Il faut des engagements en termes de maintien de l'emploi (...) Il faudra que ce soit dans la loi", a-t-il invité. "C'est absolument indispensable pour éviter que (les entreprises, NDLR) bénéficient d'aides publiques et en même temps détruisent les emplois un peu trop facilement, même ceux qui pourraient être sauvegardés", a expliqué le dirigeant, qui était l'invité de l'émission Dimanche en politique.

Lire aussi : Fermeture de Renault-Sandouville: Berger fustige la position de la CGT


Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a ouvert la semaine dernière une concertations avec les organisations syndicales et patronales pour discuter d'un nouveau dispositif d'activité partielle, différent de celui mis en place au début du confinement pour éviter les suppressions de postes, et dont le principe a été adopté mercredi par le Parlement.

Laurent Berger a raillé le nom de ce futur dispositif, "activité réduite pour le maintien en emploi", dont l'acronyme donne "Arme". "Appeler un dispositif +Arme+, ça me laisse totalement pantois. Je préfère appeler ça activité partielle de longue durée. Dans le contexte, je ne trouve pas ça très malin", a-t-il dit.

"Zéro charges" salariales et patronales pour les jeunes

De son côté, Xavier Bertrand, président (ex-LR) de la région Hauts-de-France, a plaidé sur BFMTV pour que, face à la crise économique et sociale, l'Etat mette en place un dispositif "zéro charges" pour la première embauche d'un jeune en CDI.

"La priorité", ce sont les jeunes, a-t-il déclaré en demandant "que l'Etat, pendant un certain nombre de mois, prenne en charge les charges et qu'on puisse avoir zéro charges pour un jeune qui serait recruté en CDI". Il a précisé qu'il visait "l'ensemble des charges, qu'elles soient salariales ou patronales".

Xavier Bertrand a par ailleurs dénoncé le "chantage" de la "modération salariale" proposée parfois pour la sauvegarde de l'emploi dans certaines entreprises.

"Ceux qui proposent ça sont des inconscients (...) Quand vous entendez un ministre ou un chef d'entreprise" avancer ces arguments, on a "envie de lui dire +eh coco, tu prends ma place et ma paye pendant six mois, tu retournes (ensuite) à la télé et on verra si t'es d'accord pour la modération salariale+". "La modération salariale, c'est impensable et puis c'est toujours pour les petits salaires. Je me battrai contre de telles décisions. Non seulement c'est une faute morale mais c'est un erreur économique" car "si les gens ont moins, ils ne vont pas pouvoir dépenser", a-t-il ajouté.

Du rôle de "pompier" à celui "d'architecte"

S'agissant du "plan de relance" de l'exécutif, M. Bertrand a estimé qu'il fallait plutôt parler de "plan de sauvetage" et de "reconstruction". "Et là, très clairement, ce n'est pas le mois de septembre qu'il faut attendre" pour le mettre en oeuvre. "Quand l'Etat a joué les pompiers, il a plutôt bien fait le job", a-t-il souligné, saluant au passage "le travail" du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Mais désormais, ce n'est "plus un rôle de pompier qu'il faut jouer" mais "d'architecte". "Pour sauver notre économie, il faut faire bosser ensemble les très grandes entreprises et les plus petites. Il nous faut des plans pour les cols bleus aussi".

M. Bertrand a en outre demandé l'abandon pur et simple de la réforme de l'assurance chômage. "Ce serait une erreur sans nom" de la maintenir. "Cette réforme-là ne peut pas voir le jour. Vous allez précariser les Français" alors qu'aujourd'hui, "il faut sauver l'économie et protéger les gens". Même verdict pour la réforme des retraites préparée par le gouvernement, sans "courage" ni "justice" et qui "ne répond pas aux enjeux d'aujourd'hui".

Lire aussi : Retraites : le gouvernement doit avoir le courage d'aller jusqu'à 65 ans, juge Xavier Bertrand